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“Carmen” by Georges Bizet libretto (French)
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte |
La taverne de Lillas Pastia (Carmen, Mercédès, Frasquita, le lieutenant Zuniga, Moralès et un lieutenant. C 'est la fin d'un dîner. La table est en désordre. Les officiers et les bohémiennes fument des cigarettes. Deux bohémiens râclent de la guitare dans un coin de la taverne et deux bohémiennes, au milieu de la scène, dansent. Carmen est assise, regardant danser les bohémiennes. Un officier lui parle bas, mais elle ne fait aucune attention à lui. Elle se lève tout à coup et se met à chanter.) N° 11 Chanson bohème CARMEN Les tringles des sistres tintaient avec un éclat métallique, et sur cette étrange musique les zingarellas se levaient. Tambours de basque allaient leur train, et les guitares forcenées grinçaient sous des mains obstinées, même chanson, même refrain. Tralalalala... (Sur le refrain les bohémiennes dansent. Mercédès et Frasquita reprennent avec Carmen le : Tralalalala.) Les anneaux de cuivre et d'argent reluisaient sur les peaux bistrées ; d'orange et de rouge zébrées les étoffes flottaient au vent. La danse au chant se mariait, |
d'abord indécise et timide, plus vive ensuite et plus rapide, cela montait, montait, montait ! Tralalalala... Les bohémiens à tour de bras de leurs instruments faisaient rage, et cet éblouissant tapage, ensorcelait les zingaras ! Sous le rythme de la chanson, ardentes, folles, enfiévrées, elles se laissaient, enivrées, emporter par le tourbillon ! Tralalalala... Récitative FRASQUITA Messieurs, Pastia me dit... ZUNIGA Que nous veut-il encore, maître Pastia ? FRASQUITA Il dit que le corrégidor veut que l'on ferme l'auberge. ZUNIGA Eh bien, nous partirons. Vous viendrez avec nous. FRASQUITA Non pas ! nous, nous restons. ZUNIGA Et toi, Carmen, tu ne viens pas ? |
Écoute ! Deux mots dits tout bas: tu m'en veux. CARMEN Vous en vouloir ! pourquoi ? ZUNIGA Ce soldat, l'autre jour, emprisonné pour toi... CARMEN Qu'a-t-on fait de ce malheureux ? ZUNIGA Maintenant il est libre ! CARMEN Il est libre ! tant mieux. Bonsoir, messieurs nos amoureux ! CARMEN, FRASQUITA et MERCÉDÈS Bonsoir, messieurs nos amoureux ! N° 12 Chœur CHŒUR (en dehors) Vivat ! vivat le Toréro ! Vivat ! vivat Escamillo ! ZUNIGA Une promenade aux flambeaux ! C'est le vainqueur des courses de Grenade. (Escamillo paraît.) Voulez-vous avec nous boire, mon camarade? |
À vos succès anciens, à vos succès nouveaux ! CHŒUR Vivat ! vivat le Toréro ! Vivat ! vivat Escamillo ! N° 13 Couplets (Chanson du toréro) ESCAMILLO Votre toast, je peux vous le rendre, señors, señors, car avec les soldats, oui, les toréros peuvent s'entendre, pour plaisirs ils ont les combats ! Le cirque est plein, c'est jour de fête, le cirque est plein du haut en bas. Les spectateurs perdant la tête. Les spectateurs s'interpellent à grand fracas ! Apostrophes, cris et tapage poussés jusques à la fureur ! Car c'est la fête des gens du courage ! c'est la fête des gens de cœur ! Allons ! en garde ! ah ! Toréador, en garde ! Et songe bien, oui, songe en combattant, qu'un œil noir te regarde et que l'amour t'attend ! Toréador, l'amour t'attend ! TOUT LE MONDE Toréador, en garde ! etc. (Carmen remplit le verre d'Escamillo.) ESCAMILLO Tout d'un coup, on fait silence, |
on fait silence, ah ! que se passe-t-il ? Plus de cris, c'est l'instant ! Le taureau s'élance en bondissant hors du toril ! Il s'élance ! Il entre, il frappe ! Un cheval roule, entraînant un picador ! « Ah ! bravo Toro ! » hurle la foule ; le taureau va, il vient, il vient et frappe encore ! En secouant ses banderilles, plein de fureur, il court ! Le cirque est plein de sang ! On se sauve, on franchit les grilles. C'est ton tour maintenant ! Allons ! en garde ! ah ! Toréador, en garde ! etc. TOUT LE MONDE Toréador, en garde ! etc. Récitative (On boit, on échange des poignées de main avec le Toréro. Les officiers commencent à se préparer à partir. Escamillo se trouve près de Carmen.) ESCAMILLO La belle, un mot : comment t'appelle-t-on ? Dans mon premier danger je veux dire ton nom. CARMEN Carmen, Carmencita ! Cela revient au même ! ESCAMILLO Si l'on te disait que l'on t'aime ?... |
CARMEN Je répondrais qu'il ne faut pas m'aimer. ESCAMILLO Cette réponse n'est pas tendre ; je me contenterai d'espérer et d'attendre. CARMEN Il est permis d'attendre, il est doux d'espérer. ZUNIGA Puisque tu ne viens pas, Carmen, je reviendrai. CARMEN Et vous aurez grand tort ! ZUNIGA Bah ! je me risquerai ! (Exit Zuniga et Escamillo. Le Dancaïre et Le Remendado entrent.) Récitative FRASQUITA Eh bien ! vite, quelles nouvelles ? LE DANCAÏRE Pas trop mauvaises les nouvelles, et nous pouvons encore faire quelques beaux coups! Mais nous avons besoin de vous. |
FRASQUITA, MERCÉDÈS et CARMEN Besoin de nous ? LE DANCAÏRE Oui, nous avons besoin de vous. N°. 14 Quintette Nous avons en tête une affaire. MERCÉDÈS et FRASQUITA Est-elle bonne, dites-nous ? LE DANCAÏRE et LE REMENDADO Elle est admirable, ma chère ; mais nous avons besoin de vous. TOUS LE CINQ De nous ? etc. De vous ! etc. LE DANCAÏRE et LE REMENDADO Car nous l'avouons humblement, et fort respectueusement : quand il s'agit de tromperie, de duperie, de volerie, il est toujours bon, sur ma foi, d'avoir les femmes avec soi. Et sans elles, mes toutes belles, on ne fait jamais rien de bien ! FRASQUITA, MERCÉDÈS et CARMEN Quoi ! sans nous jamais rien de bien ? |
LE DANCAÏRE et LE REMENDADO N'êtes-vous pas de cet avis ? FRASQUITA, MERCÉDÈS et CARMEN Si fait, je suis de cet avis. Si fait, vraiment je suis. TOUS LES CINQ Quand il s'agit de tromperie, etc. LE DANCAÏRE C'est dit alors ; vous partirez ? FRASQUITA et MERCÉDÈS Quand vous voudrez. LE DANCAÏRE Mais tout de suite. CARMEN Ah ! permettez ! S'il vous plaît de partir, partez, mais je ne suis pas du voyage. Je ne pars pas, je ne pars pas ! LE DANCAÏRE et LE REMENDADO Carmen, mon amour, tu viendras - CARMEN Je ne pars pas ; je ne pars pas ! LE DANCAÏRE et LE REMENDADO Et tu n'auras pas le courage de nous laisser dans l'embarras. |
FRASQUITA et MERCÉDÈS Ah ! ma Carmen, tu viendras. CARMEN Je ne pars pas, etc. LE DANCAÏRE Mais, au moins la raison, Carmen, tu la diras. TOUS LES QUATRE La raison, la raison ! CARMEN Je la dirai certainement. TOUS LES QUATRE Voyons ! Voyons ! CARMEN La raison, c'est qu'en ce moment... TOUS LES QUATRE Eh bien ? Eh bien ? CARMEN Je suis amoureuse ! LE DANCAÏRE et LE REMENDADO (stupéfaits) Qu'a-t-elle dit ? FRASQUITA et MERCÉDÈS Elle dit qu'elle est amoureuse ! |
TOUS LES QUATRE Amoureuse ! CARMEN Oui, amoureuse ! LE DANCAÏRE Voyons, Carmen, sois sérieuse ! CARMEN Amoureuse à perdre l'esprit ! LE DANCAÏRE et LE REMENDADO La chose, certes, nous étonne, mais ce n'est pas le premier jour où vous aurez su, ma mignonne, faire marcher de front le devoir et l'amour. CARMEN Mes amis, je serais fort aise de partir avec vous ce soir ; mais cette fois ne vous déplaise, il faudra que l'amour passe avant le devoir. LE DANCAÏRE Ce n'est pas là ton dernier mot ? CARMEN Absolument ! LE REMENDADO Il faut que tu te laisses attendrir. TOUS LES QUATRE Il faut venir, Carmen, il faut venir ! |
Pour notre affaire, c'est nécessaire, car entre nous... CARMEN Quant à cela, je l'admets avec vous... TOUS LES CINQ (reprise) Quand il s'agit de tromperie, etc. Récitative LE DANCAÏRE Mais qui donc attends-tu ? CARMEN Presque rien, un soldat qui l'autre jour pour me rendre service s'est fait mettre en prison. LE REMENDADO Le fait est délicat. LE DANCAÏRE Il se peut qu'après tout ton soldat réfléchisse. Es-tu bien sûre qu'il viendra ? |
N°15 Chanson JOSÉ (voix très éloignée) Halte là ! Qui va là ? Dragon d'Alcala ! CARMEN Écoutez ! JOSÉ Où t'en vas-tu par là, Dragon d'Alcala ? CARMEN Le voilà ! JOSÉ Moi, je m'en vais faire mordre la poussière à mon adversaire. - S'il en est ainsi, passez, mon ami. Affaire d'honneur, affaire de cœur ; pour nous tout est là, Dragons d'Alcala ! FRASQUITA C'est un beau dragon ! MERCÉDÈS Un très beau dragon ! LE DANCAÏRE - Qui serait pour nous un fier compagnon. |
LE REMENDADO Dis-lui de nous suivre. CARMEN Il refusera. LE DANCAÏRE Mais, essaye, au moins. CARMEN Soit ! on essayera. (Le Remendado se sauve et sort. Le Dancaïre le poursuit et sort à son tour entraînant Mercédès et Frasquita.) JOSÉ (la voix beaucoup plus rapprochée) Halte là ! Qui va là ? Dragon d'Alcala ! Où t'en vas-tu par là, Dragon d'Alcala ? - Exact et fidèle, je vais où m'appelle l'amour de ma belle ! - S'il en est ainsi, passez, mon ami. Affaire d'honneur, affaire de cœur, pour nous tout est là, Dragons d'Alcala ! (Entre Don José.) Récitative |
CARMEN Enfin c'est toi ! JOSÉ Carmen ! CARMEN Et tu sors de prison ? JOSÉ J'y suis resté deux mois. CARMEN Tu t'en plains ? JOSÉ Ma foi, non ! Et si c'était pour toi, j'y voudrais être encore. CARMEN Tu m'aimes donc ? JOSÉ Moi, je t'adore ! CARMEN Vos officiers sont venus tout à l'heure, ils nous ont fait danser. JOSÉ Comment, toi ? CARMEN Que je meure si tu n'es pas jaloux ! |
JOSÉ Eh oui, je suis jaloux ! N° 16 Duo CARMEN Tout doux, Monsieur, tout doux. Je vais danser en votre honneur, et vous verrez, seigneur, comment je sais moi-même accompagner ma danse ! Mettez-vous là, Don José, je commence ! (Elle fait asseoir Don José dans un coin du théâtre. Petite danse, Carmen, du bout des lèvres, fredonne un air qu'elle accompagne avec ses castagnettes. Don José la dévore des yeux. On entend au loin des clairons qui sonnent la retraite. Don José prête l'oreille. Il s'approche de Carmen, et l'oblige à arrêter.) JOSÉ Attends un peu, Carmen, rien qu'un moment, arrête ! CARMEN Et pourquoi, s'il te plaît ? JOSÉ Il me semble, là-bas... oui, ce sont nos clairons qui sonnent la retraite ! Ne les entends-tu pas ? CARMEN Bravo ! Bravo ! J'avais beau faire ; |
il est mélancolique de danser sans orchestre. Et vive la musique qui nous tombe du ciel ! (Elle reprend sa chanson. La retraite approche, passe sous les fenêtres de l'auberge, puis s'éloigne.) JOSÉ Tu ne m'as pas compris, Carmen, c'est la retraite ; il faut que moi, je rentre au quartier pour l'appel. CARMEN Au quartier ! pour l'appel ! Ah ! j'étais vraiment trop bête ! Je me mettais en quatre et je faisais des frais, oui, je faisais des frais pour amuser monsieur ! Je chantais ! Je dansais ! Je crois, Dieu me pardonne, qu'un peu plus, je l'aimais ! Taratata ! C'est le clairon qui sonne ! Taratata ! Il part ! il est parti ! Va-t'en donc, canari ! (avec fureur lui envoyant son shako à la volée) Tiens ; prends ton shako, ton sabre, ta giberne ; |
et va-t'en, mon garçon, va-t'en ! Retourne à ta caserne ! JOSÉ C'est mal à toi, Carmen, de te moquer de moi ! Je souffre de partir, car jamais femme, jamais femme avant toi, aussi profondément n'avait troublé mon âme ! CARMEN « Taratata, mon Dieu ! c'est la retraite ! Taratata, je vais être en retard ! » Il court, il perd la tête, et voilà son amour ! JOSÉ Ainsi, tu ne crois pas à mon amour ? CARMEN Mais non ! JOSÉ Eh bien ! tu m'entendras ! CARMEN Je ne veux rien entendre ! JOSÉ Tu m'entendras ! CARMEN Tu vas te faire attendre ! JOSÉ Tu m'entendras ! Carmen ! |
CARMEN Non ! non ! non ! non ! JOSÉ Oui, tu m'entendras ! Je le veux ! Carmen, tu m'entendras ! (Il va chercher sous sa veste d'uniforme la fleur de cassie que Carmen lui a jetée au premier acte.) La fleur que tu m'avais jetée, dans ma prison m'était restée. Flétrie et sèche, cette fleur gardait toujours sa douce odeur ; et pendant des heures entières, sur mes yeux, fermant mes paupières, de cette odeur je m'enivrais et dans la nuit je te voyais ! Je me prenais à te maudire, à te détester, à me dire : pourquoi faut-il que le destin l'ait mise là sur mon chemin ? Puis je m'accusais de blasphème, et je ne sentais en moi-même, je ne sentais qu'un seul désir, un seul désir, un seul espoir : te revoir, ô Carmen, oui, te revoir ! Car tu n'avais eu qu'à paraître, qu'à jeter un regard sur moi, pour t'emparer de tout mon être, ô ma Carmen ! et j'étais une chose à toi ! Carmen, je t'aime ! |
CARMEN Non, tu ne m'aimes pas ! JOSÉ Que dis-tu ? CARMEN Non, tu ne m'aimes pas, non ! Car si tu m'aimais, là-bas, là-bas, tu me suivrais. JOSÉ Carmen ! CARMEN Oui ! - Là-bas, là-bas, dans la montagne, là-bas, là-bas, tu me suivrais. Sur ton cheval tu me prendrais, et comme un brave à travers la campagne, en croupe, tu m'emporterais ! Là-bas, là-bas dans la montagne ! JOSÉ Carmen ! CARMEN Là-bas, là-bas, tu me suivrais, si tu m'aimais ! Tu n'y dépendrais de personne ; point d'officier à qui tu doives obéir |
et point de retraite qui sonne pour dire à l'amoureux qu'il est temps de partir ! Le ciel ouvert, la vie errante, pour pays l'univers ; et pour loi sa volonté, et surtout la chose enivrante : la liberté ! la liberté ! JOSÉ Mon Dieu ! CARMEN Là-bas, là-bas dans la montagne, etc. JOSÉ Ah! Carmen, hélas ! tais-toi ! pitié ! CARMEN Oui, n'est-ce pas, là-bas, là-bas, tu me suivras, tu m'aimes et tu me suivras ! Là-bas, là-bas, emporte-moi ! JOSÉ Ah ! tais-toi, tais-toi ! Non ! Je ne veux plus t'écouter ! Quitter mon drapeau...déserter... c'est la honte, c'est l'infamie ! Je n'en veux pas ! CARMEN Eh bien, pars ! JOSÉ Carmen, je t'en prie ! |
CARMEN Non ! je ne t'aime plus ! JOSÉ Écoute ! CARMEN Va ! je te hais ! Adieu ! mais adieu pour jamais ! JOSÉ Eh bien, soit - adieu, adieu pour jamais ! CARMEN Va-t'en ! JOSÉ Carmen ! adieu ! adieu pour jamais ! CARMEN Adieu ! (Don José va en courant jusqu'à la porte ; au moment où il y arrive, on frappe.) N° 17 Finale ZUNIGA (au dehors) Holà Carmen ! Holà ! Holà ! JOSÉ Qui frappe ? qui vient là ? CARMEN Tais-toi ! Tais-toi ! |
ZUNIGA (faisant sauter la porte) J'ouvre moi-même et j'entre. (voit Don José - à Carmen) Ah ! fi, ah ! fi, la belle ! Le choix n'est pas heureux ; c'est se mésallier de prendre le soldat quand on a l'officier. (à Don José) Allons ! Décampe ! JOSÉ Non ! ZUNIGA Si fait, tu partiras ! JOSÉ Je ne partirai pas ! ZUNIGA (le frappant) Drôle ! JOSÉ (sautant sur son sabre) Tonnerre ! il va pleuvoir des coups ! CARMEN (se jetant entre eux deux) Au diable le jaloux ! (appelant) À moi ! à moi ! (Les bohémiens paraissent de tous les côtés. Carmen d'un geste montre Zuniga aux bohémiens. Le Dancaïre et Le Remendado se jettent sur lui, le désarment.) |
CARMEN Rel officier ! Rel officier, l'amour vous joue en ce moment un assez vilain tour. Vous arrivez fort mal, hélas ! et nous sommes forcés, ne voulant être dénoncés, de vous garder au moins...pendant une heure. LE DANCAÏRE et LE REMENDADO Mon cher monsieur, nous allons, s'il vous plaît, quitter cette demeure ; vous viendrez avec nous ? CARMEN C'est une promenade. LE DANCAÏRE et LE REMENDADO Consentez-vous ? TOUS LES BOHÉMIENS Répondez, camarade. ZUNIGA Certainement, d'autant plus que votre argument est un de ceux auxquels on ne résiste guère, mais gare à vous ! Gare à vous plus tard ! LE DANCAÏRE La guerre, c'est la guerre ! En attendant, mon officier, passez devant sans vous faire prier ! LE REMENDADO et LES BOHÉMIENS Passez devant sans vous faire prier ! |
(L'officier sort, emmené par quatre bohémiens, le pistolet à la main.) CARMEN (à Don José) Es-tu des nôtres maintenant ? JOSÉ Il le faut bien. CARMEN Ah ! le mot n'est pas galant, mais qu'importe, va, tu t'y feras quand tu verras comme c'est beau, la vie errante ; pour pays, l'univers, et pour loi sa volonté, et surtout, la chose enivrante : la liberté ! la liberté ! TOUS (à Don José) Suis-nous à travers la campagne, viens avec nous dans la montagne, suis-nous et tu t'y feras quand tu verras, là-bas, comme c'est beau, la vie errante ; pour pays, l'univers, et pour loi, sa volonté ! Et surtout, la chose enivrante : la liberté ! la liberté ! Le ciel ouvert, la vie errante, pour pays tout l'univers ; pour loi sa volonté, et surtout la chose enivrante : la liberté, la liberté ! Entracte |
libretto by Henri Meilhac, Ludovic Halévy |
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte |