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“Die Zauberflöte” by Wolfgang Amadeus Mozart libretto (French)
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte |
La scène est un endroit rocheux parsemé d’arbres ; de chaque côté se dressent des collines aux sentiers franchissables, on aperçoit aussi qu’un temple circulaire. (À droite, Tamino descend d’un rocher, vêtu d’un somptueux habit de chasse japonais ; il porte un arc mais n’a pas de flèches ; un serpent le poursuit.) N°1 : Introduction TAMINO À l’aide, à l’aide, ou je suis perdu ! Malheureuse victime du perfide serpent ! Dieux cléments, voilà qu’il approche ! Ah ! sauvez-moi, protégez-moi ! (Il s’évanouit ; aussitôt, la porte du temple s’ouvre et trois dames voilées s’approchent, tenant chacune une lance d’argent à la main.) LES TROIS DAMES Meurs, monstre terrible, par notre pouvoir ! |
Victoire, victoire ! l’exploit est accompli, Tamino est libéré grâce à l’audace de notre bras ! PREMIÈRE DAME (l’observant) Ah ! charmant jouvenceau, doux et beau... DEUXIÈME DAME Oui, beau comme jamais je n’en vis ! TROISIÈME DAME Oui, oui, beau comme une image ! TOUTES LES TROIS S’il fallait consacrer mon cœur à l’amour, je le ferais pour ce garçon. Hâtons-nous auprès de notre Reine, afin de lui porter cette nouvelle. Peut-être ce beau jouvenceau pourra-t-il lui rendre sa sérénité de jadis. PREMIÈRE DAME Allez donc et dites-le lui, je resterai ici entre temps ! DEUXIÈME DAME Non, non, allez-y vous-mêmes, c’est moi qui veillerai sur lui ! TROISIÈME DAME Non, non, cela ne se peut, moi seule veux le protéger ! PREMIÈRE DAME Je resterai ici entre temps... |
DEUXIÈME DAME C’est moi qui veillerai sur lui... TROISIÈME DAME Moi seule veux le protéger... PREMIÈRE DAME ... je resterai... DEUXIÈME DAME ... c’est moi qui veillerai... TROISIÈME DAME ... je veux le protéger... PREMIÈRE DAME ... moi ! DEUXIÈME DAME ... moi ! TROISIÈME DAME ... moi ! TOUTES LES TROIS (à part) Il faudrait que je parte ! Ah ! la bonne idée ! Elles resteraient volontiers seules auprès de lui. Non, non, cela ne se peut ! Que ne donnerais-je pas pour vivre avec ce garçon, et le garder pour moi seule ! Mais nulle ne part ! cela ne se peut ! Mieux vaut donc que je parte. Ô jouvenceau, aimable et beau, |
ô fidèle garçon, adieu, jusqu’à ce que nous nous revoyons ! (Les Dames sortent. Tamino revient à lui et voit le serpent mort à ses pieds, mais entendant quelqu’un s’approcher, il se cache. Papageno entre, vêtu d’un manteau de plumes, portant sur son dos une grande cage à oiseaux et tenant une flûte de Pan.) N°2 : Air PAPAGENO Oui, je suis l’oiseleur, toujours joyeux, holà hoplala ! Je suis connu des jeunes et vieux dans tout le pays. Je sais poser des pièges, je connais tous les sifflets. Voilà pourquoi je suis joyeux : tous les oiseaux sont à moi ! Oui, je suis l’oiseleur, toujours joyeux, holà hoplala ! Je suis connu des jeunes et vieux dans tout le pays. Si j’avais un filet pour attraper les filles, je les attraperais par douzaines pour moi seul ! Je les enfermerais dans ma maison, et elles seraient toutes à moi. Et lorsque toutes les filles seraient à moi, j’achèterais gentiment des sucreries et à ma préférée je les donnerais toutes. |
Alors elle m’embrasserait doucement, elle serait ma femme et moi son mari. Elle dormirait à mes côtés et je la bercerais comme une enfant. (Tandis que Papageno pose sa cage à terre, Tamino s’avance et apprend que Papageno est un garçon simple dont la connaissance du monde se borne à sa cabane de chaume et à ses modestes besoins ; il troque les oiseaux qu’il attrape contre la nourriture que lui apportent les trois Dames de la Reine de la Nuit, dont c’est ici le royaume. Tamino, lui, est une prince dont le père gouverne beaucoup de pays et beaucoup de peuples. Papageno, qui est en vérité très effrayé à la vue de la dépouille du serpent, prétend l’avoir lui-même tué, mais les Dames, portant des masques, viennent pour le punir. Elles lui donnent de l’eau au lieu de vin, une pierre à la place d’un pain de sucre et un cadenas pour sa bouche au lieu de figues. Elles donnent à Tamino un portrait de la fille de la Reine de la Nuit et lui promettent qu’il connaîtra le bonheur s’il est capable de l’aimer. Elles sortent, suivies de Papageno, laissant Tamino seul, en contemplation devant le portrait.) N°3 : Air TAMINO Ce portrait est un ravissement comme nul n’en vit jamais de pareil ! Je le sens, devant cette image divine, mon cœur connaît une émotion nouvelle. Quelle est-elle ? En vérité, je ne sais, mais je la sens ici comme un feu me dévorer. Serait-ce l’amour ? Oui, oui, ce ne peut être que lui. |
Ah ! si je pouvais trouver l’objet de ce portrait ! si elle se tenait là soudain devant mes yeux, je ferais... je ferais... tendrement, chastement, oui, que ferais-je ? Eh bien ! je la ravirais, je l’étreindrais contre mon cœur brûlant et elle serait mienne alors pour toujours. (Il est sur le point de se retirer lorsque les Dames reviennent, annonçant l’arrivée de leur Reine. Elle a observé les émotions de Tamino et lui ordonne de sauver sa fille de la captivité dans laquelle la tient Sarastro, Grand Prêtre d’Isis et d’Osiris. Il fait nuit ; la Reine paraît, semblant sortir des montagnes, tandis que gronde le tonnerre et luisent les éclairs.) N°4 : Récitatif et air LA REINE Ne tremble pas, mon fils chéri ! Tu es pur, sage et bon. Un jeune homme tel que toi saura consoler ce douloureux cœur de mère. J’ai été condamnée à souffrir quand ma fille me fut ravie. Avec elle tout mon bonheur est perdu. Un scélérat l’a enlevée. Je la vois encore trembler, je vois son agitation apeurée, son anxiété, son effroi et ses timides efforts ! Il a fallu qu’on l’enlève sous mes yeux. « Ah ! aidez-moi !» fut tout ce qu’elle dit, |
mais ses plaintes étaient vaines, car j’étais impuissante à l’aider. Tu iras la délivrer, tu sauveras ma fille, et si je te vois vainqueur, alors elle sera tienne pour toujours ! (Elle disparaît, suivie de ses Dames, tandis que le tonnerre gronde encore. La scène s’éclaircit à nouveau et Tamino, très étonné, est sur le point de partir lorsque Papageno revient, lui montrant tristement le cadenas qui lui clôt les lèvres.) N°5 : Quintette PAPAGENO (montre tristement le cadenas) Hem ! hem ! hem ! hem ! TAMINO Le pauvre diable peut bien parler de punition car le voilà muet ! PAPAGENO Hem ! hem ! hem ! hem ! TAMINO Je ne peux rien pour toi, sinon te plaindre, car je ne suis pas de force à t’aider ! PREMIÈRE DAME La Reine a pitié de toi et te fait grâce de ta punition. – (lui retire le cadenas de la bouche) |
PAPAGENO Maintenant Papageno peut de nouveau parler ! DEUXIÈME DAME Parle si tu veux, mais ne mens plus ! PAPAGENO Je ne mentirai plus jamais, non, non ! LES DAMES Que ce cadenas te serve de leçon ! PAPAGENO Ce cadenas me servira de leçon ! TOUS Si tous les menteurs du monde avaient un tel cadenas sur les lèvres, au lieu de haine, calomnie et rancœur régneraient l’amour et la fraternité. PREMIÈRE DAME Prince, accepte ce présent, notre Reine te l’envoie. (Elle donne à Tamino une flûte d’or.) Cette flûte enchantée te protégera et contre mauvaise fortune te soutiendra. LES DAMES Avec cette flûte, tu seras puissant, tu pourras changer les passions humaines ; le mélancolique deviendra joyeux et le vieux garçon connaîtra l’amour. TOUS Ainsi une simple flûte |
vaut plus qu’or et couronnes, car grâce à elle s’accroissent les joies et les plaisirs humains. PAPAGENO Et maintenant, belles dames, puis-je me retirer ? Alors j’ai bien l’honneur de vous saluer. LES DAMES Tu peux, bien sûr, te retirer, mais notre Reine a décidé qu’avec le prince et sans tarder tu devais te hâter au palais de Sarastro. PAPAGENO Non ! je vous remercie bien ! De votre propre aveu, je le sais, Sarastro est pareil au tigre sauvage ; sûrement, sans la moindre pitié, il me ferait plumer, rôtir puis donner aux chiens ! LES DAMES Le prince te protègera, aie confiance en lui seul, ainsi tu seras son serviteur. PAPAGENO (à part) Que le diable emporte le prince. Ma vie m’est précieuse ; mais voilà que, pour l’honneur, elle s’enfuit de moi comme un voleur. – PREMIÈRE DAME (donne à Papageno un petit carillon) Tiens, prends ce bijou, il est à toi. |
PAPAGENO Ah ! ah ! mais qu’est-ce donc ? LES DAMES Tu peux y entendre sonner des clochettes. PAPAGENO Et pourrai-je les faire jouer aussi ? LES DAMES Oh bien sûr ! oui, oui, bien sûr ! TOUS Des clochettes d’argent, une flûte enchantée à votre/notre protection sont utiles ! Adieu, nous partons, adieu, jusqu’à ce que nous nous revoyons. (Tous s’apprêtent à sortir.) TAMINO Mais, belles Dames, dites-nous... PAPAGENO ... comment trouver ce palais ? – TAMINO et PAPAGENO ... comment trouver ce palais ? LES DAMES Trois jeunes garçons, beaux, doux et sages, vous apparaîtront au cours de votre voyage. Ils seront vos guides ; suivez leurs conseils et nul autre. |
TAMINO et PAPAGENO Trois jeunes garçons, beaux, doux et sages nous apparaîtront au cours de notre voyage. – LES DAMES Ils seront vos guides ; suivez leurs conseils et nul autre. TAMINO et PAPAGENO Adieu, nous partons, adieu, adieu, jusqu’à ce que nous nous revoyons ! TOUS Adieu, nous partons, adieu, adieu, jusqu’à ce que nous nous revoyons ! (Changement de décor : une salle resplendissante de style égyptien.) (Deux esclaves apportent de riches coussins ainsi qu’une table basse et des tapis. Monostatos entre avec Pamina qui est traînée dans la pièce par des esclaves.) N°6 : Trio MONOSTATOS Entre donc, ma gentille colombe ! PAMINA Ah quelle torture, quelle souffrance ! MONOSTATOS C’en est fait de ta vie. |
PAMINA La mort ne m’effraye pas, je n’ai de peine que pour ma mère, elle en mourra de chagrin assurément. MONOSTATOS Eh ! mes esclaves ! enchaînez-la ; ma haine sera ta perte ! (Ils lui mettent les fers.) PAMINA Ah ! laisse-moi plutôt mourir, puisque rien, barbare ne peut te toucher. (Elle tombe évanouie sur le sofa.) MONOSTATOS Et maintenant sortez ! Laissez-moi seul avec elle. (Les esclaves se hâtent de sortir de la pièce. Dehors, près de la fenêtre, Papageno passe inaperçu.) PAPAGENO Où suis-je donc ? Où puis-je bien être ? Ah ! voilà du monde ! Hardi, je rentre. (Il rentre.) Ah ! belle et charmante jeune fille, plus blanche même que la craie... (Monostatos et Papageno s’aperçoivent, et chacun s’effraie de la présence de l’autre..) PAPAGENO et MONOSTATOS Hou – – voici – le diable assurément. Aie pitié ! – épargne-moi – Hou – Hou – (Ils s’enfuient chacun d’un côté. Tandis que Pamina reprend connaissance, Papageno revient sur ses pas et la reconnaît. Il lui dit qu’un beau |
prince l’aime et que sa mère a envoyé celui-ci pour la délivrer. Pamina est heureuse, mais elle s’apitoie alors sur le sort de l’oiseleur qui n’a pas encore trouvé d’épouse.) N°7 : Duo PAMINA Un homme qui ressent l’amour ne peut manquer de bon cœur. PAPAGENO Partager le doux sentiment est alors le premier devoir d’une femme. ENSEMBLE Nous voulons chanter la joie de l’amour, nous vivons par l’amour seulement. PAMINA L’amour adoucit chaque peine, toute la création se voue à l’amour. PAPAGENO Il donne du sel à chaque jour de notre vie et fait tourner la roue de la nature. ENSEMBLE Son but le plus élevé, il le révèle clairement : rien n’est plus noble que mari et femme. Mari et femme et femme et mari atteignent à la divinité. (Ils sortent.) (La scène se transforme en un bosquet. Tout au fond se trouve un beau temple, sur lequel on peut lire : « Temple de la Sagesse ». Ce temple conduit par une colonnade, à deux autres temples ; celui de droite porte l’inscription : « Temple de la Raison », et celui de gauche « Temple de la Nature ».) (Trois jeunes garçons, tenant chacun une palme d’argent, amènent Tamino.) |
N°8 : Finale LES TROIS GARÇONS Cette voie te conduira vers ton but, mais il te faudra lutter comme un homme. Écoute donc ce que nous avons à te dire : Sois ferme, patient et silencieux ! – TAMINO Beaux enfants, dites-moi si je pourrai délivrer Pamina ! – LES GARÇONS Nous ne pouvons te le dire. Sois ferme, patient et silencieux. Souviens-t’en. Bref, sois un homme ! Alors tu lutteras valeureusement. (Ils sortent.) TAMINO Que les sages conseils de ces garçons me soient à jamais gravés dans le cœur. Où suis-je maintenant ? Qu’adviendra-t-il de moi ? Est-ce ici le siège des dieux ? Les portails l’annoncent, les colonnes le disent : ici résident le travail, la sagesse et les arts. Quand l’action règne, quand l’oisiveté est bannie, |
le vice perd bientôt son empire. Hardiment, je vais passer ce portail, la vue en est noble, claire et pure. Tremble maintenant, lâche scélérat, car mon devoir est de délivrer Pamina ! (se dirige vers la porte de droite, l’ouvre et s’apprête à entrer ; une voix retentit alors) PREMIÈRE VOIX Arrière ! TAMINO Arrière ? Arrière ? – je vais donc tenter ma chance par là. (Il s’approche de la porte de gauche.) DEUXIÈME VOIX (de l’intérieur) Arrière ! TAMINO Ici aussi on crie « Arrière !» (regardant autour de lui) Mais je vois là une autre porte. Peut-être trouverai-je ici l’entrée. (Il frappe et un prêtre âgé paraît.) L’ORATEUR Où vas-tu, téméraire étranger ? Que cherches-tu dans ce sanctuaire ? TAMINO Ce qui appartient à l’amour et à la vertu. L’ORATEUR Ces mots sont d’une haute portée, mais comment espères-tu trouver ces biens ? Ce ne sont pas l’amour et la vertu qui te |
guident, mais la vengeance et la colère. TAMINO La colère contre ce scélérat seulement. L’ORATEUR Tu ne trouveras pas de scélérat chez nous. TAMINO Sarastro ne gouverne-t-il pas en ces lieux ? L’ORATEUR Oui, oui, Sarastro gouverne ici. TAMINO Mais non pas dans le Temple de la Sagesse ? – L’ORATEUR Il gouverne dans le Temple de la Sagesse ! – TAMINO Tout n’est donc qu’hypocrisie ! – L’ORATEUR Veux-tu donc déjà repartir ? TAMINO Oui, je veux partir, joyeux et libre – et ne plus jamais voir vos temples ! – L’ORATEUR Explique mieux ton sentiment, quelqu’imposture t’aura sans doute trompé ! – TAMINO Sarastro habite ici, cela me suffit ! – |
L’ORATEUR Si tu tiens à la vie, parle, demeure ici ! – Hais-tu donc Sarastro ? TAMINO Oui, je le hais à jamais ! – L’ORATEUR Eh bien, donne-moi tes raisons ! – TAMINO C’est un monstre, un tyran ! – L’ORATEUR As-tu la preuve de ce que tu dis là ? TAMINO Oui, une femme malheureuse en témoigne, que le regret et la douleur accablent ! L’ORATEUR Cette femme t’a donc trompé ? – Les femmes agissent peu mais parlent beaucoup ; es-tu donc dupe de leurs mensonges ? – Ah ! si seulement Sarastro pouvait te dire le pourquoi de ses actes. – TAMINO Il n’est que trop clair ! Ce voleur n’a-t-il pas sans pitié arraché Pamina des bras de sa mère ? – L’ORATEUR Oui, Tamino, ce que tu dis est vrai ! – |
TAMINO Où est-elle donc, celle qui fut volée ? Peut-être a-t-elle déjà été sacrifiée ? – L’ORATEUR Te le dévoiler, cher fils, ne m’est pas encore permis. – TAMINO Éclaire cette énigme, ne me trompe pas ! L’ORATEUR Le serment et le devoir me lient la langue ! TAMINO Quand donc prendra fin ce mystère ? – L’ORATEUR Dès qu’une main amie t’aura conduit dans ce sanctuaire pour y former des liens éternels. (Il sort.) TAMINO Nuit éternelle, quand donc te dissiperas-tu ? quand mes yeux verront-ils la lumière ? – LES PRÊTRES (de l’intérieur) Bientôt, mon fils, ou bien jamais ! TAMINO Bientôt, dites-vous, ou jamais ? – Vous qui demeurez invisibles, dites-moi, Pamina respire-t-elle encore ? – LES PRÊTRES Oui, Pamina respire encore ! |
TAMINO Elle vit, elle vit ! Je vous en remercie. (sort sa flûte de sa poche) Si seulement je pouvais, Tout-Puissant, en votre honneur, par mon jeu, vous dire ma reconnaissance, telle qu’elle jaillit, (posant la main sur sa poitrine) de mon cœur ! (Il joue de la flûte. Toutes sortes d’animaux sauvages s’avancent et l’écoutent. Il s’arrête de jouer et ils s’en vont. Des oiseaux l’accompagnent de leurs chants.) Qu’elle est puissante ta musique, belle flûte, puisque ta mélodie enchante même les animaux sauvages. Mais seule Pamina reste éloignée. Pamina, Pamina, entends-moi ! – En vain, en vain ! – Où ? où ? où ? Où, mais où te trouverai-je ? – (On entend le pipeau de Papageno lui répondre.) Ah ! voici l’appel de Papageno ! – Peut-être a-t-il déjà vu Pamina ! – Peut-être se hâtent-ils tous deux vers moi ! – Ou bien son appel me guidera-t-il vers elle ! (Il sort.) PAMINA et PAPAGENO Pied agile, humeur audacieuse nous protègent de la ruse et la colère de l’ennemi. Si nous pouvions seulement trouver Tamino sinon nous serons pris avant peu ! |
PAMINA Beau jouvenceau ! – PAPAGENO Silence, silence, j’ai un meilleur moyen ! – (Papageno joue de son pipeau. Tamino répond de l’intérieur en jouant de la flûte.) PAMINA et PAPAGENO Y a-t-il une joie plus grande ? Notre ami Tamino nous entend ; le son de sa flûte est parvenu jusqu’à nous. Quel bonheur de le retrouver, mais que ce soit bientôt, que ce soit bientôt ! (Ils sont sur le point d’entrer.) MONOSTATOS (se moquant d’eux) Mais que ce soit bientôt... Ah ! – je vous ai rattrapés à temps ! Qu’on m’apporte un poignard et des fers. Attendez, je m’en vais vous apprendre à vivre ! Vous vouliez berner Monostatos ! – Qu’on m’apporte des chaînes et des cordes. Eh ! mes esclaves, venez-ici ! – PAMINA et PAPAGENO Hélas, c’en est fait de nous ! MONOSTATOS Eh ! mes esclaves, venez-ici ! (Les esclaves apportent des chaînes.) |
PAPAGENO Qui sait oser, gagne souvent ! Allons, mon joli carillon, laisse entendre tes clochettes pour faire siffler leurs oreilles. (Papageno joue de son carillon.) MONOSTATOS et LES ESCLAVES Il sonne si bien, sonne si joliment ! La ra la la la la ra la la la la ra la. Jamais je n’ai rien vu ni entendu de semblable ! La ra la la la la ra la la la la ra la. (s’éloignant en marchant) PAMINA et PAPAGENO (riant) Si tout brave homme avait un tel carillon, sans peine il ferait alors fuir tous ses ennemis et il vivrait tranquille, avec tous en harmonie. Car seule l’harmonie de l’amitié adoucit toutes les peines, et sans la sympathie il n’est pas de bonheur sur terre. LA COUR (de l’intérieur) Vive Sarastro, que Sarastro vive ! PAPAGENO Qu’y a-t-il donc ? Je frémis, je tremble ! – PAMINA Ô mon ami, maintenant c’en est fait de nous ! Voici que l’on annonce l’arrivée de Sarastro ! |
PAPAGENO Oh ! que ne suis-je une souris, je me cacherais si volontiers et si j’étais aussi petit qu’un escargot, je rentrerais vite dans ma maison ! – Ah Pamina, que dirons-nous maintenant ? – PAMINA La vérité – la vérité, même si c’est un crime ! – (Sarastro paraît, monté sur un char tiré par six lions, et précédé de sa cour.) LA COUR Vive Sarastro, que Sarastro vive ! C’est ce à quoi nous nous consacrons avec joie ! Qu’il jouisse toujours de la vie comme un sage. – Il est notre dieu et nous sommes ses fidèles. PAMINA (s’agenouillant) Seigneur, je suis coupable, il est vrai ! – je voulais échapper à ta puissance. – Mais la faute n’est pas la mienne ! Le Maure cruel exigeait mon amour, c’est pourquoi, Seigneur, je te fuyais ! – SARASTRO Lève-toi et sois heureuse, mon enfant, car je n’ai pas à te poser de questions pour tout connaître de ton cœur ; tu aimes tendrement un autre homme. Je ne veux te contraindre à l’amour et pourtant je ne te donne pas toute liberté. |
PAMINA Mon devoir filial m’appelle, car ma mère – SARASTRO est en mon pouvoir ; mais ton bonheur serait brisé si je te laissais entre ses mains. – PAMINA Son nom résonne doucement à mes oreilles, elle est ma mère – elle l’est – SARASTRO Et aussi une femme trop fière. – Un homme doit guider ton cœur, car sans un homme, une femme tend à outrepasser ses limites. MONOSTATOS Et maintenant, téméraire garçon viens ! Voici Sarastro, notre maître ! – PAMINA C’est lui, TAMINO c’est elle, PAMINA je ne peux le croire, TAMINO c’est elle, |
PAMINA c’est lui. TAMINO ce n’est pas un rêve. PAMINA et TAMINO Que je te prenne dans mes bras, même si je devais en mourir ! LA COUR Que veut dire cela ? MONOSTATOS Voyez cette insolence ! Séparez-vous, c’en est trop ! (Monostatos les sépare. S’agenouillant devant Sarastro) Ton esclave est à tes pieds ; que l’audacieux gredin expie son crime. Vois combien le garçon est insolent ! Ce drôle d’oiseau voulait par la ruse t’enlever Pamina, moi seul ai su déjouer son projet. Tu me connais ! – ma vigilance – |
SARASTRO mérite qu’on lui décerne des lauriers ! Donnez sans tarder à ce brave homme – MONOSTATOS Ta faveur déjà suffit à m’enrichir ! – SARASTRO seulement soixante-dix-sept coups de pied. MONOSTATOS Ah, mon maître, je n’attendais pas cette récompense. SARASTRO Ne me remercie pas, je ne fais que mon devoir ! (On emmène Monostatos.) LA COUR Vive Sarastro, le divin sage. Avec équité il récompense et punit. SARASTRO Conduisez ces deux étrangers dans le temple des épreuves, couvrez-leur la tête – car ils doivent d’abord être purifiés. (Deux prêtres apportent une sorte de sac, dont ils couvrent la tête des deux étrangers.) LA COUR Quand la vertu et la justice sèment le Grand Sentier d’honneurs, alors la terre est comme l’empire céleste et les mortels sont les égaux des dieux. |
libretto by Arlette de Grouchy |
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte |