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“Guillaume Tell” by Gioachino Rossini libretto (French)
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte |
La scène se passe à Bûrglen, canton d'Uri ; à droite se trouve la maison de Guillaume Tell ; à gauche débouche le torrent de Schàchental, sur lequel un pont est jeté ; une barque est attachée au rivage. Des paysans entourent de verdure des cabanes destinées à trois nouveaux couples ; d'autres se livrent à divers travaux agrestes. Jemmy s'essaie à tirer à l'arc ; Tell pensif et appuyé sur sa bêche, est arrêté au milieu d'un sillon. Hedwige, assise près d'un chalet, assemble les joncs d'une corbeille et regarde alternativement son époux et son fils. CHŒUR Quel jour serein le ciel présage ! Célébrons-le dans nos concerts ; Que les échos de ce rivage Élèvent nos chants dans les airs ! Que les échos,etc. Par nos travaux, rendons hommage Au créateur de l'univers. Quel jour serein, etc. PÊCHEUR Accours dans ma nacelle, Timide jouvencelle ; Du plaisir qui t'appelle C'est ici le séjour. Je quitte le rivage ; Lisbeth, sois du voyage ; Ah ! viens, le ciel sans nuage Nous promet un beau jour, etc. TELL (à part) Il chante en son ivresse, Ses plaisirs, sa maîtresse ; De l'ennui qui m'oppresse, Il n'est pas tourmenté. Quel fardeau que la vie ! Pour nous plus de patrie ! Il chante, et l'Helvétie Pleure, pleure sa liberté. |
PÊCHEUR Des fleurs ceignent sa tête ; Leur puissance secrète, Conjurant la tempête, Nous répond du retour, etc. Et toi, lac solitaire, Témoin d'un doux mystère, Ne dis pas à la terre Le secret de l'amour ! etc. JEMMY, HEDWIGE Son imprudent courage Appelle le naufrage Et défiant l'orage, Ne pense qu'au retour, etc. Vers l'écueil qu'on redoute, S'il suivait sa route, Un chant de mort, sans doute, Suivrait les chants d'amour ! etc. TELL (à part) Quel fardeau que la vie ! Pour nous plus de patrie ! Il chante et l'Helvétie Pleure son dernier jour ! Il chante et l'Helvétie, etc. (On entend les ranz des vaches.) CHŒUR On entend des montagnes Le signal du repos ; La fête des campagnes Abrège nos travaux, etc. Cette fête champêtre, Qu'ignore l'œil du maître, Nous fera reconnaître Le doux pays natal. (Le vieux berger Melchthal descend lentement le chemin de la montagne, appuyé sur le bras de son fils Arnold et suivi de quelques Suisses. Tout le village l'accueille avec enthousiasme et se presse joyeusement autour de lui.) JEMMY, HEDWIGE, PÊCHEUR, TELL, CHŒUR Salut, honneur, hommage au vertueux Melchthal ! etc. |
HEDWIGE La fête des pasteurs, selon l'antique usage, De trois jeunes amants fait trois heureux époux. ARNOLD (à part) Des amants, des époux !...Ah ! quel penser m'assiège ! (Hedwige s'avance vers Melchthal, pour lui demander de bénir l'union des jeunes couples.) HEDWIGE Bénis par vous. MELCHTHAL (cédant) Par moi ? HEDWIGE Vous nous bénirez tous. TELL De l'âge et des vertus c'est le saint privilège, Et des bienfaits du ciel un présage bien doux. MELCHTHAL Pasteurs, que vos accents s'unissent, Qu'au loin vos trompes retentissent ! Célébrez tous en ce beau jour Le travail, l'hymen et l'amour... CHŒUR (Femmes) Aux chants joyeux qui retentissent, Que nos accents plus doux s'unissent ! Célébrons aussi tour à tour Le travail, l'hymen et l'amour ! ARNOLD, PÊCHEUR, TELL, MELCHTHAL, JEMMY, HEDWIGE, CHŒUR Célébrons tous en ce beau jour, Le travail, l'hymen et l'amour ! etc. CHŒUR Près des torrents qui grondent, Que les cors se répondent ! |
Et l'écho de ces monts, Retenant nos chansons En dira les doux sons Aux forêts, aux vallons ! Oui, l'écho de ces monts, etc. ...Aux bois, aux vallons ! Célébrons par nos jeux Et l'hymen et ses nœuds, etc. Près des torrents qui grondent, Que les cors se répondent, etc. Célébrons, célébrons par nos jeux Et l'hymen et ses nœuds, etc. Près des torrents qui grondent, Que les cors se répondent, Par nos chants, par nos jeux Des pasteurs amoureux Célébrons les doux nœuds, etc. Et volons auprès d'eux ! Par nos chants, etc. ...Et volons auprès d'eux ! (La foule se disperse.) TELL (à Melchthal) Contre les feux du jour que mon toit solitaire Vous offre un abri tutélaire ! C'est là que dans la paix ont vécu mes aïeux, Que je fuis les tyrans, que je cache à leurs yeux Le bonheur d'être époux, le bonheur d'être père. (embrassant son fils) MELCHTHAL (à Arnold) Le bonheur d'être père ! Tu l'entends, ô mon fils, c'est le suprême bien. Veux-tu tromper toujours le vœu de ma vieillesse ? La fête des pasteurs par un triple lien Va consacrer, dans ce jour d'allégresse, Le serment de l'hymen, et ce n'est pas le tien ? (Tous s'éloignent, sauf Arnold.) ARNOLD Le mien, dit-il, jamais le mien ! Que ne puis-je taire à moi-même |
De quel fatal objet tous mes sens sont épris! Toi, dont le front aspire au diadème, Ô Mathilde, je t'aime ! Je t'aime, et je trahis Le devoir et l'honneur, mon père et mon pays ! Contre l'avalanche homicide Ma force te servit d'égide : Je te sauvai, toi, la fille des rois, Toi qu'une puissance perfide Destine à nous donner des lois ! Ivre d'un fol espoir, ma jeunesse insensée A prodigué son sang pour des maîtres ingrats : Avoir connu sous eux la gloire des combats, Voilà ma honte ! aussi, mes pleurs l'ont effacée : Par un funeste amour ne la rappelons pas. (sons d'une chasse au loin) Mais quel bruit ? Mais quel bruit ? Des tyrans qu'a vomis l'Allemagne Le cor sonne sur la montagne. Gessler est là ; Mathilde l'accompagne ; Il faut la voir encore, entendre encore sa voix ; Soyons heureux et coupable à la fois ! (Arnold va pour s'éloigner quand il se trouve en face de Guillaume Tell qui sort de sa maison.) TELL Où vas-tu ? Quel transport t'agite ? L'approche d'un ami n'arrête point ta fuite ? ARNOLD Non, non, non ! TELL Pourquoi trembles-tu ? ARNOLD (à part) De feindre aurai-je le courage ? (haut) Sous le fardeau de l'esclavage Quel grand cœur, quel grand cœur n'est pas abattu ? |
TELL (à part) Je comprendrais des maux que je partage : Arnold ne m'a pas répondu, Arnold ne m'a pas répondu ! ARNOLD (à part) Suis-je assez malheureux ? TELL (à part) Malheureux ? Il me cache un mystère. (haut) Pourquoi te taire ? ARNOLD Qu'espères-tu ? Qu'espères-tu ? TELL Rendre à ton cœur, rendre à ton cœur la force et la vertu... Arnold ! ARNOLD (à part) Ah ! Mathilde, idole de mon âme ! Il faut donc vaincre ma flamme ? TELL (à part) Je sais lire dans son cœur... ARNOLD (à part) Ô ma patrie ! mon cœur te sacrifie Et mon amour et mon bonheur ! etc. TELL (à part) Il rougit de son erreur... En servant la tyrannie S'il fut traître à sa patrie Son remords du moins expie Un moment de déshonneur. J'ai su lire dans son cœur... Il rougit de son erreur, En servant la tyrannie, etc. (à Arnold) Pour nous plus de crainte servile ; Soyons hommes, et nous vaincrons ! ARNOLD Et comment venger nos affronts ? |
TELL Tout pouvoir injuste est fragile. ARNOLD Contre des maîtres étrangers Quels sont nos appuis ? TELL Les dangers ; Il n'en est qu'un pour nous, Pour eux il en est mille. ARNOLD Songe aux biens que tu perds ! TELL Qu'importe ! ARNOLD Quelle gloire espérer des revers ? TELL Je ne sais trop ce que c'est que la gloire, Mais je connais le poids des fers, Mais je connais le poids des fers. ARNOLD Ton espérance - TELL Est la victoire : La tienne aussi, j'ai besoin de la croire. ARNOLD Nous serions libres ? TELL C'est mon vœu. ARNOLD Mais où combattre ? TELL Dans ce lieu. ARNOLD Vaincus, quel sera notre asile ? TELL La tombe. |
ARNOLD Et notre vengeur, et notre vengeur ? TELL Dieu ! ARNOLD (à part) O Mathilde, idole de mon âme ! Il faut donc vaincre ma flamme ! O ma patrie ! mon cœur te sacrifie Et mon amour et mon bonheur ! etc. TELL (à part) Je sais lire dans son cœur. Il rougit de son erreur ; En servant la tyrannie, S'il fut traître à sa patrie, Son remords du moins expie Un moment de déshonneur ! etc. ARNOLD Du danger quand sonnera l'heure, Ami, je serai prêt. (Arnold va pour partir.) TELL Demeure ! ARNOLD (à part) Ô contretemps fatal ! TELL Melchthal ! Melchthal ! (on entend encore la chasse) Qu'entends-je ? c'est Gessler ! Quoi ! tandis qu'il nous brave, Voudrais-tu, volontaire esclave, D'un regard dédaigneux implorer la faveur ? ARNOLD Quel sévère langage ! Pour moi c'est un outrage. Je vais sur son passage Braver l'insolent oppresseur. TELL Point d'entreprise téméraire, Songe à ton père ; il faut le protéger ; À ta patrie, à ta patrie : il faut la venger, il faut la venger, il faut la venger. |
ARNOLD (à part) Mon père ! TELL (à part) Il hésite... ARNOLD (à part) Mon pays ! TELL (à part) Il pâlit ! ARNOLD (à part) Ma tendresse ! TELL (à part) Quel est donc... ARNOLD (à part) Que faire ? TELL (à part) ...ce mystère ? ARNOLD (à part) Ô ciel, tu sais si Mathilde m'est chère ! Ô ciel, tu sais si Mathilde m'est chère ! Mais à la vertu je me rends, Mais à la vertu je me rends. Haine, malheur, malheur à nos tyrans ! (rumeur joyeuse de la fête qui approche) TELL Entends au loin, entends au loin Ces chants de l'hyménée ! N'attristons pas la fête des pasteurs : À leurs plaisirs ne mêlons pas de pleurs, Et que, du moins une journée, Un peuple échappe à ses malheurs. Et que du moins, etc. ARNOLD À ses regards cachons mes pleurs, Je n'en dois plus qu'à nos malheurs. Ô Ciel, tu sais si Mathilde m'est chère, etc. TELL Il combattra dans nos rangs, Il combattra dans nos rangs, dans nos rangs. Haine, malheur, malheur à nos tyrans ! |
ARNOLD Mais à la vertu je me rends, etc. Haine et malheur à nos tyrans ! etc. (Le cortège des nouveaux mariés arrive. Trois villageois pénètrent dans les chalets pour y chercher les jeunes épousées. Hedwige, Jemmy et Melchthal sortent de la maison de Tell.) HEDWIGE Sur nos têtes le soleil brille Et semble s'arrêter au milieu de son cours, Pour voir la fête de famille. Vénérable Melchthal, honneur des anciens jours, C'est à vous de bénir leurs pudiques amours. (Les trois couples s'avancent et s'agenouillent devant le vieux Melchthal, assis sous un arc de feuillage dressé par les paysans.) MELCHTHAL (aux jeunes mariés) Quand le Ciel entend votre promesse Est-ce à moi de la consacrer ? TELL Oui, rendre hommage à la vieillesse, Mon Dieu, c'est encore t'honorer. TOUS (sauf Arnold) Ciel, qui du monde es la parure, Pour eux fais luire un doux augure ! Car leur tendresse est aussi pure Que ta lumière en un beau jour ! etc. ARNOLD (à part) Ils vont s'unir. Quelle souffrance ! Ils vont s'unir. Pour moi plus d'espérance ! Quels maux j'endure ! fatal amour ! Car leur tendresse est aussi pure Que ta lumière en un beau jour ! etc. MELCHTHAL (aux jeunes mariés) Des antiques vertus vous nous rendrez l'exemple. Songez, jeunes pasteurs, Que la Suisse qui vous contemple Demande à votre hymen des appuis, des vengeurs : |
Et vous de vos enfants, ô fidèles compagnes ! Apprenez à vos fils quels furent leurs aïeux Qu'ils soient grands à leur tour, Qu'ils soient libres comme eux - Qu'ils soient l'orgueil de nos montagnes. (On entend de nouveau les bruits de la chasse.) TELL Encore Gessler ! Encore Gessler ! ARNOLD (à part, quittant sans être vu) Courons ! TELL Gessler proscrit ces vœux, écoutez le tyran, Écoutez, il vous crie qu'il n'est plus de patrie, Que pour jamais elle est tarie, La source du sang généreux Qui bouillonnait au cœur de nos aïeux. Un peuple sans vertus n'enfante plus de braves ! Que légueriez vous à vos fils ? Les fers dont vos bras sont meurtris. Femmes, de votre couche exilez vos maris, Il est toujours assez d'esclaves. HEDWIGE Quels transports semblent t'agiter ! Pour les laisser librement éclater le jour est-il venu ? TELL Peut-être ! Je ne vois plus Arnold. JEMMY Il nous quitte. TELL Il me fuit. Il me dérobe en vain le trouble qui le suit. (à Hedwige) Je cours l'interroger, toi, ranime les jeux. |
HEDWIGE Tu me glaces de crainte et tu parles de fête ! TELL Qu'elle cache aux tyrans le bruit de la tempête ! Étouffe-la sous vos accents joyeux : Elle ne doit gronder pour eux Qu'en tombant sur leur tête ! (Il s'éloigne.) CHŒUR (dansant) Hyménée Ta journée Fortunée Luit pour nous. Ton beau jour Luit pour nous, etc. Des couronnes Que tu donnes, Ces époux Sont jaloux. D'allégresse, De tendresse, Leur jeunesse S'embellit, etc. Sur nos têtes Les tempêtes Sont muettes, etc. Tout nous dit - Hyménée, Ta journée, etc. Par tes flammes Dans nos âmes Tu proclames Notre espoir ; Ton ivresse Joint sans cesse La tendresse Au devoir, etc. Hyménée, Ta journée, etc. ...ces époux Sont jaloux. (Les trois mariés et leurs compagnes forment un pas de six. À ces danses succède le jeu de l'arc; plusieurs tireurs s'essaient sans réussir; Jemmy, plus heureux atteint le but dès le premier coup.) |
Gloire, honneur au fils de Tell, Il obtient le prix de l'adresse ! etc. JEMMY (courant à sa mère) Ah ! Ma mère ! ma mère ! HEDWIGE Ô moment plein d'ivresse ! CHŒUR Il obtient le prix de l'adresse : C'est l'héritage paternel. Gloire ! Gloire ! Enfants de la nature, Le simple habit de bure Nous tient lieu de l'armure Qui défend les guerriers. Mais, au but qui l'appelle Notre flèche est fidèle, Et l'espoir avec elle Renaît dans nos foyers, etc. etc. JEMMY Pâle et tremblant, se soutenant à peine, Ma mère, un pâtre accourt vers nous. PÊCHEUR C'est le brave Leuthold ; quel malheur nous l'amène ? (Leuthold apparaît, pantelant, s'appuyant sur une hache ensanglantée.) LEUTHOLD Sauvez-moi ! Sauvez-moi ! HEDWIGE Que crains-tu ? LEUTHOLD Leur courroux. HEDWIGE Leuthold, quel pouvoir te menace ? |
LEUTHOLD Le seul qui n'a jamais fait grâce, Le plus cruel, le plus affreux de tous... Ô mes amis ! sauvez-moi de ses coups ! MELCHTHAL Qu'as-tu fait ? LEUTHOLD Mon devoir. De toute ma famille Le ciel ne me laissa qu'un enfant, qu'une fille ; Du Gouverneur un impie soutien, Un soldat l'enlevait - elle mon dernier bien ! Hedwige, je suis père et j'ai su la défendre. Ma hache sur son front ne s'est pas fait attendre ; Voyez-vous ce sang ? c'est le sien. MELCHTHAL Il eut le courage d'un père, Mais pour lui du tyran redoutons la colère. LEUTHOLD Un refuge assuré m'attend sur l'autre bord, - (se tournant vers le pêcheur) - conduis-moi. PÊCHEUR Ce torrent, cette roche Du rivage opposé ne permet point l'approche. Affronter cet écueil c'est courir à la mort. LEUTHOLD Ah ! puisses-tu, barbare, à ton heure dernière, Trouver Dieu sourd à ton remord, Comme tu l'es à ma prière ! TELL (revenant, à part) Arnold a disparu, mes pas n'ont pu l'atteindre. CHŒUR DES SOLDATS (de loin) Leuthold, malheur à toi ! LEUTHOLD Grand Dieu ! |
CHŒUR DES SOLDATS Malheur ! LEUTHOLD J'implore ta faveur ! TELL J'entends menacer et se plaindre. LEUTHOLD Guillaume, le destin m'accable, On me poursuit, je ne suis point coupable ; Je meurs pourtant si je ne fuis soudain : Pour mon salut il n'est qu'un seul chemin. TELL Ta barque est là, pêcheur, tu l'entends. LEUTHOLD C'est en vain ; Comme le Gouverneur il est impitoyable. TELL Du ciel il méconnait la loi, Il te refuse ! eh bien ! suis-moi ! CHŒUR DES SOLDATS (tout près) C'est du sang que le meurtre exige. Malheur à toi, Leuthold ! TELL (à Leuthold) Hâtons-nous, les voilà. Adieu. HEDWIGE Tu vas périr. TELL Ah ! ne crains rien, Hedwige. Les périls sont bien grands ; (montrant le ciel) mais Dieu le conduira ! (Hedwige veut retenir son mari ; Jemmy cherche de son côté à suivre son père ; Tell les confie tous deux au vieux Melchthal, et, guidant les pas mal assurés de Leuthold, il parvient à le faire entrer dans la barque à l'instant où les soldats vont les saisir tous deux ; la barque s'éloigne aussitôt.) |
CHŒUR DES VILLAGEOIS Dieu de bonté, Dieu tout-puissant, Des oppresseurs confonds la rage ! Daigne dérober au naufrage Le défenseur de l'innocent, Daigne protéger le courage Du défenseur de l'innocent ! RODOLPHE De la justice voici l'heure ! CHŒUR DES SOLDATS De la justice voici l'heure ! RODOLPHE Malheur au meurtrier - CHŒUR DES SOLDATS Malheur au meurtrier - RODOLPHE Qu'il meure ! CHŒUR DES SOLDATS Qu'il meure ! RODOLPHE Qu'il meure ! CHŒUR DES SOLDATS Qu'il meure ! CHŒUR DES VILLAGEOIS Dieu de bonté, Dieu tout-puissant, etc. (Ici on voit la barque s'approcher de la rive opposée.) JEMMY, HEDWIGE Il est sauvé ! RODOLPHE Que vois-je ? ô rage ! CHŒUR DES SOLDATS Il a franchi le funeste passage. HEDWIGE De Dieu je reconnais l'ouvrage. |
JEMMY, MELCHTHAL De Dieu je reconnais l'ouvrage. RODOLPHE Leur joie est un nouvel outrage ; Esclaves, malheur à vous tous ! JEMMY, MELCHTHAL (à part) Quelle insolence ! Pourquoi l'âge Ne sert-il pas mieux mon courroux ? CHŒUR DES VILLAGEOIS Sur nos têtes gronde l'orage, Éloignons-nous, éloignons-nous ! RODOLPHE Restez ! il est plus d'un coupable ; Au meurtrier qui prêta son secours ? Nommez le traître, il y va de vos jours. JEMMY Ils vont parler... HEDWIGE Ils vont parler... JEMMY ...la terreur les accable. HEDWIGE ...la terreur les accable. RODOLPHE (faisant cerner la foule par ses soldats) Obéissez, Il y va de vos jours. CHŒUR DES SOLDATS Il y va de vos jours. JEMMY, HEDWIGE, CHŒUR DES VILLAGEOISES (tombent à genoux) Vierge que les chrétiens adorent. Entends nos voix, elles t'implorent ; Dérobe au glaive des méchants Et nos/leurs maris et nos/leurs enfants ! Vierge que les chrétiens, etc. |
PÊCHEUR Il y va de vos jours. Ah ! craignons nos tyrans ! etc. MELCHTHAL Il y va de nos jours ! Je les vois tous tremblants ! etc. CHŒUR DES VILLAGEOIS Il y va de nos jours ! Ah ! craignons nos tyrans ! etc. CHŒUR DES SOLDATS Les vois-tu tous tremblants ? Il y va de vos jours ! Les vois-tu tous tremblants ? etc. RODOLPHE Je les vois tous tremblants. Obéissez, obéissez, Il y va de vos jours ! etc. MELCHTHAL Comme lui nous aurions dû faire. Amis, calmez votre frayeur, Il ose agir, osez vous taire ! CHŒUR DES VILLAGEOIS Il ose agir, osons nous taire ! RODOLPHE Tremblez, tremblez ! nommez le traître ! MELCHTHAL Dis au tyran que cette terre Ne porte point de délateur. RODOLPHE Qu'on saisisse ce téméraire ! Qu'on saisisse ce téméraire Qui brave ma juste fureur. Que du ravage, Que du pillage Sur ce rivage Pèse l'horreur ! Honte et misère Sont le salaire Que ma colère Lègue au malheur ! |
JEMMY Si du ravage, Si du pillage, Sur ce rivage Pèse l'horreur, Vil mercenaire, L'arc de mon père Peut nous soustraire À ta fureur ! JEMMY, HEDWIGE, PÊCHEUR, MELCHTHAL, CHŒUR DES VILLAGEOIS Si du ravage, Si du pillage, Sur ce rivage Pèse l'horreur, Vil mercenaire, L'arc de mon/son père Peut nous soustraire À ta fureur. Nous bravons ta fureur ! etc. RODOLPHE Que du ravage, Que du pillage, Sur ce rivage Pèse l'horreur ! Ah ! craignez ma fureur ! oui ! etc. CHŒUR DES SOLDATS Que du ravage, Que du pillage, Sur ce rivage Pèse l'horreur ! Honte et misère Sont le salaire Que ma colère Lègue au malheur ! RODOLPHE Que du ravage, etc. JEMMY Si du ravage, etc. JEMMY, HEDWIGE, PÊCHEUR, MELCHTHAL, CHŒUR DES VILLAGEOIS Si du ravage, Si du pillage, etc. ...nous bravons ta fureur ! |
RODOLPHE, CHŒUR DES SOLDATS Que du ravage, Que du pillage, etc. ...ah ! craignez ma/sa fureur ! (Les soldats s'emparent de Melchthal ; les Suisses cherchent à le délivrer, mais ils sont sans armes, et l'on entraîne violemment sous leurs yeux le vieillard qu'ils voudraient suivre, quand une haie de hallebardes les arrête. Le rideau tombe sur ce tableau.) |
libretto by Étienne de Jouy, Hippolyte Bis |
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte |