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Le nozze di Figaro” by Wolfgang Amadeus Mozart libretto (French)

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Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte
PREMIER ACTE

Le château du Comte Almaviva, près de Séville
(Une chambre à moitié meublée. On peut y voir un
grand fauteuil et une chaise. Figaro est occupé à
mesurer le plancher. Susanna, devant le miroir, est
en train de mettre un petit chapeau.)


N° 1 : Duettino

FIGARO
Cinq... dix... vingt... trente...
trente-six... quarante-trois...

SUSANNA
Oui-da, maintenant je suis satisfaite,
vrai, on le croirait fait pour moi !

FIGARO
Cinq...

SUSANNA
Vois un peu, mon Figaro !

FIGARO
Dix...

SUSANNA
Vois un peu, mon Figaro !

FIGARO
Vingt...

SUSANNA
vois un peu !

FIGARO
Trente...

SUSANNA
vois un peu !
Vois donc mon chapeau maintenant !

FIGARO
Trente-six...

SUSANNA
Vois donc mon chapeau maintenant !

FIGARO
Quarante-trois...

SUSANNA
Vois un peu, mon Figaro, etc.

FIGARO
Oui, mon cœur, il est encore plus beau,
vrai, on le croirait fait pour toi.

SUSANNA
Vois un peu ! etc.

FIGARO
Oui, mon cœur, etc.

SUSANNA
Oui-da, maintenant je suis satisfaite, etc.

FIGARO
Oui, mon cœur, etc.

SUSANNA, FIGARO
Ah, au matin du jour de noces...

SUSANNA
qu'il va donc plaire à mon tendre époux...

FIGARO
qu'il va donc plaire à ton tendre époux...

SUSANNA, FIGARO
ce joli petit chapeau mignon
que Susanna a fait de ses mains ! etc.

SUSANNA
Que mesures-tu là,
mon cher Figaro?

FIGARO
Je regarde si ce lit
que le Comte nous destine
fera bon effet ici.

SUSANNA
Dans cette chambre?

FIGARO
Oui, Monseigneur
nous la cède généreusement.

SUSANNA
Moi, je n'en veux point!

FIGARO
Et pour quelle raison?

SUSANNA (montrant son front)
Elle est là, ma raison.

FIGARO (même jeu)
Et pourquoi l'empêches-tu
de venir un peu ici?

SUSANNA
C'est que je ne veux pas!
es-tu mon serviteur, on non?

FIGARO
Néanmoins, je ne comprends pas
ce qui te déplaît
dans la plus jolie chambre du palais.

SUSANNA
C'est que je suis Susanna et que tu es bête.

FIGARO
Merci pour le compliment!
Si tu crois qu'ailleurs c'est mieux...

N° 2 : Duettino

FIGARO
Si par hasard la nuit

Madame t'appelle
ding, ding, en deux pas
te voilà rendue.
Et si ensuite c'est le maître
qui me veut, moi,
dong, dong, en trois bonds
je vais le servir !

SUSANNA
Et ainsi, le matin,
ce cher petit comte,
ding, ding, il t'expédie
à trois lieues.
Ding, ding, dong, dong ! Le diable
l'amène à ma porte,
et de là, en trois bonds...

FIGARO
Holà, Susanna, doucement ! etc.

SUSANNA
Et de là, en trois bonds... ding, ding...
Écoute !

FIGARO
Fais vite !

SUSANNA
Si tu veux entendre le reste,
chasse donc ces soupçons qui m'offensent !

FIGARO
Je veux entendre le reste,
mes doutes et mes soupçons me glacent !

SUSANNA
Eh bien, écoute donc et tais-toi.

FIGARO
Dis, que sais-tu?

SUSANNA
Monseigneur le Comte,
fatigué de chasser
les belles des environs,
veut maintenant retrouver le bonheur
dans son château.
Mais ce n'est pas de son épouse, entends-tu,
que l'appétit lui vient.

FIGARO
De qui donc alors?

SUSANNA
De ta petite Susanna.

FIGARO
De toi?

SUSANNA
De moi-même, et il espère
que cette chambre bien placée
sera propice à ses nobles projets.

FIGARO
Bien! Continue.

SUSANNA
Voilà de quelles faveurs il t'honore,
ainsi que ta fiancée.

FIGARO
Regarde un peu cette générosité!

SUSANNA
Attends! tu ne sais pas le meilleur. Don Basilio,
mon maître à chanter et son factotum,
en me donnant ses leçons
me répète cet air tous les jours.

FIGARO
Quoi? Basilio? Le coquin!

SUSANNA
Tandis que toi,
tu penses que ma dot
est le fruit de tes seuls mérites?

FIGARO
Je me flattais en effet de le croire.

SUSANNA
Il la donne
pour obtenir de moi certaines demi-heures
que le droit du seigneur...

FIGARO
Comment? Sur ses terres,
le Comte n'a t-il pas aboli ce droit?

SUSANNA
Certes, mais il s'en repent!

et c'est sur moi qui'l veut le rétablir.

FIGARO
Parfait, voilà qui me plaît!
Le cher et noble Comte!
Nous voulons nous amuser: vous avez trouvé...
(coup de sonnette)

FIGARO
Qui sonne? La Comtesse.

SUSANNA
Adieu, adieu, Figaro, mon joli.

FIGARO
Courage, mon trésor!

SUSANNA
Et toi, sois ingénieux!
(Elle sort.)

FIGARO
(Va et vient dans la chambre
et se frotte les mains.)

Bravo, mon Seigneur et maître! Je commence
à comprendre le mystère...et à voir clair
dans votre projet: à Londres, n'est-ce pas?
Vous ministre, moi courrier, et Susanna.
ambassadrice secrète.
il n'en sera rien, c'est Figaro qui le dit.

N° 3 : Cavatine

FIGARO
Si Monsieur le Comte veut danser,
je serai son guitariste, oui.
S'il veut venir dans mon école,
je lui apprendrai la cabriole.
Je saurai tout, mais doucement !
En dissimulant, je pourrai mieux
découvrir tous ses secrets.
Aiguisant mon talent et le mettant en œuvre,
des piques de-ci, des plaisanteries de-là,
je déjouerai toutes ses machinations !
Si Monsieur le Comte, etc.
(Il sort. Le docteur Bartolo paraît, suivi de
Marcellina, un contrat à la main.)


BARTOLO
Et vous attendez
le jour des noces
pour me parler de cela?

MARCELLINA
Ce n'est pas que j'aie perdu courage,
mon cher docteur:
même pour séparer des fiancés
qui en sont plus loin que ceux-ci,
il suffit souvent d'un prétexte, et il a envers moi,
outre ce contrat, certaines obligations.
je suis au courant.Jl suffit maintenant
d'effrayer Susanna, la persuader habilement
de refuser les avances du comte.
Pour se venger, celui-ci

prendra mon parti
et Figaro sera mon mari.

BARTOLO
(se saisissant du contrat)
Bien, je ferai ce qu'il faut, sans hésiter
dites-mois tout.
(à part)
J'aurai plaisir
à donner ma vieille servante en mariage
à celui qui jadis a fait enlever mon amie.

N° 4 : Air

BARTOLO
La vengeance, ah ! la vengeance
est un plaisir réservé aux sages.
Oublier la honte et les outrages
c'est de la bassesse, de la lâcheté.
Avec de l'astuce, de l'invention,
avec du bon sens, de la jugeotte,
on pourrait... L'affaire est grave,
mais, croyez-moi, elle réussira !
Même s'il faut retourner tout le code,
lire toute la table des matières,
par un mot ambigu ou par un synonyme
on arrivera bien à tout emmêler !
Même s'il faut retourner, etc.
Tout Séville connaît Bartolo,
ce filou de Figaro sera vaincu !
(Il sort.)

MARCELLINA
Tout n'est pas perdu:
il me reste de l'espoir.
(Susanna entre, portant sur les bras une coiffe, un
ruban et une robe.)
Mais Susanna vient: essayons.
feignons de ne pas la remarquer.
(à part, élevant la voix)
Quelle belle perle
il voulait épouser!

SUSANNA (restant dans le fond, à part)
C'est de moi qu'elle parle.

MARCELLINA
Mais enfin, de Figaro
on ne peut attendre mieux:
l'argent fait tout.

SUSANNA (à part)
Quel langage! Heureusement
que chacun la connaît!

MARCELLINA
Ma chère! Bravo! C'est parfait!
Cette modestie du regard,
cette figure dévote,
puis ces.

SUSANNA (à part)
Il vaut mieux m'en aller.

MARCELLINA
Quelle charmante fiancée!

(Susanna et Marcellina se retrouvent à la porte.)

N° 5 : Duettino

MARCELLINA (faisant une révérence)
Je suis votre servante,
brillante Madame !

SUSANNA (faisant une révérence)
Je n'oserais jamais,
piquante Madame !

MARCELLINA (faisant une révérence)
Non, passez la première...

SUSANNA (faisant une révérence)
Non, non, je vous en prie...

MARCELLINA (faisant une révérence)
Non, passez la première...

SUSANNA (faisant une révérence)
Non, non, je vous en prie...

MARCELLINA, SUSANNA (faisant une révérence)
Je connais mon devoir
et sais être polie ! etc.

MARCELLINA (faisant une révérence)
La jeune mariée !

SUSANNA (faisant une révérence)
La dame d'honneur !

MARCELLINA (faisant une révérence)
La belle du Comte !

SUSANNA
L'amour de l'Espagne !

MARCELLINA
Le mérite...

SUSANNA
L'usage...

MARCELLINA
Le rang...

SUSANNA
L'âge...

MARCELLINA
Sur ma foi, je vais faire un esclandre
si je reste plus longtemps ici !

SUSANNA
Cette sorcière décrépite
me fait rire aux éclats !

MARCELLINA (faisant une révérence)
Je suis votre servante, etc.

SUSANNA (faisant une révérence)
Je n'oserais jamais, etc.

MARCELLINA (faisant une révérence)
La jeune mariée ! etc.

SUSANNA (faisant une révérence)
La dame d'honneur ! etc.
(Marcellina sort, ulcérée.)


SUSANNA
Va donc, vieille pédante,
tu t'imagines être docteur
parce que tu as lu deux livres
et tourmenté Madame dans sa jeunesse.
(Elle met la robe sur le fauteuil.)

CHERUBINO (accourant)
Suzon, c'est toi?

SUSANNA
Oui, c'est moi. Que me voulez-vous?

CHERUBINO
Ah, mon cœur! Quelle affaire!

SUSANNA
Votre cœur! Mais qu'est-il arrivé?

CHERUBINO
Hier, le Comte,
me trouvant seul avec Barbarina
m'a renvoyé du château.
Et si la Comtesse,
ma belle marraine,
ne me fait pas grâce, je pars d'ici,
et je ne te verrai plus jamais, Suzon!

SUSANNA
Vous ne me verrez plus! Parfait!
Mais n'est-ce pas pour la Comtesse
que bat secrètement votre cœur?

CHERUBINO
Oh, elle m'inspire trop de respect!
Tu es bien heureuse
de la voir quand tu veux!
Le matin tu l'habilles,
le soir tu la déshabilles, tu lui mets
les aiguilles, les dentelles!
(soupirant)
Ah, si en ton lieu.
mais qu'as-tu là? Dis-moi...

SUSANNA (l'imitant)
A le joli ruban, et la coiffe de nuit
de la si belle marraine...

CHERUBINO
Pour l'amour du ciel, donne-le moi, sœurette,
de grâce donne-le moi.
(lui prenant le ruban des mains.)

SUSANNA
Veux-tu me rendre ce ruban!
(Susanne veut le reprendre, Cherubino se met à
courir autour du fauteuil.)


CHERUBINO
O le cher, le beau, l'heureux ruban!
Moi en vie, tu ne l'auras plus.
(Il couvre le ruban de baisers.)

SUSANNA
(lui courant après, puis s'arrêtant, comme si elle
était fatiguée)

Que signifie cette impertinence?

CHERUBINO
Va-t-en, calme-toi!
pour te récompenser,
voilà une romance de mon invention.
(Il sort une romance de sa poche.)

SUSANNA
Et qu'en ferai-je?

CHERUBINO
La lire à ta maîtresse,
la lire toi-même,
la lire à Barbarina, à Marcellina,
à toutes les dames du palais!

SUSANNA
Pauvre Cherubino, vous perdez la raison?
N° 6 : Air

CHERUBINO
Je ne sais plus qui je suis, ni ce que je fais,
tantôt je suis de feu et tantôt de glace,
toutes les femmes me font changer de couleur,
toutes les femmes me font trembler.
Il n'y a que les mots d'amour ou de plaisir

qui troublent et perturbent mon cœur ;
et c'est un désir d'amour que je ne puis
expliquer, qui me force à parler.
Je ne sais plus qui je suis, etc.
Je parle d'amour en veillant,
je parle d'amour en dormant,
à l'eau, à l'ombre, aux montagnes,
aux fleurs, à l'herbe, aux fontaines,
à l'écho, à l'air, aux vents
qui emportent avec eux
le son de mes cris inutiles.
Je parle d'amour en veillant, etc.
Et si je n'ai personne pour m'entendre,
je me parle d'amour tout seul.
(Cherubino aperçoit le Comte de loin et se cache
derrière le fauteuil.)


LE COMTE
Vite, sellez-moi un cheval!

CHERUBIN
Ah! je suis perdu!

SUSANNA
Quel effroi.

LE COMTE
A la chasse!

SUSANNA
Le Comte!
(Susanna cherche à cacher Cherubino.)
Malheureuse que je suis!

LE COMTE (entrant)
Susanna, comme tu m'as l'air
emue et troublée.

SUSANNA
Monseigneur.veuillez m'excuser.
mais.si jamais.on nous surprend
de grâce, retirez-vous.

LE COMTE
Un instant, et je me retire.
Ecoute.
(Il s'assied sur le fauteuil et prend Susanna par la
main; Susanna se dégage avec vivacité.)


SUSANNA
Je n'entends rien.

LE COMTE
Deux mots seulement. Tu sais
que le roi m'a nommé
ambassadeur à Londres.
Je veux que Figaro m'accompagne.

SUSANNA
Monseigneur, si j'osais.

LE COMTE (se levant)
Parle, parle, ma chère, et avec ce droit
que tu obtiens de moi aujourd'hui pour la vie,
(Il essaye de nouveau de lui prendre la main.)
exige, commande, ordonne.

SUSANNA
Laissez-moi, Monseigneur; je n'exige aucun droit,

je ne veux rien, je n'exige rien...
oh! Que je suis malheureuse!

LE COMTE
Mais non, Susanna, je veux te rendre heureuse!
Tu sais combien je t'aime; Basilio t'a déjà
tout dit, mais écoute.
Si pour un court instant
dans le jardin au crépuscule tu me.
oh, pour cette faveur je paierai...

BASILIO (de la coulisse)
Il vient de partir.

LE COMTE
Qui parle?

SUSANNA
Mon Dieu!

LE COMTE
Sors, et que personne n'entre.

SUSANNA
Puis-je vous laisser seul ici?

BASILIO (comme plus haut)
Il sera chez Madame: Je vais le chercher.

LE COMTE (montrant le fauteuil)
Je vais me cacher là.

SUSANNA
Ne vous cachez pas.

LE COMTE
Tais-toi, et tâche de l'éloigner.
(Le Comte cherche à se cacher derrière le fauteuil:
Susanna se place entre le page et lui. Le comte la
repousse doucement. Elle recule. Le page passe
devant le fauteuil et s'y blottit. Susanna le recouvre
de la robe.)


SUSANNA
Oh! Que faites-vous?

BASILIO (entrant)
Susanna, que le ciel vous bénisse!
Auriez-vous vu le Comte?

SUSANNA
Que voulez-vous que le Comte fasse ici?
Retirez-vous.

BASILIO
Un instant. Ecoutez-moi.
C'est Figaro qui le cherche.

SUSANNA (à part)
Oh ciel!
(haut)
Il cherche celui qui après vous
le hait le plus.

LE COMTE (à part)
Voyons comment il me sert.

BASILIO
Nulle part dans la morale on n'apprend
qu'aimer l'épouse, c'est haïr l'époux.
Quant à l'amour qu'éprouve le Comte pour vous.

SUSANNA
A la porte, malheureux valet
des plaisirs d'un autre. Je me moque
de votre morale,
du Comte et de son amour.

BASILIO
Ne le prenez pas ainsi,
à chacun ses goûts; je pensais
que vous auriez préféré pour amant,
comme toutes les autres,
un seigneur généreux, sage et raisonnable
à un petit jeune homme, à un page.

SUSANNA
A Cherubino!

BASILIO
A Cherubino! ce chérubin d'amour
qui, aujourd'hui dès l'aube,
rôdait ici
pont essayer d'entrer.

SUSANNA
Scélérat!
C'est une calomnie!

BASILIO
C'est calomnier que d'avoir des yeux?
Et cette romance?
Confiez-le moi, je suis votre ami
et je ne dis rien à personne;
elle est pour vous, ou pour Madame.

SUSANNA
(troublée, à part)
Qui diable lui aura appris cela?

BASILIO
A propos, ma fille,
instruisez-le mieux:
à table il la regarde si souvent
et avec tant d'impudence
que, si le Comte le surprend.Et sur ce chapitre,
vous le savez, il est brutal.

SUSANNA
Scélérat!
Et pourquoi venez-vous
répandre de tels mensonges ici?

BASILIO
Moi! Quelle injustice! Je ne vends que ce que j'achète.
à ce qu'ils disent tous
je n'y ajoute pas le moindre mot.

LE COMTE (se montrant)
Quoi, que disent-ils tous?

BASILIO
Quelle surprise!

SUSANNA
Oh ciel!

N° 7 : Terzetto

COMTE
Qu'est-ce que j'entends ! Courez vite
et chassez-moi ce séducteur !

BASILIO
Je suis arrivé bien mal à propos,
pardonnez-moi, monseigneur !

SUSANNA
Quel désastre, pauvre de moi !
Je suis toute glacée de terreur !

COMTE
Courez vite, etc.

BASILIO
Je suis arrivé, etc.

SUSANNA
Quel désastre, etc.
(Elle est à demi évanouie.)

COMTE, BASILIO (la soutenant)
Ah, la pauvre petite s'évanouit !
Mon Dieu, comme son cœur bat !

BASILIO
Là, doucement, sur ce siège...

SUSANNA (revenant à elle)
Où suis-je ? Que vois-je ?
Quelle insolence ! Retirez-vous !

BASILIO
Nous sommes ici pour vous aider,
votre honneur ne risque rien !

COMTE
Nous sommes ici pour t'aider,
ne te trouble pas, mon trésor !

BASILIO
Ah, quant au page, ce que j'ai dit
n'était qu'un simple soupçon !

SUSANNA
C'est une traîtrise, une perfidie,
ne croyez pas cet imposteur ! etc.

COMTE
Que ce freluquet s'en aille ! etc.

SUSANNA, BASILIO
Le pauvre petit !

COMTE
Pauvre petit ? Pauvre petit ?
Mais je l'ai encore surpris !

SUSANNA
Comment ?

BASILIO
Quoi ?

SUSANNA
Quoi ?

BASILIO
Comment ?

SUSANNA, BASILIO
Comment ? Quoi ?

COMTE
Hier, je trouvai close
la porte de ta cousine ;
je frappe ; Barbarina m'ouvre,
anormalement effrayée.
Moi, intrigué par sa mine,
je regarde, je cherche partout,
et en soulevant, tout doucement,
le tapis de la table
je vois le page...
(Il mime son geste en soulevant la robe qui recouvre
Cherubino dans son fauteuil et il l'aperçoit.)

Ah, que vois-je ?

SUSANNA
Ah, sort cruel !

BASILIO
Ah, de mieux en mieux !

COMTE
Madame la Sainte-Nitouche,
je comprends votre manège !

SUSANNA
Il ne pouvait rien arriver de pire !
Mon Dieu, que va-t-il se passer ?

BASILIO
Ainsi font toutes les belles,
la chose n'a rien de nouveau !

LE COMTE
Basilio, allez sur l'heure
quérir Figaro.
Je veux qu'il voie.
(montrant Cherubino, qui reste immobile à sa place)

SUSANNA
Et moi, je veux qu'il écoute: partez d'ici.

LE COMTE (à Basilio)
Restez.
(à Susanna)
Quelle audace! Comment
s'excuser en face de telles preuves?

SUSANNA
L'innocence n'a point besoin d'excuses.

LE COMTE
Et celui-ci, quand est-il venu ici?

SUSANNA
Il était ici
à votre arrivée, il me priait
d'intercéder en sa faveur auprès de
Madame la Comtesse! Votre venue
l'a effrayé, c'est ainsi
qu'il s'est caché dans ce fauteuil.

LE COMTE
Mais lorsque je me suis assis ici
en arrivant dans la chambre.

CHERUBINO
C'est que j'étais derrière le fauteuil.

LE COMTE
Et lorsque je me suis caché derrière le fauteuil?

CHERUBINO
J'en fis doucement le tour et me blottis dedans.

LE COMTE (à Susanna)
Ciel! Il a donc entendu
tout ce que je t'ai dit?

CHERUBINO
J'ai écouté le moins possible.

LE COMTE
Quelle fourberie!

BASILIO
Contenez-vous; il vient des gens.

LE COMTE (à Cherubino)
Et vous, restez ici, petit serpent!

(Il le sort du fauteuil.)
(Figaro, un voile blanc sur le bras. Des paysans et
des paysannes vêtus de blanc jettent devant le
Comte des fleurs qu'ils ont apportées dans de petits paniers.)


N° 8 : Chœur

LE CHŒUR
Joyeuses jeunes filles, jetez des fleurs
devant notre noble seigneur !
Son grand cœur vous conserve intacte
l'exquise pureté d'une plus belle fleur !

LE COMTE (surpris, à Figaro)
Pourquoi cette comédie?

FIGARO (bas à Susanna)
Nous voici à la danse,
aide-moi, mon cœur.

SUSANNA (bas à Figaro)
Je n'ai plus d'espoir.

FIGARO (au Comte)
Monseigneur, ne refusez pas
le tribut que nous apportons
en signe de reconnaissance à celui qui abolit
un droit honni des amants.

LE COMTE
Ce droit n'existe plus; que veut-on encore?

FIGARO
Nous cueillons aujourd'hui les premiers fruits
de votre sagesse: notre mariage
est déjà préparé: il ne vous reste plus
qu'à parer d'un voile blanc,
symbole de la pureté,
la jeune fille que Votre Grâce a épargnée.

LE COMTE (à part)
Diable de stratagème!
Mais il faut jouer le jeu.
(haut)
Merci, mes amis,
de tant de reconnaissance,
mais point de récompense,
point de tribut, point d'éloges.
En abolissant un privilège injuste dans mes terres,
je n'ai fait que rendre leurs droits
à la nature et à l'honneur.

TOUS
Vive le Comte!

SUSANNA
Quelle vertu!

FIGARO
Quelle justice!

LE COMTE (à Figaro et à Susanna)
Je vous ai promis
d'accomplir la cérémonie.
Accordez-moi un instant encore.
En présence de mon peuple fidèle,

je veux enrichir ce bonheur.
(à part)
Qu'on trouve Marcellina.
(haut)
Partez, mes amis.

CHŒUR (en jetant le reste des fleurs)
Jeunes filles en liesse, jetez des fleurs
aux pieds de notre noble seigneur.
Son grand cœur gardera intacte
l'admirable pureté de la fleur la plus belle.
(Ils se retirent.)

FIGARO
Vive le Comte!

SUSANNA
Vive le Comte!

BASILIO
Vive le Comte!

FIGARO (à Cherubino)
Vous n'applaudissez pas?

SUSANNA
Il est triste, le pauvre,
d'avoir été chassé du château par son maître.

FIGARO
Chassé, un jour de fête!

SUSANNA
Un jour de noces!

FIGARO
Quand chacun vous admire!

CHERUBINO (s'agenouillant)
Je vous demande pardon, Monseigneur...

LE COMTE
Vous ne le méritez pas.

SUSANNA
Ce n'est qu'un enfant.

LE COMTE
Pas tant que tu le crois.

CHERUBINO
J'ai mal agi, il est vrai, mais jamais une indiscrétion.

LE COMTE (le relevant)
Bon, bon, je pardonne.
je fais même plus. Dans mon régiment,
une charge d'officier est vacante.
Elle est à vous. Vite maintenant, adieu!
(Le Comte veut partir, Susanna et Figaro le retiennent.)

SUSANNA ET FIGARO
Oh! demain seulement.

LE COMTE
Non! Qu'il parte sur l'heure.

CHERUBINO
Je suis à vos ordres, Monseigneur.

LE COMTE
Allez, pour la dernière fois,
embrasser Susanna.
(à part)
Le coup était inattendu.
(Le Comte et Basilio partent.)
(Cherubino embrasse Susanna, qui demeure confuse.)

FIGARO (à Cherubino)
Hé, Capitaine, vous me donnerez bien la main.
(bas)
Avant de partir,
viens encore me parler.
(haut, simulant la joie)
Adieu, mon petit Cherubino,
comme ton destin a changé brusquement!

N° 9 : Air

FIGARO
Tu n'iras plus, petit papillon amoureux,
tournicoter partout, nuit et jour,
troublant le repos des belles,
jeune Narcisse, Adonis en herbe !
Tu n'auras plus ces belles plumes,
ce chapeau léger et seyant,

cette crinière, cette grande allure,
ce teint vermeil de jeune fille !
Tu n'iras plus, etc.
Parmi les guerriers, morbleu !
Une grande moustache, un sac bien serré,
le fusil au dos, le sabre au côté,
un col droit, l'air désinvolte,
un grand casque ou un grand turban,
beaucoup d'honneur, mais peu d'argent !
Et au lieu du fandango
une marche dans la boue,
à travers monts et vallées,
sous la neige ou la canicule,
au son des tromblons,
des mortiers et des canons
qui font siffler à l'oreille
un constant tonnerre de balles !
Cherubino vers la victoire,
vers la gloire militaire !

(Ils sortent en marchant au pas.)


 
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