Floria Tosca, celebre cantante (soprano) Mario Cavaradossi, pittore (tenore) Il Barone Scarpia, capo della polizia (baritono) Cesare Angelotti (basso) Il Sagrestano (basso) Spoletta, agente di polizia (tenore) Sciarrone, Gendarme (basso) Un carceriere (basso) Un pastore (voce bianca) |
Floria Tosca, célèbre cantatrice (soprano) Mario Cavaradossi, peintre (ténor) Le baron Scarpia, chef de la police (baryton) Cesare Angelotti, prisonnier politique (basse) Spoletta, policier (ténor) Sciarrone, gendarme (basse) Le sacristain (basse) Un geôlier (basse) Un berger (alto enfant ou mezzo-soprano) |
La Chiesa di Sant'Andrea della Valle (A destra la Cappella Attavanti. A sinistra un impalcato; su di esso un gran quadro coperto da tela. Attrezzi vari da pittore. Un paniere. Entra Angelotti vestito da prigioniero, lacero, sfatto, tremante dalla paura, quasi correndo. Dà una rapida occhiata intorno.) ANGELOTTI Ah! Finalmente! Nel terror mio stolto vedea ceffi di birro in ogni volto. (Torna a guardare attentamente intorno a sé con più calma a riconoscere il luogo. Dà un sospiro di sollievo vedendo la colonna con la pila dell'acqua santa e la Madonna.) La pila...la colonna... "A piè della Madonna" mi scrisse mia sorella... (Vi si avvicina, cerca ai piedi della Madonna e ne ritira, con un soffocato grido di gioia, una chiave.) Ecco la chiave, ed ecco la cappella! (Con grande precauzione introduce la chiave nella serratura della Cappella Attavanti, apre la cancellata, penetra nella cappella, richiude e scompare. Il sagrestano entra dal fondo tenendo fra le mani un mazzo di pennelli, e parlando ad alta voce come se rivolgesse la parola a qualcuno.) |
L'église de Sant'Andrea della Valle (La chapelle des Attavanti à droite. À gauche un échafaudage de peintre et un grand tableau, recouvert d'une toile. Des outils de peintre. Un panier placé à terre. Angelotti entre, vêtu d'un costume de prisonnier en loques, les cheveux ébouriffés, à bout de forces, tremblant de peur. Il regarde furtivement autour de lui.) ANGELOTTI Ah ! Enfin ! Dans ma terreur folle je voyais des policiers partout. (Une fois de plus il inspecte les alentours, mais plus calmement maintenant qu'il reconnaît les lieux. Il pousse un soupir de soulagement en voyant la colonne avec les fonts baptismaux et la Madone.) La colonne... Les fonts baptismaux... « Au pied de la statue de la Vierge » ma sœur m'a écrit. (Il s'approche, cherche au pied de la statue et pousse un cri de joie étouffé en découvrant une clé.) Voilà la clé et voilà la chapelle ! (Avec une précaution infinie, il introduit la clé dans la serrure de la Chapelle Attavanti, ouvre la grille, entre, referme la grille et disparaît. Entre le sacristain, venant du fond, portant des pinceaux et parlant à haute voix comme s'il s'adressait à un interlocuteur.) |
SAGRESTANO E sempre lava! Ogni pennello è sozzo peggio d'un collarin d'uno scagnozzo. Signor pittore...Tò! (Guarda verso l'impalcato dove sta il quadro e, vedendolo deserto, esclama sorpreso:) Nessuno. Avrei giurato che fosse ritornato il cavalier Cavaradossi. (Depone i pennelli, sale sull'impalcato, guarda dentro il paniere e dice:) No, sbaglio, il paniere è intatto. (Suona l'Angelus. Il sagrestano si inginocchia e prega sommesso:) Angelus Domini nuntiavit Mariae, et concepit de Spiritu Sancto. Ecce ancilla Domini; fiat mihi secundum Verbum tuum et Verbum caro factum est et habitavit in nobis... (Cavaradossi entra dalla porta laterale e vede il sagrestano in ginocchio.) CAVARADOSSI Che fai? |
SACRISTAIN Toujours nettoyer ! Et chaque pinceau est plus crasseux que la chemise d'un novice. Monsieur le Peintre !... Voilà ! (Il regarde l'échafaudage et le tableau, étonné de ne voir personne.) Personne... J'aurais juré que le chevalier Cavaradossi était de retour. (Il dépose les brosses, inspecte le panier et dit :) Non, je me suis trompé, le panier est intact. (L'Angélus sonne. Le Sacristain s'agenouille et prie à voix basse.) Angelus Domini nuntiavit Mariae, et concepit de Spiritu Sancto. Ecce ancilla Domini ; fiat mihi secundum Verbum tuum et Verbum caro factum est et habitavit in nobis... (Cavaradossi entre et voit le sacristain en prière.) CAVARADOSSI Qu'est-ce que tu fais là ? |
SAGRESTANO (alzandosi) Recito L'Angelus. (Cavaradossi sale sull'impalcato e scopre il quadro. È una Maria Maddalena a grandi occhi azzurri con una gran pioggia di capelli dorati. Il pittore vi sta dinanzi muto, osservando attentamente. Il sagrestano, volgendosi verso Cavaradossi per dirigergli la parola, vede il quadro scoperto e dà un grido di meraviglia.) Sante ampolle! Il suo ritratto! CAVARADOSSI Di chi? SAGRESTANO Di quell'ignota che i dì passati a pregar qui venia. Tutta devota... e pia. (Accenna verso la Madonna dalla quale Angelotti trasse la chiave.) CAVARADOSSI È vero. E tanto ell'era infervorata nella sua preghiera ch'io ne pinsi, non visto, il bel sembiante. SAGRESTANO (fra sé) Fuori, Satana, fuori! |
SACRISTAIN (se levant) Je récite l'Angélus. (Cavaradossi grimpe sur l'échafaudage et dévoile le portrait : c'est une Marie-Madeleine aux grands yeux bleus et un flot de cheveux blonds. Le peintre contemple le tableau en silence, examinant minutieusement son œuvre. Le sacristain se tourne vers Cavaradossi et pousse un cri d'étonnement en voyant le tableau :) Sainte Vierge ! Son portrait ! CAVARADOSSI Qui ? SACRISTAIN Cette jeune inconnue qui vient ici depuis quelques jours pour prier. Quelle dévotion... quelle piété... (Il montre la Madone au pied de laquelle Angelotti a ramassé la clé.) CAVARADOSSI C'est vrai. Elle était si absorbée dans ses prières que j'ai pu la peindre sans qu'elle s'en aperçoive. SACRISTAIN (à part) Arrière, Satan, arrière ! |
CAVARADOSSI Dammi i colori. (Il sagrestano eseguisce. Cavaradossi dipinge con rapidità e si sofferma spesso a riguardare; il sagrestano va e viene, portando una catinella entro la quale continua a lavare i pennelli. A un tratto Cavaradossi si ristà di dipingere; leva di tasca un medaglione contenente una miniatura e gli occhi suoi vanno dal medaglione al quadro.) Recondita armonia di bellezze diverse! È bruna Floria, l'ardente amante mia... SAGRESTANO (fra sé) Scherza coi fanti e lascia stare i santi... CAVARADOSSI E te, beltade ignota... cinta di chiome bionde, tu azzurro hai l'occhio, Tosca ha l'occhio nero! SAGRESTANO (fra sé) Scherza coi fanti e lascia stare i santi... CAVARADOSSI L'arte nel suo mistero le diverse bellezze insiem confonde; ma nel ritrar costei |
CAVARADOSSI Passe-moi les couleurs. (Le sacristain obéit. Cavaradossi peint par touches rapides, s'arrêtant de temps en temps pour regarder son œuvre. Le sacristain va et vient, apporte un récipient pour laver les pinceaux. Brusquement Cavaradossi cesse de peindre. Il tire de sa poche un médaillon où se trouve une miniature et son regard va du portrait au médaillon.) Oh secrète harmonie de deux beautés dissemblables. Floria, mon ardent amour, est brune... SACRISTAIN (à part) Ris avec les démons et laisse les saints... CAVARADOSSI Et vous, beauté mystérieuse, couronnée de tresses blondes, vos yeux sont d'azur, ceux de Tosca noirs. SACRISTAIN (à part) Ris avec les démons et laisse les saints... CAVARADOSSI Mystère de l'art qui se joue de la diversité, mais en la peignant, |
il mio solo pensiero, Tosca, sei tu! SAGRESTANO (fra sé, in disparte) Queste diverse gonne che fanno concorrenza alle Madonne mandan tanfo d'inferno. Scherza coi fanti e lascia stare i santi... Ma con quei cani di volterriani, nemici del santissimo governo, non c'è da metter voce! Scherza coi fanti e lascia stare i santi... Già, sono impenitenti tutti quanti! Facciam piuttosto il segno della croce. (a Cavaradossi) Eccellenza, vado? CAVARADOSSI Fa il tuo piacere! (Continua a dipingere.) SAGRESTANO Pieno è il paniere... Fa penitenza? CAVARADOSSI Fame non ho. SAGRESTANO (con ironia, stropicciandosi le mani) Oh! Mi rincresce! (Non può trattenere un gesto di gioia e uno sguardo di avidità verso il cesto che prende, ponendolo un po' in disparte.) |
c'est à toi seule que je pense, Tosca ! SACRISTAIN (à part) Tous ces cotillons qui rivalisent avec les Madones appellent le démon ! Ris avec les démons et laisse les saints... Mais avec ces chiens d'athées, ennemis du Très Saint Gouvernement, il n'y a pas à discuter. Ris avec les démons et laisse les saints... C'est une bande d'impénitents ! Gardons-nous en faisant le signe de la croix. (à Cavaradossi) Puis-je me retirer, Excellence ? CAVARADOSSI Si tu veux ! (Il reprend sa peinture.) SACRISTAIN Le panier est plein... Faites-vous pénitence ? CAVARADOSSI Je n'ai pas faim. SACRISTAIN (ironique, se frottant les mains) Je le regrette. (Il ne peut retenir un mouvement de joie en jetant un coup d'œil sur le panier plein. Il prend le panier et le pose plus loin.) |
Badi, quand'esce chiuda. CAVARADOSSI Va! SAGRESTANO Vo. (S'allontana per il fondo. Cavaradossi, volgendo le spalle alla cappella, lavora. Angelotti, credendo deserta la chiesa, appare dietro la cancellata e introduce la chiave per aprire.) CAVARADOSSI (al cigolio della serratura si volta) Gente là dentro! (Al movimento fatto da Cavaradossi, Angelotti, atterrito, si arresta come per rifugiarsi ancora nella cappella, ma, alzati gli occhi, un grido di gioia, che egli soffoca tosto, timoroso, erompe dal suo petto. Egli ha riconosciuto il pittore, e gli stende la braccia come ad un aiuto inaspettato.) ANGELOTTI Voi! Cavaradossi! Vi manda Iddio! Non mi ravvisate? Il carcere mi ha dunque assai mutato. CAVARADOSSI (guarda fiso il volto di Angelotti, e, finalmente, lo ravvisa. Depone rapido tavolozza e pennelli. Scende dall'impalcato verso Angelotti guardandosi cauto intorno.) |
N'oubliez pas de fermer la grille en partant. CAVARADOSSI Allons, pars ! SACRISTAIN Je m'en vais. (Il sort par le fond. Cavaradossi, le dos tourné à la chapelle, continue à travailler. Angelotti, croyant l'église déserte, paraît derrière la grille qu'il ouvre avec sa clé.) CAVARADOSSI (se retournant au bruit de la clé) Qui va là ? (Étonné par le mouvement du peintre, Angelotti s'arrête et semble vouloir regagner sa cachette, mais en regardant à nouveau il reconnaît Cavaradossi. Il pousse un cri de joie qu'il tente d'étouffer. Il tend les bras vers le peintre.) ANGELOTTI Toi ! Cavaradossi ! C'est le ciel qui t'envoie ! Ne me reconnais-tu pas ? La prison m'a-t-elle tellement changé ? CAVARADOSSI (regarde Angelotti et se souvient enfin. Il pose sa palette et ses pinceaux et descend de l'échafaudage. Il s'approche d'Angelotti en regardant autour de lui avec précaution.) |
Angelotti! Il Console della spenta repubblica romana! (Corre a chiudere la porta a destra.) ANGELOTTI Fuggii pur ora da Castel Sant'Angelo. CAVARADOSSI Disponete di me. TOSCA (fuori) Mario! (Alla voce di Tosca, Cavaradossi fa un cenno ad Angelotti di tacere.) CAVARADOSSI Celatevi! È una donna gelosa. Un breve istante e la rimando. TOSCA Mario! CAVARADOSSI (verso la porta da dove viene la voce) Eccomi! ANGELOTTI (colto da un accesso di debolezza, si appoggia all'impalcato) Sono stremo di forze; più non reggo. CAVARADOSSI (sale sull'impalcato, ne discende col paniere e, incoraggiando Angelotti, lo spinge verso la cappella) |
Angelotti ! Le Consul de l'ancienne république romaine ! (se dépêche de fermer la porte à droite) ANGELOTTI Je viens de m'évader du château Saint-Ange. CAVARADOSSI Je suis à vos ordres. TOSCA (dehors) Mario ! (En entendant Tosca, Cavaradossi fait signe à Angelotti de se taire.) CAVARADOSSI Cachez-vous ! C'est une femme jalouse. Un moment seulement - je vais la renvoyer. TOSCA Mario ! CAVARADOSSI (se tournant vers la direction de la voix) Voilà ! ANGELOTTI (se sentant mal, s'adosse à l'échafaudage) Je suis à bout ! Je défaille ! CAVARADOSSI (prend le panier de provisions, le donne à Angelotti et le pousse vers la chapelle en lui donnant quelques paroles d'encouragement) |
In questo panier v'è cibo e vino. ANGELOTTI Grazie! CAVARADOSSI Presto! (Angelotti entra nella cappella.) TOSCA (sempre fuori, chiamando stizzita) Mario! Mario! Mario! CAVARADOSSI (apre il cancello) Son qui. TOSCA (entra con una specie di violenza, allontana bruscamente Cavaradossi che vuole abbracciarla, e guarda sospettosa intorno a sé) Perché chiuso? CAVARADOSSI Lo vuole il sagrestano. TOSCA A chi parlavi? CAVARADOSSI A te! TOSCA Altre parole bisbigliavi. |
Il y a des vivres et du vin dans le panier. ANGELOTTI Merci ! CAVARADOSSI Vite ! (Angelotti entre dans la chapelle.) TOSCA (toujours en coulisse, appelle d'une voix impatiente) Mario ! Mario ! Mario ! CAVARADOSSI (ouvrant la grille) Me voici... TOSCA (entre précipitamment, bousculant Cavaradossi qui veut l'embrasser. Elle regarde autour d'elle) Pourquoi t'être enfermé ? CAVARADOSSI C'est le sacristain qui le veut. TOSCA Avec qui parlais-tu ? CAVARADOSSI Avec toi ! TOSCA Tu chuchotais avec quelqu'un. |
Ov'è?... CAVARADOSSI Chi? TOSCA Colei!... Quella donna! Ho udito i lesti passi e un fruscio di vesti... CAVARADOSSI Sogni! TOSCA Lo neghi? CAVARADOSSI (fa per baciarla) Lo nego e t'amo! TOSCA (con dolce rimprovero) Oh! Innanzi la Madonna. No, Mario mio! Lascia pria che la preghi, che l'infiori. (Si avvicina alla Madonna, dispone con arte intorno a essa i fiori che ha portato con sé, s'inginocchia e prega con molta devozione; poi s'alza e dice a Cavaradossi che si è avviato per riprendere il lavoro:) Ora stammi a sentir; stasera canto, ma è spettacolo breve. Tu m'aspetti sull'uscio della scena e alla tua villa andiam soli, soletti. CAVARADOSSI (che fu sempre soprappensiero) Stasera? |
Où est-elle ? CAVARADOSSI Qui ? TOSCA Elle ! Cette femme ! J'ai entendu des pas rapides et le bruissement de sa robe... CAVARADOSSI Tu rêves ! TOSCA Tu le nies ? CAVARADOSSI (s'approchant pour l'embrasser) Je le nie et je t'aime ! TOSCA (avec un doux reproche) Oh non ! Devant la Madone, non, Mario ! D'abord je veux prier et offrir ces fleurs. (Elle s'approche de la statue de la Madone, dépose les fleurs et s'agenouille pour prier ; puis elle se redresse et dit à Mario qui a repris son travail :) Écoute-moi ; ce soir je dois chanter, mais ce ne sera pas long. Attends-moi à l'entrée des artistes, et nous irons ensemble tous les deux à ta villa. CAVARADOSSI (encore distrait et pensif) Ce soir ? |
TOSCA È luna piena e il notturno effluvio floreal inebria il cor. Non sei contento? CAVARADOSSI (ancora un po' distratto e pensieroso) Tanto! TOSCA (colpita da quell'accento) Tornalo a dir! CAVARADOSSI Tanto! TOSCA Lo dici male. Lo dici male. (Va a sedere sulla gradinata presso Cavaradossi.) Non la sospiri, la nostra casetta che tutta ascosa nel verde ci aspetta? Nido a noi sacro, ignoto al mondo inter, pien d'amore e di mister? Al tuo fianco sentire per le silenziose stellate ombre, salir le voci delle cose! Dai boschi e dai roveti, dall'arse erbe, dall'imo dei franti sepolcreti odorosi di timo, la notte escon bisbigli di minuscoli amori |
TOSCA C'est la pleine lune, lorsque le cœur se grise du parfum des fleurs. N'es-tu pas heureux ? CAVARADOSSI (toujours préoccupé) Si, très heureux ! TOSCA (frappée par son ton) Redis-le. CAVARADOSSI Si, très heureux ! TOSCA Tu le dis mal ! (Elle s'assied sur les marches près de Cavaradossi.) N'as-tu pas envie d'être dans notre petite maison qui nous attend, enfouie dans la verdure ? Notre refuge, sacré pour nous et ignoré de tous, plein d'amour et de mystère. J'aime écouter près de toi les voix de la nuit à travers les ombres étoilées ! Dans la forêt et dans les buissons, dans l'herbe sèche, dans les profondeurs des tombes anciennes toutes parfumées de thym, la nuit murmure ses mille chansons d'amour |
e perfidi consigli che ammolliscono i cuori. Fiorite, o campi immensi, palpitate, aure marine, nel lunare albor. Ah... piovete voluttà, volte stellate! Arde in Tosca un folle amor! CAVARADOSSI Ah! M'avvinci nei tuoi lacci, mia sirena... TOSCA Arde a Tosca nel sangue il folle amor! CAVARADOSSI Mia sirena, verrò! TOSCA O mio amore! CAVARADOSSI (guarda verso la parte d'onde uscì Angelotti) Or lasciami al lavoro. TOSCA Mi discacci? CAVARADOSSI Urge l'opra, lo sai. TOSCA Vado! Vado! (Alza gli occhi e vede il quadro.) Chi è quella donna bionda lassù? |
et ses conseils perfides pour adoucir et séduire le cœur. Les fleurs, les prairies tressaillent à la brise marine, dans la lunaire clar té, le désir flotte sous la voûte étoilée, et Tosca brûle d'un amour fou ! CAVARADOSSI Oh ! Sirène, tu m'as envoûté ! TOSCA Le sang de Tosca brûle d'un amour fou ! CAVARADOSSI Oui, sirène, je viendrai ! TOSCA Ô mon amour ! CAVARADOSSI (regarde du côté d'Angelotti) Mais maintenant il me faut travailler. TOSCA Tu me chasses ? CAVARADOSSI Le travail presse, tu le sais. TOSCA Je m'en vais. (Elle lève ses yeux et aperçoit le tableau.) Quelle est cette beauté blonde ? |
CAVARADOSSI La Maddalena. Ti piace? TOSCA È troppo bella! CAVARADOSSI (ridendo) Prezioso elogio! TOSCA (sospettosa) Ridi? Quegli occhi cilestrini già li vidi... CAVARADOSSI (con indifferenza) Ce n'è tanti pel mondo! TOSCA (cercando ricordare) Aspetta... aspetta... È l'Attavanti! CAVARADOSSI Brava! TOSCA (cieca di gelosia) La vedi? T'ama! Tu l'ami? Tu l'ami? CAVARADOSSI Fu puro caso... TOSCA Quei passi e quel bisbiglio... Ah... Qui stava pur ora! |
CAVARADOSSI Marie-Madeleine. Elle te plaît ? TOSCA Elle est trop belle ! CAVARADOSSI (en riant) C'est un précieux éloge ! TOSCA (soupçonneuse) Tu ris ? J'ai déjà vu ces yeux-là... CAVARADOSSI (avec détachement) Ils sont nombreux de par le monde ! TOSCA (cherchant à se souvenir) Attends... Attends... C'est l'Attavanti ! CAVARADOSSI Bravo ! TOSCA (folle de jalousie) Tu la vois ? Elle t'aime ! Tu l'aimes ? CAVARADOSSI Simple coïncidence... TOSCA Ces pas... Ces chuchotements... Elle était là à l'instant... |
CAVARADOSSI Vien via! TOSCA Ah, la civetta! A me, a me! CAVARADOSSI (serio) La vidi ieri, ma fu puro caso... A pregar qui venne... Non visto la ritrassi. TOSCA Giura! CAVARADOSSI Giuro! TOSCA (sempre con gli occhi rivolti al quadro) Come mi guarda fiso! CAVARADOSSI Vien via! TOSCA Di me beffarda, ride. CAVARADOSSI Follia! (La tiene presso di sé, fissandola.) TOSCA (insistente) Ah, quegli occhi... CAVARADOSSI Quale occhio al mondo può star di paro |
CAVARADOSSI Viens ! TOSCA Une amourette ! Me faire cela - à moi ! CAVARADOSSI (sérieusement) Je l'ai vue hier, simple coïncidence... Elle est venue ici se recueillir, sans me montrer, j'ai fixé ses traits. TOSCA Jure-le ! CAVARADOSSI Je le jure ! TOSCA (regardant toujours le tableau) Comme elle me regarde ! CAVARADOSSI Viens ! TOSCA Elle se moque de moi ! Elle me nargue ! CAVARADOSSI Petite sotte ! (Il la tient serrée contre lui en la regardant.) TOSCA (insistant) Oh ! ses yeux... CAVARADOSSI Quels yeux au monde rivalisent |
all'ardente occhio tuo nero? È qui che l'esser mio s'affisa intero, occhio all'amor soave, all'ira fiero... Qual altro al mondo può star di paro all'occhio tuo nero? TOSCA (rapita, appoggiando la testa alla spalla di Cavaradossi) Oh, come la sai bene l'arte di farti amare! (sempre insistendo nella sua idea) Ma, falle gli occhi neri! CAVARADOSSI Mia gelosa! TOSCA SI, lo sento, ti tormento senza posa. CAVARADOSSI Mia gelosa! TOSCA Certa sono del perdono se tu guardi al mio dolor! CAVARADOSSI Mia Tosca idolatrata, ogni cosa in te mi piace - l'ira audace e lo spasimo d'amor! |
avec les tiens, si profonds, si noirs ? Tu es mon idole, tes yeux bouleversants dans l'amour, étincelants dans la colère... Quels autres yeux au monde à côté de tes yeux noirs ? TOSCA (vaincue, laisse tomber sa tête sur l'épaule de son amant) Comme tu sais bien l'art de séduire ! (mais persistant dans son idée) Mais fais-lui des yeux noirs ! CAVARADOSSI Jalouse, ma Tosca est jalouse ! TOSCA Oui, je sais, je te tourmente sans cesse. CAVARADOSSI Jalouse, ma Tosca est jalouse ! TOSCA Tu me pardonnerais si tu savais comme je souffre ! CAVARADOSSI Tosca adorée j'aime tout ce qui est toi tes rages brusques et ton amour haletant. |
TOSCA Certa sono del perdono se tu guardi al mio dolor! Dilla ancora, la parola che consola... dilla ancora! CAVARADOSSI Mia vita, amante inquieta, dirò sempre, "Floria, t'amo!" Ah! l'alma acquieta, sempre "t'amo!" ti dirò! TOSCA (sciogliendosi, paurosa d'esser vinta) Dio! Quante peccata! M'hai tutta spettinata. CAVARADOSSI Or va, lasciami! TOSCA Tu fino a stasera stai fermo al lavoro. E mi prometti: sia caso o fortuna, sia treccia bionda o bruna, a pregar non verrà donna nessuna? CAVARADOSSI Lo giuro, amore! Va! TOSCA Quanto m'affretti! CAVARADOSSI (con dolce rimprovero, vedendo rispuntare la gelosia) Ancora? |
TOSCA Tu me pardonnerais si tu savais comme je souffre ! Redis ces mots-là. Ils me réconfortent. Redis-les. CAVARADOSSI Ma vie, mon amour, ma douce inquiète, je dirai toujours « Floria, je t'aime ». Bannis tes craintes, toujours je dirai « Je t'aime !». TOSCA (se dégage de ses bras pour ne pas faiblir) Ciel ! Quelle honte ! Tu as dénoué ma chevelure ! CAVARADOSSI Maintenant il faut partir ! TOSCA Tu restes ici pour travailler jusqu'à la nuit. Promets-moi que quoi qu'il arrive blonde ou brune, pas une femme ne viendra prier ici. CAVARADOSSI Je le jure ! Maintenant pars ! TOSCA Pourquoi me presser ainsi ! CAVARADOSSI (grondeur, voyant renaître sa jalousie) Quoi, encore ? |
TOSCA (cadendo nelle sue braccia e porgendogli la guancia) No, perdona! CAVARADOSSI (sorridendo) Davanti alla Madonna? TOSCA È tanto buona!... Ma falle gli occhi neri! (Un bacio, e Tosca esce correndo. Appena uscita Tosca, Cavaradossi sta ascoltandone i passi allontanarsi, poi con precauzione socchiude l'uscio e guarda fuori. Visto tutto tranquillo, corre alla cappella. Angelotti appare subito dietro alla cancellata.) CAVARADOSSI (aprendo la cancellata ad Angelotti, che naturalmente ha dovuto sentire il dialogo precedente) È buona la mia Tosca, ma, credente al confessor, nulla tiene celato, ond'io mi tacqui. È cosa più prudente. ANGELOTTI Siam soli? CAVARADOSSI SI. Qual è il vostro disegno? ANGELOTTI A norma degli eventi, uscir di Stato |
TOSCA (le serrant dans ses bras, tendant sa joue) Rien. Pardonne-moi ! CAVARADOSSI (souriant) Devant la Madone ? TOSCA Elle est si bonne ! Mais fais-lui des yeux noirs ! (Un baiser et Tosca part. Cavaradossi écoute le bruit de ses pas qui s'éloignent, puis regarde à travers la porte à demi-ouverte. Assuré de sa solitude, il court vers la chapelle et Angelotti paraît aussitôt derrière la grille.) CAVARADOSSI (ouvrant la grille pour Angelotti, qui, naturellement, a tout entendu) Ma Tosca est bonne, mais obéissant à son confesseur, elle ne sait rien dissimuler. Il valait mieux ne rien lui dire. ANGELOTTI Sommes-nous seuls ? CAVARADOSSI Oui, que comptez-vous faire ? ANGELOTTI Au point où en sont les choses, partir sur le champ |
o star celato in Roma. Mia sorella... CAVARADOSSI L'Attavanti? ANGELOTTI Si; ascose un muliebre abbigliamento là sotto l'altare, vesti, velo, ventaglio. Appena imbruni indosserò quei panni... CAVARADOSSI Or comprendo! Quel fare circospetto e il pregante fervore in giovin donna e bella m'avean messo in sospetto di qualche occulto amor! Or comprendo! Era amor di sorella! ANGELOTTI Tutto ella ha osato onde sottrarmi a Scarpia scellerato! CAVARADOSSI Scarpia? Bigotto satiro che affina colle devote pratiche la foia liber tina e strumento al lascivo talento fa il confessore e il boia! La vita mi costasse, vi salverò! Ma indugiar fino a notte è mal sicuro. |
ou demeurer caché à Rome. Ma sœur... CAVARADOSSI L'Attavanti ? ANGELOTTI Oui. Elle a caché des vêtements de femme sous l'autel : une robe, un voile, un éventail. Quand il fera nuit, je revêtirai ces vêtements. CAVARADOSSI Je comprends maintenant ! Les précautions et les ferventes prières d'une si belle et si jeune fille m'avaient rendu soupçonneux. Je croyais à un amour caché ! Maintenant, je comprends ! C'était de l'amour fraternel ! ANGELOTTI Elle tenterait tout pour me soustraire aux griffes de Scarpia ! CAVARADOSSI Scarpia ! Bigot sadique qui mêle à la religion ses pratiques libertines et joue de ses talents lascifs pour être à la fois le confesseur et le bourreau ! Je vous sauverai, dussé-je y risquer ma vie ! Mais il serait dangereux d'attendre la tombée de la nuit. |
Temo del sole! CAVARADOSSI La cappella mette a un orto mal chiuso, poi c'è un canneto che va lungi pei campi a una mia villa. ANGELOTTI M'è nota. CAVARADOSSI Ecco la chiave; innanzi sera io vi raggiungo; portate con voi le vesti femminili. ANGELOTTI (raccoglie in fascio le vestimenta sotto l'altare) Ch'io le indossi? CAVARADOSSI Per or non monta, il sentier è deserto. ANGELOTTI (per uscire) Addio! CAVARADOSSI (accorrendo verso Angelotti) Se urgesse il periglio, correte al pozzo del giardin. L'acqua è nel fondo, ma a mezzo della canna, un picciol varco guida ad un antro oscuro, rifugio impenetrabile e sicuro! (Un colpo di cannone; i due si guardano agitatissimi.) |
J'ai peur du jour ! CAVARADOSSI La chapelle donne sur un jardin potager : puis il y a des champs déserts qui conduisent à ma villa. ANGELOTTI Oui, je sais. CAVARADOSSI Voici la clé. Je vous rejoindrai avant la nuit. Emportez avec vous ces vêtements de femme. ANGELOTTI (rassemblant les vêtements placés sous l'autel) Dois-je les mettre ? CAVARADOSSI Pas maintenant. Le chemin est désert. ANGELOTTI (en partant) À bientôt ! CAVARADOSSI (courant après lui) Si les choses se gâtent, cachez-vous dans le puits du jardin. L'eau est très basse et, à mi-hauteur, une petite ouverture conduit à une chambre obscure. C'est une cachette sûre et impénétrable. (Un bruit de canon. Les deux hommes se regardent, alarmés.) |
Il cannon del castello! CAVARADOSSI Fu scoperta la fuga! Or Scarpia i suoi sbirri sguinzaglia! ANGELOTTI Addio! CAVARADOSSI (con subita risoluzione) Con voi verrò. Staremo all'erta! ANGELOTTI Odo qualcun! CAVARADOSSI Se ci assalgon, battaglia! (Escono rapidamente dalla cappella. Entra il sagrestano correndo, tutto scalmanato, gridando:) SAGRESTANO Sommo giubilo, Eccellenza! (Guarda verso l'impalcato e rimane sorpreso di non trovarvi neppure questa volta il pittore.) Non c'è più! Ne son dolente! Chi contrista un miscredente si guadagna un'indulgenza! (Accorrono da ogni parte chierici, allievi e cantori della cappella. Tutti costor entrano tumultuosamente.) Tutta qui la cantoria! Presto! (Altri allievi entrano in ritardo e alla fine si radunano tutti.) |
Le canon du château ! CAVARADOSSI Ils ont découver t votre fuite. Maintenant Scarpia va lâcher sa meute ! ANGELOTTI Adieu ! CAVARADOSSI (se décidant soudain) Je vous accompagne. Soyons prudents ! ANGELOTTI Quelqu'un vient ! CAVARADOSSI Si on nous attaque, défendons-nous ! (Ils partent rapidement par la chapelle. Le sacristain entre en courant, très excité.) SACRISTAIN Bonne nouvelle, Excellence ! (Il regarde l'échafaudage, surpris de ne pas voir le peintre.) Il n'est pas là. Cela me chagrine ! Celui qui prie pour un mécréant gagne une indulgence ! (De tous les côtés arrivent des prêtres, des clercs, les chantres de la chapelle. Grand branle-bas.) Tout le chœur est là ! Vite ! (D'autres chanteurs arrivent en se hâtant. Un groupe se forme.) |
ALLIEVI (colla massima confusione) Dove? SAGRESTANO (spinge alcuni chierici) In sagrestia. ALCUNI ALLIEVI Ma che avvenne? SAGRESTANO Nol sapete? Bonaparte...scellerato... Bonaparte... ALTRI Ebben? Che fu? SAGRESTANO Fu spennato, sfracellato e piombato a Belzebù! CORO Chi lo dice? È sogno! È fola! SAGRESTANO È veridica parola; or ne giunse la notizia! CORO Si festeggi la vittoria! SAGRESTANO E questa sera gran fiaccolata, veglia di gala a Palazzo Farnese, |
CLERCS (en grand émoi) Où ? SACRISTAIN (poussant plusieurs prêtres) Dans la sacristie. CLERCS Mais que se passe-t-il ? SACRISTAIN Vous ne savez pas ? Bonaparte... ce bandit... Bonapar te... CLERCS Eh bien, quoi ? SACRISTAIN Il a été plumé et écrasé, envoyé à Belzébuth ! CHŒUR Qui l'a dit ? C'est un rêve ! C'est impossible ! SACRISTAIN C'est la vérité. Nous venons d'apprendre la nouvelle ! CHŒUR Il faut célébrer cette victoire ! SACRISTAIN Et ce soir, grande retraite aux flambeaux ; une soirée de gala au Palais Farnèse, |
ed un'apposita nuova cantata con Floria Tosca! E nelle chiese inni al Signor! Or via a vestirvi, non più clamor! Via, via in sagrestia! CORO (ridendo et gridando) Doppio soldo...Te Deum! Gloria! Viva il Re! Si festeggi la vittoria! ecc. (Le loro grida sono al colmo, allorché una voce ironica tronca bruscamente quella gazzarra volgare di canti e risa. È Scarpia; dietro al lui entrano Spoletta e alcuni sbirri.) SCARPIA Un tal baccano in chiesa! Bel rispetto! SAGRESTANO (balbettando impaurito) Eccellenza, il gran giubilo... SCARPIA Apprestate per il Te Deum. (Tutti s'allontanano mogi; anche il sagrestano fa per cavarsela, ma Scarpia bruscamente lo trattiene.) Tu resta. SAGRESTANO (impaurito) Non mi muovo! SCARPIA (a Spoletta) E tu va, fruga ogni angolo, raccogli |
et une nouvelle cantate pour l'occasion chantée par Floria Tosca ! Et dans les églises des Te Deum ; maintenant, vite, plus de bruit, entrez dans la sacristie ! CHŒUR (riant et criant joyeusement) Double ration... Te Deum... Gloria ! Vive le Roi ! Réjouissons-nous ! etc. (L'excitation est à son comble quand une voix ironique arrête brusquement le tumulte des chansons et des rires. C'est Scarpia ; derrière lui, Spoletta et plusieurs policiers.) SCARPIA Tout ce bruit dans une église ! Quel respect ! SACRISTAIN (bégayant de peur) Monseigneur, cette grande nouvelle... SCARPIA Organisez le Te Deum. (Tous partent, l'air penaud ; le sacristain tente aussi de partir, mais Scarpia le retient brusquement.) Toi, reste-là ! SACRISTAIN (terrifié) Je ne bougerai pas. SCARPIA (à Spoletta) Fouillez dans tous les recoins, |
ogni traccia. SPOLETTA Sta bene! SCARPIA (ad altri sbirri) Occhio alle porte, senza dar sospetti! (al sagrestano) Ora a te... Pesa le tue risposte. Un prigionier di Stato fuggi pur ora da Castel Sant'Angelo... S'è rifugiato qui. SAGRESTANO Misericordia! SCARPIA Forse c'è ancora. Dov'è la cappella degli Attavanti? SAGRESTANO Eccola. (Va al cancello e lo vede socchiuso.) Aperta! Arcangeli! E un'altra chiave! SCARPIA Buon indizio. Entriamo. (Entrano nella cappella, poi ritornano; Scarpia, assai contrariato, ha fra le mani un ventaglio chiuso che agita nervosamente.) Fu grave sbaglio quel colpo di cannone! Il mariuolo |
suivez toutes les pistes. SPOLETTA D'accord. SCARPIA (aux autres policiers) Gardez les portes sans éveiller les soupçons ! (au sacristain) Quant à toi... Pèse bien tes mots. Un prisonnier politique s'est évadé du château Saint-Ange. Il se cache ici. SACRISTAIN Miséricorde ! SCARPIA Il est peut-être encore ici. Où est la chapelle des Attavanti ? SACRISTAIN La voilà. (Il va vers la grille et la trouve entrouverte.) Ouverte ! Miséricorde ! Et avec une autre clé ! SCARPIA C'est bon signe. Entrons. (Ils entrent dans la chapelle. En revenant, Scarpia tient à la main un éventail qu'il agite nerveusement.) Ce fut une grave erreur de tirer ces coups de canon. Le bandit |
spiccato ha il volo, ma lasciò una preda preziosa, un ventaglio. Qual complice il misfatto preparò? (Resta pensieroso, poi guarda attentamente il ventaglio; ad un tratto egli vi accorge uno stemma.) La Marchesa Attavanti! Il suo stemma... (Guarda intorno, scrutando ogni angolo della chiesa; i suoi occhi si arrestano sull'impalcato, sugli arnesi di pittore, sul quadro... e il noto viso dell'Attavanti gli appare riprodotto nel volto della santa.) Il suo ritratto! (al sagrestano) Chi fe' quelle pitture? SAGRESTANO Il cavalier Cavaradossi. SCARPIA Lui! (Uno degli sbirri che seguì Scarpia, torna dalla cappella portando il paniere che Cavaradossi diede ad Angelotti.) SAGRESTANO Numi! Il paniere! SCARPIA (seguitando le sue riflessioni) Lui! L'amante di Tosca! Un uom sospetto! Un volterrian! SAGRESTANO (che andò a guardare il paniere) Vuoto! Vuoto! |
s'est sauvé. Mais il a laissé derrière lui une précieuse pièce à conviction : un éventail. Quel complice a favorisé sa fuite ? (Il médite sur la situation, examinant l'éventail ; tout d'un coup il remarque les armoiries.) La Marquise Attavanti ! C'est son blason... (Il regarde autour de lui, scrutant tous les recoins de l'église... Son regard se pose sur l'échafaudage, les outils du peintre, le tableau... et dans le visage de la Madone il reconnaît les traits de l'Attavanti.) Son portrait ! (au sacristain) Qui peint ce tableau ? SACRISTAIN Le chevalier Cavaradossi. SCARPIA Lui ! (Un des policiers sort de la chapelle portant le panier de provisions donné par Cavaradossi à Angelotti.) SACRISTAIN Dieu ! Le panier ! SCARPIA (poursuivant ses pensées) Lui ! L'amant de Tosca ! Un suspect ! Un révolutionnaire ! SACRISTAIN (regardant dans le panier) Il est vide ! Vide ! |
SCARPIA Che hai detto? (Vede lo sbirro col paniere.) Che fu? SAGRESTANO (prendendo il paniere) Si ritrovò nella cappella questo panier. SCARPIA Tu lo conosci? SAGRESTANO Certo! (esitante e pauroso) È il cesto del pittor...ma...nondimeno... SCARPIA Sputa quello che sai. SAGRESTANO Io lo lasciai ripieno di cibo prelibato... Il pranzo del pittor! SCARPIA (attento, inquirente per scoprir terreno) Avrà pranzato! SAGRESTANO Nella cappella? Non ne avea la chiave, né contava pranzar, disse egli stesso. |
SCARPIA Que dis-tu ? (apercevant l'homme avec le panier) Qu'est-ce que cela ? SACRISTAIN (prenant le panier) On l'a trouvé dans la chapelle. C'est un panier... SCARPIA Tu l'as déjà vu ? SACRISTAIN Certes oui ! (hésitant et effrayé) Il appartient au peintre... mais... SCARPIA Allons ! Dis ce que tu sais. SACRISTAIN Je l'avais rempli d'excellentes choses... C'était le repas du peintre ! SCARPIA (attentif, cherchant de nouveaux détails) Il a donc dû dîner. SACRISTAIN Dans la chapelle ? Il n'avait pas la clé, et il n'avait pas faim. Il me l'a dit. |
Ond'io l'avea già messo al riparo. Libera me Domine! (Mostra dove avea riposto il paniere e ve lo lascia.) SCARPIA (fra sé) Or tutto è chiaro... La provvista del sacrista d'Angelotti fu la preda! (scorgendo Tosca che entra frettolosa) Tosca? Che non mi veda. (Ripara dietro la colonna dov'è la pila dell'acqua benedetta.) Per ridurre un geloso allo sbaraglio Jago ebbe un fazzoletto, ed io un ventaglio! TOSCA (corre al palco sicura di trovare Cavaradossi e rimane sorpresa di non vederlo) Mario! Mario! SAGRESTANO (che si trova ai piedi dell'impalco) Il pittor Cavaradossi? Chi sa dove sia? Svanì, sgattaiolò per sua stregoneria. (Se la svigna.) TOSCA Ingannata? No, no... |
Je pensais en profiter moi-même. Libera me domine ! (Il indique l'endroit où il avait mis le panier et l'y remet.) SCARPIA (à part) C'est très clair... Les provisions du sacristain sont devenues celles d'Angelotti ! (Il aperçoit Tosca qui est entrée précipitamment.) Tosca ! Il ne faut pas qu'elle me voie. (Il se cache derrière les fonts baptismaux.) Pour exploiter la jalousie, à lago un mouchoir, à moi un éventail ! TOSCA (court vers l'échafaudage, certaine d'y trouver Cavaradossi. Elle s'étonne de ne pas l'y voir) Mario ! Mario ! SACRISTAIN (au pied de l'échafaudage) Le peintre Cavaradossi ? Qui sait où il est cet hérétique, et avec qui ? Il est parti, il s'est évanoui par un tour de sorcellerie ! (Il s'éloigne.) TOSCA Il m'a trompée ? Non !... |
Tradirmi egli non può! Tradirmi egli non può! SCARPIA (ha girato la colonna e si presenta a Tosca, sorpresa del suo subito apparire. Intinge le dita nella pila e le offre l'acqua benedetta; fuori suonano le campane che invitano alla chiesa) Tosca divina, la mano mia la vostra aspetta, piccola manina, non per galanteria ma per offrirvi l'acqua benedetta. TOSCA (tocca le dita di Scarpia e si fa il segno della croce) Grazie, Signor! (Poco a poco entrano in chiesa, e vanno nella navata principale, popolani, borghesi, ciociare, trasteverine, soldati, pecorari, ciociari, mendicanti, ecc.; poi un Cardinale, col Capitolo, si reca all'altare maggiore; la folla, rivolta verso l'altare maggiore, si accalca nella navata principale.) SCARPIA Un nobile esempio è il vostro; al cielo piena di santo zelo attingete dell'arte il magistero che la fede ravviva! TOSCA (distratta e pensosa) Bontà vostra. |
Il n'a pas pu me trahir ! SCARPIA (sortant de derrière la colonne, il s'avance vers Tosca. Il trempe ses doigts dans le bénitier et lui offre l'eau bénite. On entend les cloches appelant les fidèles à l'église.) Divine Tosca, ma main attend votre petite main. Non pas par galanterie pure mais pour lui offrir l'eau bénite. TOSCA (touche les doigts de Scarpia et fait le signe de la croix) Merci, sire. (Peu à peu l'église se remplit de fidèles - des gens de toutes conditions, riches et pauvres, citadines et paysans, soldats et mendiants. Puis un cardinal arrive avec la mère supérieure du couvent. Ils se rendent devant l'autel. La foule se masse dans la nef.) SCARPIA Vous êtes un noble exemple. Remplie de zèle religieux, vous ravivez la foi des hommes avec votre talent d'artiste ! TOSCA (distraite et pensive) Vous êtes trop bon ! |
SCARPIA Le pie donne son rare... Voi calcate la scena... (con intenzione) e in chiesa ci venite per pregar. TOSCA (sorpresa) Che intendete? SCARPIA E non fate come certe sfrontate (Indica il ritratto.) che han di Maddalena viso e costumi... e vi trescan d'amore! TOSCA (scatta pronta) Che? D'amore? Le prove! Le prove! SCARPIA (mostra il ventaglio) È arnese di pittore questo? TOSCA (lo afferra) Un ventaglio! Dove stava? SCARPIA Là su quel palco. Qualcun venne certo a sturbar gli amanti ed essa nel fuggir perde le penne! TOSCA (esaminando il ventaglio) La corona! Lo stemma! È l'Attavanti! |
SCARPIA Les femmes vraiment pieuses sont rares... Et vous êtes une artiste... (avec insistance) mais vous venez prier ici. TOSCA (surprise) Je ne sais pas bien... SCARPIA Et vous ne vous conduisez pas comme certaines diablesses, (montrant le tableau) qui se vêtent comme Madeleine mais viennent ici pour une intrigue amoureuse. TOSCA (se cabrant) Quoi ? Une intrigue ? La preuve ! SCARPIA (lui montrant l'éventail) Est-ce là un outil de peintre ? TOSCA (saisissant l'éventail) Un éventail ! Où l'avez-vous trouvé ? SCARPIA Sur l'échafaudage. Quelqu'un a dû surprendre les amoureux et dans sa fuite elle a laissé quelques plumes ! TOSCA (examinant l'éventail) La couronne ! Les armes ! C'est l'Attavanti ! |
Presago sospetto! SCARPIA (fra sé) Ho sortito l'effetto! TOSCA (trattenendo a stento le lagrime, dimentica del luogo e di Scarpia) Ed io venivo a lui tutta dogliosa per dirgli: invan stasera, il ciel s'infosca, l'innamorata Tosca è prigioniera... SCARPIA (fra sé) Già il veleno l'ha rosa! TOSCA ...dei regali tripudi, prigioniera! SCARPIA (fra sé) Già il veleno l'ha rosa! (mellifluo a Tosca) O che v'offende, dolce Signora? Una ribelle lagrima scende sovra le belle guancie e le irrora; dolce Signora, che m'ai v'accora? TOSCA Nulla! SCARPIA (insinuante) Darei la vita |
Oh ! je m'en doutais ! SCARPIA (à part) J'ai fait mon effet ! TOSCA (oubliant et le lieu et Scarpia, cherche à retenir ses larmes) Et je venais tristement lui dire que pour ce soir, c'est vain ; le ciel s'assombrit, l'amoureuse Tosca est prisonnière... SCARPIA (à part) Le poison fait son œuvre ! TOSCA ... prisonnière de la fête royale ! SCARPIA (à part) Le poison fait son œuvre. (gentiment à Tosca) Oh, charmante dame, qu'est-ce qui vous chagrine ? Une larme rebelle a coulé le long de votre joue et l'a mouillée ; oh, charmante dame, me direz-vous ce qui vous tourmente ? TOSCA Rien ! SCARPIA (insidieux) Je donnerais ma vie |
per asciugar quel pianto. TOSCA (non ascoltandolo) Io qui mi struggo e intanto d'altra in braccio le mie smanie deride! SCARPIA (fra sé) Morde il veleno! TOSCA (sempre più crucciosa) Dove son? Potessi coglierli, i traditori. Oh qual sospetto! Ai doppi amori è la villa ricetto! Traditor! Traditor! (con immenso dolore) Oh mio bel nido insozzato di fango! (con pronta risoluzione) Vi piomberò inattesa. (Rivolta al quadro, minacciosa.) Tu non l'avrai stasera. Giuro! SCARPIA (scandalizzato, quasi rimproverandola) In chiesa! TOSCA Dio mio perdona. Egli vede ch'io piango! (Parte in grande agitazione; Scarpia l'accompagna, fingendo di rassicurarla. Appena uscita Tosca, Scarpia ritorna presso la colonna e fa un cenno.) |
pour sécher ces larmes. TOSCA (qui n'écoute pas) Mon cœur est déchiré, et lui, dans les bras d'une autre, trahit mon amour. SCARPIA (à part) Le poison fait son œuvre ! TOSCA (ulcérée) Où sont-ils ? Si je pouvais trouver les traîtres ! Oh horribles soupçons ! Un amour double maintenant se niche dans la villa ! Oh, traître ! (avec désespoir) Mon doux nid éclaboussé de boue ! (fermement) J'irai les démasquer ! (se tourne vers le portrait, menaçante) Tu ne l'auras pas ce soir, je te le jure ! SCARPIA (prenant l'air scandalisé, d'un ton grondeur) Dans l'église ! TOSCA Le Seigneur me pardonnera. Il voit mes larmes ! (Elle sort très agitée. Scarpia l'accompagne, prodiguant faussement des exhortations au calme. Lorsqu'elle est partie, Scarpia revient vers la colonne et fait un signe.) |
SCARPIA (a Spoletta che sbuca di dietro la colonna) Tre sbirri, una carrozza...Presto, seguila dovunque vada, non visto. Provvedi! SPOLETTA Sta bene. Il convegno? SCARPIA Palazzo Farnese! (Spoletta parte rapidamente con tre sbirri.) Va, Tosca! Nel tuo cor s'annida Scarpia!... Va, Tosca! È Scarpia che scioglie a volo il falco della tua gelosia. Quanta promessa nel tuo pronto sospetto! Nel tuo cor s'annida Scarpia!... Va, Tosca! (Scarpia s'inchina e prega al passaggio del Cardinale.) CORO Adjutorum nostrum in nomine Domini qui fecit coelum et terram. Sit nomen Domini benedictum et hoc nunc et usque in saeculum. |
SCARPIA (à Spoletta qui s'avance) Trois hommes et une voiture... Vite, suis-la où qu'elle aille ! Et sois prudent ! SPOLETTA Oui, Sire. Où nous retrouverons-nous ? SCARPIA Au Palais Farnèse ! (Spoletta sort rapidement avec trois hommes.) Va, Tosca ! Scarpia s'infiltrera dans ton cœur ! Va, Tosca ! Scarpia a lâché le faucon de ta jalousie. À tant de doutes la fureur la saisit Scarpia s'infiltrera dans ton cœur ! Va, Tosca ! (Scarpia s'agenouille et prie tandis que passe le cardinal.) CHŒUR Adjutorum nostrum in nomine Domini qui fecit coelum et terram. Sit nomen Domini benedictum et hoc nunc et usque in saeculum. |
SCARPIA A doppia mira tendo il voler, né il capo del ribelle è la più preziosa... Ah, di quegli occhi vittoriosi veder la fiamma illanguidir con spasimo d'amor fra le mie braccia illanguidir d'amor... l'uno al capestro, l'altra fra le mie braccia... CORO Te Deum laudamus: Te Dominum confitemur! (Il canto sacro dal fondo della chiesa scuote Scarpia, come svegliandolo da un sogno. Si rimette, fa il segno della croce guardandosi intorno, e dice:) SCARPIA Tosca, mi fai dimenticare Iddio!... (S'inginocchia e prega devotamente.) CORO, SCARPIA Te aeternum Patrem omnis terra veneratur! |
SCARPIA Je vise maintenant un coup double, et la tête de l'insurgé n'est pas le plus précieux. Ah ! voir dans ces yeux si fiers s'allumer la flamme de la passion... Pour lui, la mort et pour elle, mes bras... CHŒUR Te Deum laudamus ! Te Dominum confitemur ! (Le chant sacré qui monte aux voûtes de l'église fait sursauter Scarpia, comme s'il s'éveillait d'un rêve. Il se reprend, fait le signe de la croix :) SCARPIA Tosca, tu me fais oublier Dieu ! (il s'agenouille et prie avec dévotion.) CHŒUR, SCARPIA Te aeternum Patrem omnis terra veneratur ! |
La camera di Scarpia al piano superiore del Palazzo Farnese (Tavola imbandita. Un'ampia finestra verso il cortile del palazzo. È notte. Scarpia è seduto alla tavola e vi cena. Interrompe a tratti la cena per riflettere. Guarda l'orologio; è smanioso e pensieroso.) SCARPIA Tosca è un buon falco! Certo a quest'ora i miei segugi le due prede azzannano! Doman sul palco vedrà l'aurora Angelotti e il bel Mario al laccio pendere. (Suona un campanello. Entra Sciarrone.) Tosca è a palazzo? SCIARRONE Un ciambellan ne uscia pur ora in traccia. SCARPIA (accenna la finestra) Apri. Tarda è la notte. (Dal piano inferiore ove la Regina di Napoli, Maria Carolina dà una grande festa in onore di Melas, si ode il suonare d'un orchestra.) Alla cantata ancor manca la Diva. E strimpellan gavotte. (a Sciarrone) |
L'appartement de Scarpia à l'étage supérieur du Palais Farnèse. (La table est servie. Par une large baie, on voit la cour du palais. C'est la nuit. Scarpia est à table. De temps en temps il interrompt son repas pour méditer. Il regarde sa montre ; il est mécontent et inquiet.) SCARPIA Tosca est un vrai faucon ! À l'heure qu'il est, mes hommes ont dû trouver leur double proie ! Demain à l'aube on verra Angelotti sur l'échafaud et le beau Mario qui pend, la corde au cou. (Il sonne. Sciarrone entre.) Tosca est-elle au Palais ? SCIARRONE Je viens de dépêcher un chambellan à sa recherche. SCARPIA (indiquant la baie) Ouvre la fenêtre. Il est tard. (On entend un orchestre venant de l'étage inférieur où Maria Carolina, reine de Naples, donne une fête en l'honneur du général Melas.) La Diva n'est pas encore là. Ils jouent des gavottes. (à Sciarrone) Va attendre Tosca dans l'antichambre : |
Tu attenderai la Tosca in sull'entrata. Le dirai ch'io l'aspetto finita la cantata... O meglio... (Si alza e va a scrivere un biglietto.) Le darai questo biglietto. (Sciarrone esce. Scarpia siede ancora a tavola.) Ella verrà per amor del suo Mario! Per amor del suo Mario al piacer mio s'arrenderà. Tal dei profondi amori è la profonda miseria. Ha più for te sapore la conquista violenta che il mellifluo consenso. Io di sospiri e di lattiginose albe lunari poco mi appago. Non so trarre accordi di chitarra, né oròscopo di fior né far l'occhio di pesce, o tubar come tortora! Bramo. La cosa bramata perseguo, me ne sazio e via la getto. Volto a nuova esca. Dio creò diverse beltà, vini diversi. Io vo' gustar quanto più posso dell'opra divina! (Beve. Sciarrone entra.) SCIARRONE Spoletta è giunto. SCARPIA Entri. In buon punto. (Spoletta entra. Scarpia lo interroga senza alzare gli occhi dalla sua cena.) O galantuomo, come andò la caccia? |
dis-lui que je l'attends après qu'elle aura chanté... Ou mieux... (Il se lève et griffonne un mot.) Donne-lui ce mot. (Sciarrone sort. Scarpia se remet à table.) Elle viendra, par amour pour Mario ! Par amour pour lui, elle se donnera à moi. Dans un si profond amour, il y a une grande misère. Je goûte davantage les conquêtes difficiles que les consentements résignés. Les soupirs ou les serments donnés par clair de lune ne me touchent pas. Je n'ai aucun goût pour les guitares ou les horoscopes élaborés, ni pour le flirt et les roucoulements de colombes : je poursuis un désir jusqu'au succès, puis je le rejette. Il me faut une nouvelle proie. Dieu a fait divers types de beauté, comme divers types de vin ; et à tous ces présents divins, je veux goûter pleinement ! (Il boit. Sciarrone entre.) SCIARRONE Spoletta est là. SCARPIA Qu'il entre. Il vient à point nommé ! (Spoletta entre. Scarpia le questionne sans lever la tête.) Dis-moi, mon brave, comment a marché la chasse ? |
SPOLETTA (a parte) Sant'Ignazio m'aiuta! (a Scarpia) Della signora seguimmo la traccia. Giunti a un'erma villetta tra le fratte perduta, ella v'entrò. Ne usci sola ben presto. Allor scavalco lesto il muro del giardin coi miei cagnotti e piombo in casa... SCARPIA Quel bravo Spoletta! SPOLETTA Fiuto! razzolo! frugo! SCARPIA (si avvede dell'indecisione di Spoletta e si leva ritto, pallido d'ira, le ciglia corrugate) Ahi! l'Angelotti? SPOLETTA Non s'è trovato. SCARPIA (furente) Ah cane! Ah traditore! Ceffo di basilisco, alle forche! SPOLETTA Gesù! (cercando scongiurare la collera di Scarpia) |
SPOLETTA (à part) Saint Ignace, assistez-moi ! (à Scarpia) Nous avons suivi la dame jusqu'à une villa isolée cachée au fond des bois. Elle y entra, puis en ressortit, seule. Alors j'ai sauté le mur du jardin avec les chiens et suis entré dans la maison... SCARPIA Bravo, mon bon Spoletta ! SPOLETTA J'ai flairé... j'ai gratté... j'ai fouillé... SCARPIA (voyant l'hésitation de Spoletta, se lève, les sourcils froncés, pâle de rage) Et Angelotti ? SPOLETTA Introuvable ! SCARPIA (furieux) Ah ! Chien ! Traître ! Nid de vipères ! À la potence ! SPOLETTA Jésus ! (cherchant à calmer la colère de Scarpia) |
C'era il pittore... SCARPIA Cavaradossi? SPOLETTA (accenna di sì, ed aggiunge pronto:) Ei sa dove l'altro s'asconde. Ogni suo gesto, ogni accento, tradìa tal beffarda ironia, ch'io lo trassi in arresto! SCARPIA (con sospiro di soddisfazione) Meno male! SPOLETTA (accenna all'anticamera) Egli è là. (Scarpia passeggia, meditando; a un tratto si arresta; dall'aperta finestra odesi la cantata eseguita dai cori nella sala della Regina.) SCARPIA (a Spoletta) Introducete il Cavaliere. (Spoletta esce. A Sciarrone) A me Roberti e Il Giudice del Fisco. (Sciarrone esce. Scarpia siede di nuovo. Spoletta e quattro sbirri introducono Mario Cavaradossi; poi Roberti, esecutore di giustizia, il Giudice del Fisco con uno scrivano e Sciarrone entrano.) CAVARADOSSI (alteramente) Tal violenza! SCARPIA (con studiata cortesia) Cavalier, vi piaccia accomodarvi. |
Le peintre était là... SCARPIA Cavaradossi ? SPOLETTA (faisant signe que oui, enchaîne rapidement) Et il sait où l'autre se cache. Chacun de ses mouvements, son accent, trahissaient une telle fausseté que je l'ai arrêté ! SCARPIA (avec un soupir de satisfaction) C'est déjà cela ! SPOLETTA (indiquant l'antichambre) Il est là. (Scarpia marche de long en large, réfléchissant. Subitement il s'arrête. Par la fenêtre ouverte, on entend la cantate chantée en chœur venant des appartements de la reine.) SCARPIA (à Spoletta) Va chercher le chevalier ! (Spoletta sort. À Sciarrone) Va chercher Roberti et le juge. (Sciarrone sort. Scarpia se rassied. Entrent Spoletta et quatre baillis avec Mario Cavaradossi, puis Roberti, le bourreau, et le juge avec un greffier et Sciarrone.) CAVARADOSSI (dédaigneusement) Quelle violence ! SCARPIA (avec une courtoisie exagérée) Chevalier, prenez la peine de vous asseoir. |
CAVARADOSSI Vo' saper... SCARPIA (accennando una sedia al lato opposto della tavola) Sedete. CAVARADOSSI (rifiutando) Aspetto. SCARPIA E sia. V'è noto che un prigione... (Odesi la voce di Tosca che prende parte alla cantata.) CAVARADOSSI La sua voce! SCARPIA (che si era interrotto all'udire la voce di Tosca) V'è noto che un prigione oggi è fuggito da Castel Sant'Angelo? CAVARADOSSI Ignoro. SCARPIA Eppur, si pretende che voi l'abbiate accolto in Sant'Andrea, provvisto di cibo e di vesti... CAVARADOSSI (risoluto) Menzogna! |
CAVARADOSSI Je veux savoir... SCARPIA (montrant une chaise de l'autre côté de la table) Asseyez-vous. CAVARADOSSI (refusant) Je resterai debout. SCARPIA À votre aise. Savez-vous qu'un prisonnier... (On entend chanter Tosca.) CAVARADOSSI Sa voix ! SCARPIA (qui s'est tu en entendant Tosca) Savez-vous qu'un prisonnier s'est évadé aujourd'hui du château Saint-Ange ? CAVARADOSSI Non, je l'ignorais. SCARPIA Et pourtant on m'a certifié que vous l'avez rencontré à Saint-André, lui donnant de la nourriture, des vêtements... CAVARADOSSI (sans broncher) Ce sont des mensonges. |
SCARPIA (continuando a mantenersi calmo) ... e guidato ad un vostro podere suburbano. CAVARADOSSI Nego. Le prove? SCARPIA (mellifluo) Un suddito fedele... CAVARADOSSI Al fatto. Chi m'accusa? I vostri sbirri invan frugar la villa. SCARPIA Segno che è ben celato. CAVARADOSSI Sospetti di spia! SPOLETTA (offeso) Alle nostre ricerche egli rideva... CAVARADOSSI E rido ancor. E rido ancor! SCARPIA (con accento severo) Questo è luogo di lagrime! Badate! Or basta! Rispondete! (Si alza e chiude stizzito la finestra per non essere disturbato dai canti che hanno luogo al piano sottostante; poi si volge imperioso a Cavaradossi:) |
SCARPIA (restant calme) ... et vous l'avez conduit dans une maison de banlieue vous appartenant. CAVARADOSSI Je nie tout cela. Où sont vos preuves ? SCARPIA (mielleux) Un serviteur fidèle... CAVARADOSSI Des faits ! Qui m'accuse ? Vos espions ont vainement fouillé ma villa. SCARPIA Preuve qu'il est bien caché ! CAVARADOSSI Suppositions d'espion ! SPOLETTA (offusqué) Il a ri de nos questions... CAVARADOSSI Et j'en ris encore... SCARPIA (sévèrement) Attention ! Ici on pleure ! En voilà assez ! Réponds ! (Il se lève, furieux, et ferme la fenêtre pour ne plus entendre la musique. Se tournant résolument vers Cavaradossi.) |
Ov'è Angelotti? CAVARADOSSI Non lo so. SCARPIA Negate avergli dato cibo? CAVARADOSSI Nego! SCARPIA E vesti? CAVARADOSSI Nego! SCARPIA Ed asilo nella villa? E che là sia nascosto? CAVARADOSSI (con forza) Nego! Nego! SCARPIA (astutamente, ritornando calmo) Via, Cavaliere, riflettete: saggia non è cotesta ostinatezza vostra. Angoscia grande, pronta confessione eviterà! Io vi consiglio, dite: Dov'è dunque Angelotti? CAVARADOSSI Non lo so. |
Où est Angelotti ? CAVARADOSSI Je ne sais pas. SCARPIA Tu nies l'avoir nourri ? CAVARADOSSI Je le nie ! SCARPIA Et vêtu ? CAVARADOSSI Je le nie ! SCARPIA Et lui avoir donné asile à la villa ? Et qu'il y est caché ? CAVARADOSSI (avec véhémence) Je le nie ! Je le nie ! SCARPIA (habilement, retrouvant son calme) Allons, Chevalier, réfléchissez votre entêtement est maladroit. Des aveux rapides vous éviteront bien des tortures. Croyez-moi, avouez. Où est Angelotti ? CAVARADOSSI Je ne sais pas ! |
SCARPIA Ancor l'ultima volta. Dov'è? CAVARADOSSI Nol so! SPOLETTA (fra sé) O bei tratti di corda! (Tosca entra affannosa.) SCARPIA (fra sé) Eccola! TOSCA (vede Cavaradossi e corre ad abbracciarlo) Mario, tu qui? CAVARADOSSI (sommessamente) Di quanto là vedesti, taci, o m'uccidi! (Tosca accenna che ha capito.) SCARPIA (con solennità) Mario Cavaradossi, qual testimone il Giudice vi aspetta. (a Roberti) Pria le forme ordinarie. Indi... ai miei cenni. (Sciarrone apre l'uscio che dà alla camera della tortura. Il Giudice vi entra e gli altri lo seguono. Spoletta si ritira presso alla porta in fondo alla sala. Tosca e Scarpia rimangono soli.) SCARPIA Ed or fra noi parliam da buoni amici. |
SCARPIA Attention ! Pour la dernière fois, où est-il ? CAVARADOSSI Je ne sais pas ! SPOLETTA (à part) Il mériterait la corde. (Tosca entre, essoufflée.) SCARPIA (à part) La voici ! TOSCA (apercevant Cavaradossi, se précipite pour l'embrasser) Mario, toi, ici ! CAVARADOSSI (à voix basse) Ne dis rien de ce que tu as vu. Tu me tuerais ! (Tosca indique qu'elle a compris.) SCARPIA (solennel) Mario Cavaradossi, le juge attend vos révélations. (à Roberti) Les formalités habituelles d'abord. Et puis... Je vous le dirai. (Sciarrone ouvre la porte de la chambre des tortures. Le juge sort, suivi des autres. Spoletta se place devant la porte au fond de la pièce. Tosca et Scarpia demeurent seuls.) SCARPIA Nous allons parler comme de bons amis. |
Via quell'aria sgomentata. TOSCA (con calma studiata) Sgomento alcun non ho. SCARPIA La storia del ventaglio? (Passa dietro al canapè sul quale si è seduta Tosca e vi si appoggia, parlando sempre con galanteria.) TOSCA (con simulata indifferenza) Fu sciocca gelosia. SCARPIA L'Attavanti non era dunque alla villa? TOSCA No, egli era solo. SCARPIA Solo? Ne siete ben sicura? TOSCA Nulla sfugge ai gelosi. Solo! Solo! SCARPIA (prende una sedia, la porta di fronte a Tosca, vi si siede e la guarda fissamente) Davver? TOSCA (irritata) Solo, sì! |
Allons, n'ayez pas si peur. TOSCA (avec un calme voulu) Je ne crains rien. SCARPIA Cette histoire d'éventail ? (Il se met derrière le divan sur lequel Tosca est assise et s'y appuie, parlant avec une grande courtoisie.) TOSCA (avec une indifférence simulée) Une jalousie stupide ! SCARPIA L'Attavanti n'était donc pas à la villa ? TOSCA Non, il était seul. SCARPIA Seul ? En êtes-vous certaine ? TOSCA Rien n'échappe à une femme jalouse. Il était seul. SCARPIA (prend une chaise et la place en face de Tosca. Il s'assied et la dévisage.) Vraiment ! TOSCA (irritée) Seul ! Oui ! |
SCARPIA Quanto fuoco! Par che abbiate paura di tradirvi. (a Sciarrone) Sciarrone, che dice il Cavalier? SCIARRONE (apparendo) Nega. SCARPIA (a voce più alta verso l'uscio aperto) Insistiamo. (Sciarrone riparte e chiude l'uscio.) TOSCA (ridendo) Oh, è inutil! SCARPIA (serio, passeggiando) Lo vedremo, signora. TOSCA Dunque per compiacervi si dovrebbe mentir? SCARPIA No, ma il vero potrebbe abbreviargli un ora assai penosa... TOSCA (sorpresa) Un'ora penosa? Che vuol dir? Che avviene in quella stanza? |
SCARPIA Comme vous dites cela ! On dirait que vous craignez de trahir quelque secret. (à Sciarrone) Sciarrone, que dit le Chevalier ? SCIARRONE (paraissant) Il nie. SCARPIA (haussant le ton et se tournant vers la porte ouverte) Insistez ! (Sciarrone sort et ferme la porte.) TOSCA (souriant) Oh ! c'est inutile ! SCARPIA (gravement, faisant les cent pas) Nous verrons, Madame ! TOSCA Pour vous plaire, faut-il donc mentir ? SCARPIA Non, mais la vérité pourrait abréger un moment très pénible pour lui... TOSCA (surprise) Un moment pénible ? Que voulez-vous dire ? Que se passe-t-il derrière cette porte ? |
SCARPIA È forza che si adempia la legge. TOSCA Oh, Dio! Che avvien, che avvien, che avvien?... SCARPIA Legato mani e piè il vostro amante ha un cerchio uncinato alle tempia che ad ogni niego ne sprizza sangue senza mercé! TOSCA (balza in piedi) Non è ver, non è ver! Sogghigno di demone! (Sente un gemito prolungato di Cavaradossi.) Un gemito? Pietà...pietà!... SCARPIA Sta in voi di salvarlo. TOSCA Ebben, ma cessate, cessate! SCARPIA (gridando) Sciarrone, sciogliete. SCIARRONE (appare) Tutto? SCARPIA Tutto. (Sciarrone entra di nuovo nella camera della tortura, chiudendo.) Ed or, la verità! |
Il faut faire respecter la loi. TOSCA Oh ! Dieu ! Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ? SCARPIA Pieds et poings liés, votre amant a un anneau de fer sur son front et le sang gicle à chaque dénégation. TOSCA (se levant d'un bond) C'est faux ! C'est faux ! Horrible démon ! (On entend un gémissement prolongé poussé par Cavaradossi.) Il gémit ! Pitié ! Pitié ! SCARPIA Il ne tient qu'à vous de le sauver ! TOSCA J'accepte. Mais cessez de le torturer ! SCARPIA (appelant) Sciarrone, arrête ! SCIARRONE (paraissant) Tout ? SCARPIA Tout. (Sciarrone regagne la chambre des tortures et referme la porte.) Et maintenant - la vérité ! |
TOSCA Ch'io lo veda! SCARPIA No! TOSCA (riesce ad avvicinarsi all'uscio) Mario! LA VOCE DI CAVARADOSSI Tosca! TOSCA Ti straziano ancora? LA VOCE DI CAVARADOSSI No, coraggio! Taci, taci, sprezzo il dolor! SCARPIA Orsù, Tosca, parlate. TOSCA (rinfrancata dalle parole di Mario) Non so nulla! SCARPIA Non vale quella prova? Roberti, ripigliamo... TOSCA (si mette fra Scarpia e l'uscio per impedire che dia l'ordine) No! Fermate! |
TOSCA Je veux le voir ! SCARPIA Non ! TOSCA (parvient à approcher de la porte) Mario ! LA VOIX DE CAVARADOSSI Tosca ! TOSCA Te torturent-ils encore ?... CAVARADOSSI Non, courage ! La torture ne me fait pas peur. SCARPIA Allons, Tosca, parlez ! TOSCA (fortifiée par les paroles de Cavaradossi) Je ne sais rien ! SCARPIA Cela ne vous suffit pas ? Roberti, continuez... TOSCA (se plaçant entre Scarpia et la porte) Non ! Assez ! |
SCARPIA Voi parlerete? TOSCA No, no! Ah!... mostro... Lo strazi, lo uccidi! SCARPIA Lo strazia quel vostro silenzio assai più. TOSCA Tu ridi all'orrida pena? SCARPIA (con feroce ironia) Mai Tosca alla scena più tragica fu! (a Spoletta) Aprite le porte che n'oda i lamenti! (Spoletta apre l'uscio e sta ritto sulla soglia.) LA VOCE DI CAVARADOSSI Vi sfido! SCARPIA Più forte! Più forte!... LA VOCE DI CAVARADOSSI Vi sfido! SCARPIA (a Tosca) Parlate... |
SCARPIA Parlez ! TOSCA Non, non ! Monstre ! Vous le tuez ! SCARPIA C'est votre silence qui le tuera ! TOSCA Monstre, vous riez devant ces horribles tortures ! SCARPIA (ironique) Tosca n'a jamais été aussi tragique sur scène ! (à Spoletta) Ouvre la porte, qu'elle l'entende gémir ! (Spoletta ouvre la porte et reste sur le seuil.) LA VOIX DE CAVARADOSSI Je vous défie. SCARPIA Plus fort ! Plus fort ! LA VOIX DE CAVARADOSSI Je vous défie tous ! SCARPIA (à Tosca) Parlez ! |
TOSCA Che dire? SCARPIA Su, via... TOSCA Ah, non so nulla! Ah! Dovrei mentir? SCARPIA Dite, dov'è Angelotti? TOSCA No! No! SCARPIA Parlate su, via, dove celato sta? Su via, parlate, ov'è? TOSCA Più non posso! Ah! Che orror! Cessate il martir!...È troppo soffrir... Ah, non posso più...ah, non posso più! LA VOCE DI CAVARADOSSI Ahimè! TOSCA (si rivolge ancora supplichevole a Scarpia, il quale fa cenno a Spoletta di lasciare avvicinare Tosca; essa va presso all'uscio aperto ed esterrefatta alla vista dell'orribile scena, si rivolge a Cavaradossi col massimo dolore:) |
TOSCA Que puis-je dire ? SCARPIA Allons, parlez... TOSCA Je ne sais rien ! Faut-il mentir ? SCARPIA Où est Angelotti ? TOSCA Non ! Non ! SCARPIA Allons, parlez ! Où se cache-t-il ? TOSCA Je n'en puis plus ! Quelle horreur ! Cessez ce martyre !... C'est plus que je ne puis supporter... Je n'en puis plus... plus ! LA VOIX DE CAVARADOSSI Ah ! TOSCA (se tourne suppliante vers Scarpia qui fait signe à Spoletta de la laisser approcher. Elle va vers la porte ouverte, vaincue par la scène qu'elle voit. Elle s'adresse à Cavaradossi d'une voix angoissée.) |
Mario, consenti ch'io parli? LA VOCE DI CAVARADOSSI No. No. TOSCA (con insistenza) Ascolta, non posso più... LA VOCE DI CAVARADOSSI Stolta, che sai? Che puoi dir? SCARPIA (irritatissimo per le parole di Cavaradossi, grida terribile a Spoletta:) Ma fatelo tacere! (Spoletta entra nella camera della tortura e n'esce poco dopo, mentre Tosca, vinta dalla terribile commozione, cade prostrata sul canapè. Con voce singhiozzante si rivolge a Scarpia che sta impassibile e silenzioso. Intanto Spoletta brontola preghiere sottovoce: Judex ergo cum sedebit quidquid latet apparebit nil inultum remanebit.) TOSCA Che v'ho fatto in vita mia? Son io che cosi torturate! Torturate l'anima... (Scoppia in singhiozzi strazianti.) Si, l'anima mi torturate! |
Mario, permets moi de parler ! LA VOIX DE CAVARADOSSI Non ! TOSCA (plaidant) Écoute-moi, je n'en puis plus... LA VOIX DE CAVARADOSSI Imbécile ! Que sais-tu et que peux-tu dire ? SCARPIA (furieux, hurle à Spoletta) Fais-le taire ! (Spoletta entre dans la chambre des tortures, reparaissant bientôt. Tosca, vaincue par l'émotion, s'est effondrée sur le divan en sanglotant. Elle se tourne vers Scarpia. Il reste silencieux, impassible tandis que Spoletta murmure une prière : Judex ergo cum sedebit quidquid latet apparebit nil inultum remanebit.) TOSCA Que vous ai-je fait ? : C'est moi que vous torturez. Vous torturez mon âme... (Elle éclate en sanglots.) Oui, vous torturez mon âme ! |
SPOLETTA (continua a pregare:) Nil inultum remanebit! (Scarpia, profittando dell'accasciamento di Tosca, va presso la camera di tortura e fa cenno di ricominciare il supplizio. Un grido orribile si fa udire. Tosca si alza di scatto e subito con voce soffocata dice rapidamente a Scarpia:) TOSCA Nel pozzo...nel giardino... SCARPIA Là è Angelotti? TOSCA Sì. SCARPIA (forte, verso la camera della tortura) Basta, Roberti. SCIARRONE (che ha aperto l'uscio) È svenuto! TOSCA (a Scarpia) Assassino! Voglio vederlo. SCARPIA Portatelo qui! (Sciarrone rientra e subito appare Cavaradossi svenuto, portato dai birri che lo depongono sul canapè. Tosca corre a lui, ma l'orrore della vista dell'amante insanguinato è così forte, ch'essa, |
SPOLETTA (continuant à prier) Nil inultum remanebit ! (Scarpia profitant du moment de faiblesse de Tosca s'approche de la chambre des tortures et fait signe de continuer. On entend un cri déchirant.) TOSCA Dans le puits, dans le jardin... SCARPIA Angelotti est là ? TOSCA Oui. SCARPIA (très fort dans la direction de la chambre des tortures) Roberti, arrête. SCIARRONE (ouvrant la porte) Il s'est évanoui ! TOSCA (à Scarpia) Assassin ! Je veux le voir ! SCARPIA Amenez-le ici ! (Sciarrone reparaît suivi de deux gardes amenant Cavaradossi à demi évanoui. On le met sur le divan. Tosca court à lui mais en voyant son amant couvert de sang, elle porte ses mains à son visage |
sgomentata, si copre il volto. Poi, vergognosa di questa sua debolezza, si inginocchia presso di lui, baciandolo e piangendo. Sciarrone, Roberti, il giudice e lo scrivano escono dal fondo, mentre, ad un cenno di Scarpia, Spoletta ed i birri si fermano.) CAVARADOSSI (riavendosi) Floria! TOSCA (coprendolo di baci) Amore... CAVARADOSSI Sei tu? TOSCA Quanto hai penato, anima mia! Ma il giusto Iddio lo punirà! CAVARADOSSI Tosca, hai parlato? TOSCA No, amor... CAVARADOSSI Davvero? TOSCA No! |
pour effacer la vision. Puis, honteuse de sa faiblesse, elle s'agenouille devant Cavaradossi et l'embrasse en pleurant. Sciarrone, Roberti, le juge et le greffier sortent au fond. Sur un signe de Scarpia, Spoletta et les gardes restent.) CAVARADOSSI (revenant à lui) Floria ! TOSCA (l'embrassant) Mon amour ! CAVARADOSSI Est-ce toi ? TOSCA Comme tu as souffert, corps et âme ! Mais ce horrible espion va payer ! CAVARADOSSI Tosca, as-tu parlé ? TOSCA Non, mon amour... CAVARADOSSI Bien vrai ? TOSCA Non ! |
SCARPIA (forte, a Spoletta) Nel pozzo... del giardino. Va, Spoletta. (Spoletta esce; Cavaradossi, che ha udito, si leva minaccioso contro Tosca; poi le forze lo abbandonano e si lascia cadere sul canapè, esclamando con rimprovero pieno di amarezza verso Tosca:) CAVARADOSSI Ah! M'hai tradito! TOSCA (supplichevole) Mario! CAVARADOSSI (respinge Tosca che si era abbracciata a lui) Maledetta! TOSCA (supplichevole) Mario! SCIARRONE (irrompe tutto affannoso) Eccellenza, quali nuove! SCARPIA (sorpreso) Che vuol dir quell'aria afflitta? SCIARRONE Un messaggio di sconfitta! SCARPIA Che sconfitta? Come? Dove? |
SCARPIA (haut à Spoletta) Dans le puits, au fond du jardin. Va, Spoletta. (Spoletta sort. Cavaradossi a entendu. Il se met brusquement debout menaçant Tosca. Mais ses forces le trahissent et il s'écroule sur le divan en reprochant avec amertume ses paroles à Tosca.) CAVARADOSSI Ah ! Tu m'as trahi ! TOSCA (suppliant) Mario ! CAVARADOSSI (la repoussant) Sois maudite ! TOSCA (suppliant) Mario ! SCIARRONE (entre brusquement, très agité) Une mauvaise nouvelle, Excellence. SCARPIA (surpris) Que veut dire cet air affligé ? SCIARRONE L'annonce de la défaite ! SCARPIA Quelle défaite ?... Où ?... Comment ? |
SCIARRONE A Marengo. SCARPIA (impaziente) Tartaruga! SCIARRONE Bonapar te è vincitor! SCARPIA Melas? SCIARRONE No, Melas è in fuga! (Cavaradossi, che con ansia crescente ha udito le parole di Sciarrone, trova nel proprio entusiasmo la forza di alzarsi minaccioso in faccia a Scarpia.) CAVARADOSSI Vittoria! Vittoria! L'alba vindice appar che fa gli empi tremar! Libertà sorge, crollan tirannidi! TOSCA (cercando disperatamente di calmarlo) Mario, taci! Pietà di me! CAVARADOSSI Del soffer to mar tir me vedrai qui gioir... Il tuo cor trema, |
SCIARRONE À Marengo ! SCARPIA (impatient) Crétin ! SCIARRONE Bonaparte est victorieux. SCARPIA Et Melas ? SCIARRONE Il est en fuite ! (Cavaradossi écoute avec une anxiété grandissante les paroles de Sciarrone ; il trouve dans sa joie la force de se lever et de menacer Scarpia.) CAVARADOSSI Victoire ! Victoire ! L'aube de la vengeance se lève pour écraser les méchants ! La liberté revient, les tyrans tremblent. TOSCA (tentant désespérément de le calmer) Mario, calme-toi ! Aie pitié de moi ! CAVARADOSSI Maintenant je me réjouis dans ma souffrance... Et ton cœur tressaille, |
o Scarpia carnefice! (Tosca, aggrappandosi a Cavaradossi, tenta, con parole interrotte, di farlo tacere, mentre Scarpia risponde a Cavaradossi con un sarcastico sorriso.) SCARPIA Braveggia, urla! T'affretta a palesarmi il fondo dell'alma ria! Va, moribondo, il capestro t'aspetta! (Grida agli sbirri:) Portatemelo via! (Sciarrone e gli sbirri s'impossessano di Cavaradossi, e lo trascinano verso la porta. Tosca, con un supremo sforzo, tenta di tenersi stretta a Cavaradossi, ma invano; essa è brutalmente respinta.) TOSCA Ah, Mario! Mario! con te... con te... SCARPIA Voi no! (La porta si chiude e rimangono solamente Scarpia e Tosca.) TOSCA (con un gemito) Salvatelo! SCARPIA Io?... Voi! (Si avvicina alla tavola, vede la sua cena lasciata a mezzo, e ritorna calmo a sorridente.) |
bourreau, Scarpia ! (Tosca tente de calmer Cavaradossi par des mots sans suite, tandis que Scarpia répond avec un sourire sarcastique.) SCARPIA Allons, menace ! Hurle ! Déverse le fond de ton âme flétrie ! Va, tu vas mourir, le peloton t'attend ! (hurle aux gardes) Emmenez-le ! (Sciarrone et ses hommes s'emparent de Cavaradossi et l'entraînent vers la porte. Tosca tente vainement de le retenir, mais les hommes la repoussent brusquement.) TOSCA Mario, pas sans moi... SCARPIA Pas vous ! (La porte se referme. Scarpia reste seul avec Tosca.) TOSCA (dans un gémissement) Sauvez-le. SCARPIA Moi ? Plutôt vous ! (Il s'approche de la table, voit son souper inachevé, et, très calme maintenant, il sourit.) |
La povera mia cena fu interrotta. (Vede Tosca abbattuta, immobile, ancora presso la porta.) Cosi accasciata? Via, mia bella signora, sedete qui. Volete che cerchiamo insieme il modo di salvarlo? (Tosca si scuote e lo guarda; Scarpia sorride sempre e si siede, accennando in pari tempo di sedere a Tosca.) E allor sedete, e favelliamo. E intanto un sorso. È vin di Spagna. (Riempie il bicchiere e lo porge a Tosca.) Un sorso per rincorarvi. TOSCA (fissando sempre Scarpia si avvicina lentamente alla tavola, siede risoluta di fronte a Scarpia; poi coll'accento del più profondo disprezzo gli chiede:) Quanto? SCARPIA (imperturbabile, versandosi da bere) Quanto? (Ride.) TOSCA Il prezzo! SCARPIA Già, mi dicon venal, ma a donna bella, no, no, io non mi vendo a prezzo di moneta. Se la giurata fede debbo tradir, ne voglio altra mercede. |
Mon pauvre souper a été interrompu. (Il voit Tosca abattue, immobile, toujours près de la porte.) Vous êtes lasse ! Venez, belle dame, asseyez-vous là ; nous chercherons ensemble le moyen de le sauver. (Tosca secoue la tête et le regarde. Scarpia, toujours souriant, s'assied et l'invite à en faire autant.) Allons, asseyez-vous et parlons. Un doigt de vin. Il vient d'Espagne. (Il emplit un verre qu'il lui tend.) Une gorgée pour vous remettre. TOSCA (Les yeux fixés sur Scarpia, elle s'approche de la table. Elle s'assied résolument en face de lui, puis d'un ton de profond mépris, elle demande :) Combien ? SCARPIA (imperturbable, se versant à boire) Combien ? (Il éclate de rire.) TOSCA Votre prix ! SCARPIA Oui, on dit que je suis vénal et pourtant ce n'est pas pour de l'argent que je me vends aux belles femmes. Je cherche une autre récompense si je dois trahir ma foi. |
Quest'ora io l'attendeva! Già mi struggea l'amor della diva! Ma poc'anzi ti mirai qual non ti vidi mai! Quel tuo pianto era lava ai sensi miei e il tuo sguardo che odio in me dardeggiava, mie brame inferociva! Agil qual leopardo t'avvinghiasti all'amante. Ah, in quell'istante t'ho giurata mia! Mia! Sì, t'avrò!... (Si leva, stendendo le braccia verso Tosca; questa, che aveva ascoltato immobile le lascive parole di Scarpia, s'alza di scatto e si rifugia dietro il canapè.) TOSCA (correndo alla finestra) "Ah! Piuttosto giù mi avvento! SCARPIA (freddamente) In pegno il Mario tuo mi resta! TOSCA Ah! miserabile... L'orribil mercato! (Le balena l'idea di recarsi presso la Regina e corre verso la porte.) SCARPIA (ironico) Violenza non ti farò. Sei libera. Va pure, ma è fallace speranza; la Regina |
J'ai attendu cette heure. L'amour de la Diva me consumait déjà. Mais voici que je vous vois ce soir dans un rôle tout nouveau. Vos larmes étaient du feu qui coulait dans mes veines et vos yeux, qui me crient votre haine, augmentent mon désir ! Gracieuse comme un léopard, vous vous accrochiez à votre amant. C'est à ce moment-là que j'ai juré que vous seriez à moi ! À moi ! Oui, vous serez à moi ! (Il se lève et tend les bras vers Tosca. Elle a écouté, immobile, sa déclaration. Maintenant elle se lève et cherche refuge derrière le divan.) TOSCA (courant vers la fenêtre) Ah ! Je sauterai avant ! SCARPIA (froidement) J'ai Mario comme otage ! TOSCA Misérable !... Quel horrible marché ! (Elle songe tout d'un coup à demander le secours de la reine et court vers la porte.) SCARPIA (ironique) Je ne vous retiens pas. Vous êtes libre. Mais votre espoir est vain. La reine |
farebbe grazia ad un cadavere! (Tosca retrocede spaventata e, fissando Scarpia, si lascia cadere sul canapè; poi stacca gli occhi da Scarpia con un gesto di supremo disgusto.) Come tu mi odi! TOSCA Ah! Dio! SCARPIA (avvicinandosi) Cosi, cosi ti voglio! TOSCA (con ribrezzo) Non toccarmi, demonio; t'odio, t'odio, abbietto, vile! (Fugge da Scarpia inorridita.) SCARPIA Che importa? Spasimi d'ira, spasimi d'amore! TOSCA Vile! SCARPIA Mia! (Cerca di afferrarla.) TOSCA Vile! (Si ripara dietro la tavola.) SCARPIA (inseguendola) Mia... |
ne libérerait qu'un cadavre ! (Tosca recule effrayée, dévisageant Scarpia. Elle se laisse tomber sur le divan, puis détourne son regard avec un geste de dégoût.) Comme vous me haïssez ! TOSCA Ah ! Dieu ! SCARPIA (s'approchant) C'est ainsi, c'est ainsi que je vous veux. TOSCA (en frissonnant) Ne me touchez pas, monstre ! Je vous hais ! Vous êtes immonde ! (Elle lui échappe, horrifiée.) SCARPIA Qu'importe ! Les spasmes de la colère ou les spasmes de la passion... TOSCA Misérable ! SCARPIA Vous serez à moi ! (Il tente de la saisir.) TOSCA Scélérat ! (Elle se réfugie derrière la table.) SCARPIA (la poursuivant) À moi ! |
TOSCA Aiuto! Aiuto! (Un lontano rullo di tamburi a poco a poco s'avvicina, poi si dilegua lontano.) SCARPIA Odi? È il tamburo. S'avvia; guida la scorta ultima ai condannati. Il tempo passa! (Tosca, dopo avere ascoltato con ansia terribile, si allontana dalla finestra e si appoggia, estenuata, sul canapè.) Sai quale oscura opra laggiù si compia? Là si drizza un patibolo. Al tuo Mario, per tuo voler, non resta che un'ora di vita. (Freddamente si appoggia ad un angolo della tavola continuando a guardare Tosca.) TOSCA Vissi d'arte, vissi d'amore, non feci mai male ad anima viva! Con man furtiva quante miserie conobbi, aiutai. Sempre con fé sincera, la mia preghiera ai santi tabernacoli sali. Sempre con fé sincera diedi fiori agli altar. Nell'ora del dolore perché, perché, Signore, perché me ne rimuneri cosi? Diedi gioielli della Madonna al manto, |
TOSCA Au secours ! Au secours ! (On entend au loin un roulement de tambour qui se rapproche puis s'éteint.) SCARPIA Vous avez entendu ? Ce sont les tambours, la dernière escorte du condamné. Le temps presse ! (Tosca écoute dans l'angoisse ; elle s'éloigne de la fenêtre et s'appuie au divan.) Savez-vous la sombre mission qui se prépare ? Le peloton s'avance. À cause de vous. Mario, votre Mario, n'a plus qu'une heure à vivre. (Il s'appuie sur un coin du divan et ne quitte pas Tosca du regard.) TOSCA J'ai vécu pour l'art. J'ai vécu pour l'amour, sans faire de mal à âme qui vive ! Furtivement j'ai tenté d'alléger les souffrances que j'ai rencontrées. Mes prières montaient d'un cœur sincère vers le saint Tabernacle. Toujours d'un cœur sincère j'ornais de guirlandes les autels. Dans mon heure d'affliction, pourquoi, pourquoi, ô Seigneur, pourquoi me récompenser ainsi ? J'ai donné mes bijoux pour la cape de la Madone, |
e diedi il canto agli astri, al ciel, che ne ridean più belli. Nell'ora del dolore perché, perché, Signor, perché me ne rimuneri cosi? (inginocchiandosi innanzi a Scarpia) TOSCA Vedi, le man giunte io stendo a te! Ecco, vedi, e mercé d'un tuo detto, vinta, aspetto... SCARPIA Sei troppo bella, Tosca, e troppo amante. Cedo. A misero prezzo; tu, a me una vita, io a te chieggo un'istante! TOSCA (alzandosi, con un senso di gran disprezzo) Va, va, mi fai ribrezzo! Va, va! (Bussano alla porta.) SCARPIA Chi è la? SPOLETTA (entrando trafelato) Eccellenza, l'Angelotti al nostro giungere si uccise. SCARPIA Ebbene, lo si appenda morto alle forche. E l'altro prigionier? |
j'ai donné mes chants aux étoiles pour embellir les cieux. Dans mon heure d'affliction, pourquoi, pourquoi, ô Seigneur, pourquoi me récompenser ainsi ? (Elle s'agenouille devant Scarpia.) TOSCA Regardez-moi. Les mains tendues, je vous implore ! Humiliée, vaincue, j'attends votre aide... SCARPIA Tosca, vous êtes trop belle, trop amoureuse. Je cède. Pour un bien faible prix. Vous demandez une vie. Je demande un instant ! TOSCA (se levant, désespérée) Allez, allez ! Vous me faites frémir ! (On frappe à la porte.) SCARPIA Qui est là ? SPOLETTA (entre, hors d'haleine) Excellence, Angelotti s'est tué à notre arrivée. SCARPIA C'est bon. Alors pendez son cadavre à la potence. Et l'autre prisonnier ? |
SPOLETTA Il Cavalier Cavaradossi? È tutto pronto, Eccellenza! TOSCA (fra sé) Dio m'assisti! SCARPIA (a Spoletta) Aspetta. (a Tosca) Ebbene? (Tosca accenna di sì col capo e, dalla vergogna piangendo, si nasconde il viso. A Spoletta) Odi... TOSCA (interrompendo subito) Ma libero all'istante lo voglio... SCARPIA (a Tosca) Occorre simular. Non posso far grazia aperta. Bisogna che tutti abbian per morto il cavalier. (Accenna a Spoletta.) Quest'uomo fido provvederà. TOSCA Chi m'assicura? SCARPIA L'ordin ch'io gli darò voi qui presente. (a Spoletta) |
SPOLETTA Le chevalier Cavaradossi ? Tout est prêt, Excellence. TOSCA (à part) Dieu ! Ayez pitié de moi ! SCARPIA (à Spoletta) Attends ! (à Tosca) Eh bien ? (Tosca consent d'un signe. Elle pleure de honte, cachant son visage. À Spoletta) Écoute... TOSCA (interrompant) Je veux qu'il soit libéré sur le champ... SCARPIA (à Tosca) Il faut être prudent. Je ne puis le libérer ouvertement. On doit croire que le Chevalier est mort. (montrant Spoletta) Cet homme est sûr. Il veillera à tout. TOSCA Quelle preuve ai-je ? SCARPIA L'ordre que je lui donne devant vous. (à Spoletta) |
Spoletta, chiudi. (Spoletta chiude la porta, poi ritorna presso Scarpia.) Ho mutato d'avviso. Il prigionier sia fucilato... (Tosca scatta atterrita.) Attendi... (Fissa con intenzione Spoletta che accenna replicatamente col capo di indovinare il pensiero di Scarpia.) Come facemmo del Conte Palmieri. SPOLETTA Un'uccisione... SCARPIA (subito con marcata intenzione) ...Simulata! Come avvenne del Palmieri! Hai ben compreso? SPOLETTA Ho ben compreso. SCARPIA Va. TOSCA Voglio avvertirlo io stessa. SCARPIA E sia. (a Spoletta) Le darai passo... Bada, all'ora quar ta. |
Spoletta, ferme la porte. (Spoletta ferme la porte et revient vers Scarpia.) J'ai changé d'avis. Le prisonnier sera fusillé... (Tosca tressaillit d'horreur.) Attendez... (Il fixe Spoletta du regard. Spoletta incline la tête pour indiquer qu'il a compris.) Comme pour le comte Palmieri. SPOLETTA Une exécution... SCARPIA (scandant bien les mots) ... simulée, comme pour Palmieri. Tu as compris ? SPOLETTA J'ai compris. SCARPIA Va ! TOSCA Je voudrais le lui apprendre moi-même. SCARPIA Comme il vous plaira. (à Spoletta) Donnez-lui un sauf-conduit... Attention, à quatre heures. |
SPOLETTA SI. Come Palmieri. (Spoletta parte. Scarpia, ritto presso la porta, ascolta Spoletta allontanarsi, poi trasformando nel viso e nei gesti si avvicina con grande passione a Tosca.) SCARPIA Io tenni la promessa... TOSCA (arrestandolo) Non ancora. Voglio un salvacondotto onde fuggir dallo Stato con lui. SCARPIA (con galanteria) Partir dunque volete? TOSCA SI, per sempre! SCARPIA Si adempia il voler vostro. (Va allo scrittoio; si mette a scrivere, interrompendosi per domandare a Tosca:) E qual via scegliete? TOSCA La più breve! SCARPIA Civitavecchia? |
SPOLETTA Oui. Comme pour Palmieri. (Spoletta sort. Scarpia, près de la porte, écoute un moment puis changeant d'attitude, il s'approche de Tosca, très amoureusement.) SCARPIA Je tiens mes promesses. TOSCA (le repoussant) Pas encore. Je veux un sauf-conduit pour passer la frontière avec lui. SCARPIA (galant) Vous voulez nous quitter ? TOSCA Oui, pour toujours. SCARPIA Comme il vous plaira. (Il va à sa table de travail, commence à écrire, puis s'arrête pour demander :) Quelle route prendrez-vous ? TOSCA La plus courte. SCARPIA Civitavecchia ? |
TOSCA Sì. (Mentre Scarpia scrive, Tosca si è avvicinata alla tavola e con la mano tremante prende il bicchiere di vino versato da Scarpia; ma nel portare il bicchiere alle labbra scorge sulla tavola un coltello affilato ed a punta; dà un 'occhiata a Scarpia che è in quel momento occupato a scrivere, e con infinite precauzioni cerca d'impossessarsi del coltello, rispondendo alle domande di Scarpia che essa sorveglia attentamente. Finalmente ha potuto prendere il coltello, che dissimula dietro di sé appoggiandosi alla tavola e sempre sorvegliando Scarpia. Questi ha finito di scrivere il salvacondotto, vi mette il sigillo, ripiega il foglio; quindi, aprendo le braccia, si avvicina a Tosca per avvincerla a sé.) SCARPIA Tosca, finalmente mia! (Ma l'accento voluttuoso si cambia in un grido terribile - Tosca lo ha colpito in pieno petto.) Maledetta! TOSCA Questo è il bacio di Tosca! (Scarpia stende il braccio verso Tosca avvicinandosi barcollante in atto di aiuto. Tosca lo sfugge ma ad un tratto si trova presa fra Scarpia e la tavola e, vedendo che sta per essere toccata da lui, lo respinge inorridita. Scarpia cade, urlando colla voce soffocata dal sangue:) SCARPIA Aiuto... muoio! Soccorso! Muoio! |
TOSCA Oui. (Tandis que Scarpia écrit, Tosca s'approche de la table et prend un verre de vin dans ses mains tremblantes. Au moment de boire, elle aperçoit un poignard sur la table. Elle s'assure que Scarpia écrit toujours et, avec infiniment de précautions, elle prend le poignard tout en répondant à ses questions. Enfin Tosca s'empare du poignard et le dissimule derrière son dos, surveillant toujours Scarpia. Il a maintenant rédigé le sauf-conduit. Il appose son cachet et plie le papier. Puis, tendant les bras, il s'approche de Tosca pour l'enlacer.) SCARPIA Et maintenant, Tosca, vous êtes mienne, enfin. (Mais ses accents amoureux s'achèvent dans un cri de douleur. Tosca l'a frappé en pleine poitrine.) Malédiction !... TOSCA C'est là le baiser de Tosca ! (Scarpia tend les bras vers Tosca, vacille, cherchant un soutien. Tosca l'évite, mais elle se trouve entre lui et la table. Craignant qu'il ne la touche, elle le repousse violemment, horrifiée. Scarpia s'écroule sur le sol, son cri assourdi par le sang qui lui monte à la gorge.) SCARPIA Au secours ! Je meurs ! Au secours ! |
TOSCA (fissando Scarpia che si dibatte inutilmente e cerca di rialzarsi, aggrappandosi al canapè) Ti soffoca il sangue? E ucciso da una donna! M'hai assai torturata? Odi tu ancora? Parla! Guardami! Son Tosca! O Scarpia! SCARPIA (fa un ultimo sforzo, poi cade riverso.) Soccorso! Aiuto! TOSCA (chinandosi verso Scarpia) Ti soffoca il sangue? Muori dannato! Muori! Muori! Muori! (vedendolo immobile) È morto! Or gli perdono! E avanti a lui tremava tutta Roma! (Senza abbandonare cogli occhi il cadavere, Tosca va alla tavola, vi depone il coltello, prende una bottiglia d'acqua, inzuppa il tovagliolo e si lava le dita; poi va allo specchio e si ravvia i capelli. Quindi cerca il salvacondotto sullo scrittoio; non trovandolo, si volge e lo scorge nella mano raggrinzata del morto; ne toglie il foglio con un brivido e lo nasconde nel petto. Spegne il candelabro sulla tavola e va per uscire, ma si pente e vedendo accesa una della candele sullo scrittoio, va a prenderla, accende l'altra, e mette una candela a destra e l'altra a sinistra della testa di Scarpia. Alzandosi, cerca di nuovo intorno e scorgendo un crocifisso va a staccarlo dalla parete |
TOSCA (regardant Scarpia qui lutte désespérément, s'accrochant au divan pour tenter de se mettre debout) Le sang vous étouffe ? Une femme vous a frappé ! M'avez-vous assez torturée ? M'entendez-vous encore ? Parlez ! Regardez-moi. Je suis Tosca. Scarpia ! SCARPIA (après un dernier effort, s'écroule) Au secours ! Au secours ! TOSCA (penchée sur lui) Le sang vous étouffe ? Meurs, maudit ! Meurs ! Meurs ! Meurs ! (le voyant immobile) Il est mort. Maintenant je lui pardonne ! Tout Rome tremblait devant lui ! (Sans quitter le cadavre des yeux, Tosca s'approche de la table, dépose le poignard, prend une bouteille d'eau, humecte une serviette et s'essuie les doigts. Puis elle s'approche du miroir pour remettre de l'ordre dans sa coiffure. Elle jette un regard sur le bureau cherchant le sauf-conduit - qu'elle ne trouve pas. Elle se retourne et l'aperçoit dans la main crispée du mort ; tremblante, elle le lui arrache et le cache sur sa poitrine. Elle éteint les lumières sur la table et se dispose à sortir. Mais elle s'arrête, prend une bougie sur le bureau pour en allumer une autre, et les met sur le sol de chaque côté du cadavre. Elle regarde autour d'elle et voit un crucifix pendu au mur. Elle le décroche |
e portandolo religiosamente s'inginocchia per posarlo sul petto di Scarpia; poi si alza e con grande precauzione esce, richiudendo dietro a sé la porta.) |
respectueusement et le place sur la poitrine de Scarpia. Enfin elle se lève, et sort, fermant doucement la porte derrière elle.) |
La piattaforma di Castel Sant'Angelo (A sinistra una casamatta; vi è collocata una lampada, un grosso registro e l'occorrente per scrivere; una panca, una sedia. Su di una parte della casamatta, un crocifisso ; davanti a questo è appesa una lampada. A destra, l'apertura d'una piccola scala per la quale si ascende alla piattaforma. Nel fondo il Vaticano e San Pietro. È ancora notte; a poco a poco si vede la luce incerta e grigia che precede l'alba. Le campane delle chiese suonano mattutino. Si ode la voce d'un pastore che guida un armento.) (Orchestra) VOCE DEL PASTORE Io de' sospiri. Ve ne rimanno tanti pe' quante foje ne smoveno li venti. Tu me disprezzi. Me ciaccoro. Lampena d'oro, me fai morir. (Orchestra) Un carceriere con una lanterna sale dalla scala, va alla casamatta e vi accende una lampada sospesa davanti al crocifisso, poi quella sulla tavola; siede |
La terrasse du château Saint-Ange (À gauche une casemate dans laquelle il y a une lampe, un gros registre avec du matériel pour écrire, un banc et une chaise. Au mur, un crucifix. À droite, la porte cachant un petit escalier conduisant à la terrasse. Au loin, le Vatican et la Basilique de Saint Pierre se dessinent. Il fait encore nuit, mais petit à petit une lueur grise, incertaine, annonce le jour. On entend des cloches d'église sonnant les matines, et la voix d'un berger qui passe avec son troupeau.) (Orchestre) LA VOIX DU BERGER Je t'envoie mes soupirs, ils sont aussi nombreux que les feuilles balayées par le vent. Tu peux me mépriser, mon cœur est brisé, ô lampe d'or, je meurs pour toi. (Orchestre) (Un geôlier portant une lanterne monte par l'escalier et entre dans la casemate. Il allume une veilleuse près du crucifix, puis la lampe qui est sur |
ed aspetta mezzo assonnato. Più tardi un picchetto, comandato da un sergente della guardia, sale sulla piattaforma accompagnando Cavaradossi; il picchetto si arresta ed il sergente conduce Cavaradossi alla casamatta, consegnando un foglio al carceriere che esamina il foglio, apre il registro e vi scrive mentre interroga.) (Orchestra) CARCERIERE Mario Cavaradossi? (Cavaradossi china il capo, assentendo. Il carceriere porge la penna al sergente.) A voi. (a Cavaradossi) Vi resta un'ora; un sacerdote i vostri cenni attende. CAVARADOSSI No, ma un'ultima grazia io vi richiedo. CARCERIERE Se posso... CAVARADOSSI Io lascio al mondo una persona cara. Consentite ch'io le scriva un sol motto. (togliendo dal dito un anello) Unico resto di mia ricchezza è questo anel. Se promettete di consegnarle Il mio ultimo addio, esso è vostro. |
la table. Il s'assied et attend, somnolant. Un détachement de soldats, un sergent en tête, émerge de l'escalier avec Cavaradossi. Le détachement s'arrête, le sergent conduisant Cavaradossi à la casemate. Il tend un papier au geôlier qui examine le document, ouvre le registre et écrit, tout en interrogeant le prisonnier.) (Orchestre) LE GEÔLIER Mario Cavaradossi ? (Cavaradossi incline la tête. Le geôlier passe la plume au sergent.) Pour vous... (à Cavaradossi) Vous avez encore une heure. Un prêtre est à votre disposition. CAVARADOSSI Merci, mais j'ai une dernière faveur à vous demander. LE GEÔLIER Si je puis... CAVARADOSSI Je laisse après moi un être qui m'est cher. Puis-je lui écrire quelques lignes ? (retirant sa bague) Cette bague, c'est tout ce qui me reste. Si vous me promettez de lui transmettre mon dernier adieu, ce bijou est à vous. |
CARCERIERE (tituba un poco, poi accetta e facendo cenno a Cavaradossi di sedere alla tavola, va a sedere sulla panca) Scrivete. CAVARADOSSI (si mette a scrivere, ma dopo tracciate alcune linee è invaso dalle rimembranze) E lucevan le stelle ed olezzava la terra, stridea l'uscio dell'orto, e un passo sfiorava la rena... Entrava ella, fragrante, mi cadea fra le braccia... Oh, dolci baci, o languide carezze, mentr'io fremente le belle forme disciogliea dai veli! Svanì per sempre il sogno mio d'amore... L'ora è fuggita... E muoio disperato! E non ho amato mai tanto la vita! (Scoppia in singhiozzi. Dalla scala viene Spoletta accompagnato dal sergente e seguito da Tosca. Spoletta accenna a Tosca ove trovasi Cavaradossi, poi chiama a sé il carceriere; con questi e col sergente ridiscende, non senza prima avere dato ad una sentinella, che sta in fondo, l'ordine di sorvegliare il prigioniero. Tosca vede Cavaradossi piangente, colla testa fra le mani; gli si avvicina e gli solleva la testa. Cavaradossi balza in piedi sorpreso. Tosca gli presenta convulsa un foglio, non potendo parlare per l'emozione.) |
LE GEÔLIER (hésite un instant puis accepte la bague et fait signe à Cavaradossi de s'asseoir à la table. Il s'assied sur le banc) Écrivez. CAVARADOSSI (commence à écrire, mais brusquement il est assailli par ses souvenirs) Les étoiles brillaient, la terre embaumait. La porte du jardin grinça et des pas firent craquer le gravier de l'allée... Elle entrait, toute fraîcheur, et se jetait dans mes bras... Ah ! ses doux baisers, ses tendres caresses, et je tremblais tandis qu'elle me révélait toute sa beauté. À jamais enfui mon rêve d'amour... L'heure s'achève... je meurs désespéré. Et jamais je n'ai tant aimé la vie ! (Il éclate en sanglots. Spoletta paraît en haut de l'escalier, accompagné du sergent et suivi de Tosca. Il montre Cavaradossi du doigt et fait signe au geôlier d'approcher. Il donne des ordres aux gardes de surveiller le prisonnier de près, puis il part avec le sergent et le geôlier. Tosca voit Mario qui pleure, la tête dans les mains. Elle lui soulève la tête et il sursaute, étonné. Tosca, trop émue pour parler, lui met un papier dans la main.) |
(Orchestra) CAVARADOSSI (leggendo) Ah! Franchigia a Floria Tosca... ... e al cavalier che l'accompagna. TOSCA (leggendo insieme a lui con voce affannosa e convulsa) ... e al cavalier che l'accompagna. (a Cavaradossi con un grido d'esultanza) Sei libero! CAVARADOSSI (guarda il foglio; ne vede la firma) Scarpia!... Scarpia che cede? La prima sua grazia è questa... TOSCA E l'ultima! CAVARADOSSI Che dici? TOSCA Il tuo sangue o il mio amore volea. Fur vani scongiuri e pianti. Invan, pazza d'orror, alla Madonna mi volsi e ai Santi... |
(Orchestre) CAVARADOSSI (lisant) Ah ! Un laissez-passer pour Floria Tosca... ... et le Chevalier qui l'accompagne. TOSCA (lisant avec lui, la voix tremblante) ... et le Chevalier qui l'accompagne. (à Cavaradossi avec un cri de joie) Tu es libre ! CAVARADOSSI (regardant le laissez-passer de plus près, il voit la signature) Scarpia ! Scarpia a consenti ? C'est son premier geste d'humanité... TOSCA Et le dernier. CAVARADOSSI Que veux-tu dire ? TOSCA Il voulait ou ton sang ou mon amour : les supplications et les larmes étaient inutiles. Folle d'horreur, j'ai supplié en vain la Madone et les Saints. |
l'empio mostro dicea: già nei cieli il patibol le braccia leva! Rullavano i tamburi... Rideva, l'empio mostro, rideva, già la sua preda pronto a ghermir! "Sei mia?" SI. Alla sua brama mi promisi. LI presso luccicava una lama... Ei scrisse il foglio liberator, venne all'orrendo amplesso... Io quella lama gli piantai nel cor. CAVARADOSSI Tu, di tua man l'uccidesti? Tu pia, tu benigna, e per me! TOSCA N'ebbi le man tutte lorde di sangue! CAVARADOSSI (prendendo amorosamente fra le sue le mani di Tosca) O dolci mani mansuete e pure, o mani elette a bell'opre pietose, a carezzar fanciulli, a coglier rose, a pregar, giunte, per le sventure, dunque in voi, fatte dall'amor secure, giustizia le sue sacre armi depose? Voi deste morte, o mani vittoriose, o dolci mani mansuete e pure! |
Le misérable disait que déjà le peloton était prêt. On entendait déjà les tambours et il riait. Le monstre riait, prêt à se jeter sur sa proie ! « Vous êtes à moi !» Oui, je me suis promise à lui. Puis j'ai vu briller la lame du poignard pendant qu'il rédigeait l'ordre libérateur. Puis il est venu chercher mes caresses... Et je lui ai planté la lame dans le cœur. CAVARADOSSI Toi, de tes propres mains, tu l'as tué ? Toi, compatissante et bonne, tu as fait cela pour moi ? TOSCA Mes mains étaient rouges de son sang. CAVARADOSSI (prenant amoureusement les mains de Tosca dans les siennes) Ô douces mains, douces et pures, ô mains destinées à de nobles travaux, faites pour caresser les enfants et cueillir les roses, jointes en prières pour les condamnés... En vous, préservées par l'amour, la justice a placé son arme sacrée, vous avez donné la mort, ô mains victorieuses, ô douces mains, douces et pures ! |
TOSCA (svincolando le mani) Senti, l'ora è vicina. Io già raccolsi oro e gioielli, una vettura è pronta... Ma prima...ridi, amor...prima sarai fucilato... per finta, ad armi scariche. Simulato supplizio. Al colpo, cadi; i soldati sen vanno, e noi siam salvi! Poscia a Civitavecchia, una tartana, e via per mar! CAVARADOSSI Liberi! TOSCA Liberi! CAVARADOSSI Via pel mar! TOSCA Chi si duole in terra più? Senti effluvi di rose? Non ti par che le cose aspettan tutte innamorate il sole? CAVARADOSSI (con la più tenera commozione) Amaro sol per te m'era il morire, da te la vita prende ogni splendore, all'esser mio la gioia ed il desire |
TOSCA (retirant doucement ses mains) Écoute ! L'heure approche. J'ai déjà pris l'argent et les bijoux. Une voiture nous attend... Mais d'abord... Ris, mon amour... d'abord tu vas être fusillé, pour la forme, avec des armes chargées à blanc... une punition simulée. Au coup de feu, tu tomberas ; les soldats se retireront, et nous serons sauvés ! Nous irons à Civitavecchia où un bateau nous attend. Nous prendrons la mer ! CAVARADOSSI Libres ! TOSCA Libres ! CAVARADOSSI Nous prendrons la mer ! TOSCA Plus de douleur sur la terre, ne sens-tu pas déjà le parfum des roses ? Ne te semble-t-il pas que les choses attendent, enamourées, le soleil ? CAVARADOSSI (tendrement) La mort ne m'était cruelle qu'en pensant à toi ; la vie prend toute sa valeur par toi ; ma joie et mon désir viennent de toi, |
nascon di te, come di fiamma ardore. Io folgorare i cieli e scolorire vedrò nell'occhio tuo rivelatore, e la beltà delle cose più mire avrà sol da te voce e colore. TOSCA Amor che seppe a te vita serbare ci sarà guida in terra, e in mar nocchiere, e vago farà il mondo riguardare, finché congiunti alle celesti sfere dileguerem, siccome alte sul mare al sol cadente, nuvole leggere! (Rimangono commossi, silenziosi; poi Tosca, chiamata dalla realtà delle cose, si guarda attorno, inquieta.) E non giungono... (Si volge a Cavaradossi con premurosa tenerezza.) Bada! Al colpo egli è mestiere che tu subito cada... CAVARADOSSI (la rassicura) Non temere che cadrò sul momento, e al naturale. TOSCA (insistente) Ma stammi attento di non farti male! Con scenica scienza io saprei la movenza. CAVARADOSSI (la interrompe, attirandola a sé) Parlami ancor come dianzi parlavi, è cosi dolce il suon della tua voce! |
comme une flamme brûlante. Je verrai maintenant à travers tes yeux transfigurés les cieux briller et les aubes pâlir ; et la beauté de toutes choses empruntera à toi seule sa voix et sa couleur. TOSCA L'amour qui t'a sauvé nous guidera sur terre, nous conduira sur mer, il estompera le monde à nos regards jusqu'à ce qu'unis dans les sphères célestes nous nous dissolvions au-dessus des flots au soleil couchant, dans un nuage léger. (Ils demeurent émus, silencieux. Puis Tosca, se rappelant la réalité, regarde autour d'elle, inquiète.) Et ils ne viennent pas... (se tournant vers Cavaradossi avec tendresse) Souviens-toi ! En entendant le coup de feu tu t'écrouleras aussitôt... CAVARADOSSI (la rassurant) Ne crains rien. Je tomberai à l'instant précis et avec naturel. TOSCA (insistant) Mais fais attention de ne pas te blesser. J'ai l'expérience de la scène, moi je saurais comment m'y prendre. CAVARADOSSI (l'interrompant et l'attirant à lui) Parle, parle encore, le son de ta voix est doux. |
TOSCA (si abbandona, quasi estasiata) Uniti ed esulanti diffonderan pel mondo i nostri amori, armonie di colori... TOSCA e CAVARADOSSI Armonie di canti diffonderem! (con grande entusiasmo) Trionfal di nova speme l'anima freme in celestial crescente ardor. Ed in armonico vol già l'anima va all'estasi d'amor. TOSCA Gli occhi ti chiuderò con mille baci e mille ti dirò nomi d'amor. (Frattanto dalla scaletta è salito un drappello di soldati; lo comanda un ufficiale, il quale schiera i soldati nel fondo; seguono Spoletta, il sergente, il carceriere. Spoletta dà le necessarie istruzioni. Il cielo si fa più luminoso; è l'alba; suonano le 4. Il carceriere si avvicina a Cavaradossi e togliendosi il berretto gli indica l'ufficiale.) CARCERIERE L'ora! |
TOSCA (s'abandonnant, extasiée) Ensemble exilés, nous répandrons notre amour sur le monde en d'harmonieuses couleurs... TOSCA et CAVARADOSSI En d'harmonieuses chansons ! (avec extase) Triomphant, l'âme tremble d'espoirs nouveaux en ardeurs célestes grandissantes. Et dans une envolée harmonieuse, l'âme s'élève jusqu'à l'extase de l'amour. TOSCA Je fermerai tes yeux avec un millier de baisers et te donnerai mille noms d'amour. (Pendant ce temps un détachement de soldats entre. Leur chef les fait ranger au fond. Spoletta, le sergent et le geôlier entrent alors, Spoletta donnant des ordres. Le ciel s'éclaircit ; l'aube s'annonce ; quatre heures sonnent. Le geôlier avance vers Cavaradossi, enlève son calot et fait un signe à l'officier.) LE GEÔLIER C'est l'heure ! |
CAVARADOSSI Son pronto. (Il carceriere prende il registro dei condannati e parte dalla scaletta.) TOSCA (a Cavaradossi, con voce bassissima e ridendo di soppiatto) Tieni a mente: al primo colpo, giù... CAVARADOSSI (sottovoce, ridendo esso pure) Giù. TOSCA Né rialzarti innanzi ch'io ti chiami. CAVARADOSSI No, amore! TOSCA E cadi bene. CAVARADOSSI Come la Tosca in teatro. TOSCA Non ridere... CAVARADOSSI Cosi? |
CAVARADOSSI Je suis prêt. (Le geôlier prend le registre et disparaît.) TOSCA (à voix basse et riant sous cape) Souviens-toi : à la première décharge, tu tombes... CAVARADOSSI (également à voix basse, lui aussi riant) Je tombe. TOSCA Et ne te lève pas avant que je t'appelle. CAVARADOSSI Non, mon amour ! TOSCA Et fais attention en tombant. CAVARADOSSI Comme Tosca sur la scène. TOSCA Ne ris pas. CAVARADOSSI Comme cela ! |
TOSCA Cosi. (Cavaradossi segue l'ufficiale dopo aver salutato Tosca, la quale si colloca a sinistra nella casamatta, in modo però di poter spiare quanto succede sulla piattaforma. Essa vede l'ufficiale ed il sergente che conducono Cavaradossi presso il muro di faccia a lei; il sergente vuol porre la benda agli occhi di Cavaradossi; questi, sorridendo, rifiuta. Tali lugubri preparativi stancano la pazienza di Tosca.) TOSCA Com'è lunga l'attesa! Perché indugiano ancor? Già sorge il sole; perché indugiano ancora? È una commedia, lo so, ma questa angoscia eterna pare. (L'ufficiale e il sergente dispongono il plotone dei soldati, impartendo gli ordini relativi.) Ecco! Apprestano l'armi! Com'è bello il mio Mario! (L'ufficiale abbassa la sciabola, i soldati sparano e Cavaradossi cade.) Là! Muori! Ecco un artista! (Il sergente si avvicina al caduto e lo osserva attentamente. Spoletta pure si è avvicinato per impedire al Sergente di dare il colpo di grazia; quindi copre Cavaradossi con un mantello. L'ufficiale allinea i soldati, il sergente ritira la sentinella che sta in fondo, poi tutti, preceduti da Spoletta, scendono la scala. Tosca è agitatissima; essa sorveglia questi movimenti temendo che Cavaradossi, per impazienza, si muovi o parli prima del momento opportuno; dice a voce repressa |
TOSCA Comme cela ? (Cavaradossi suit l'officier après avoir dit adieu à Tosca qui se dirige à droite de la casemate de manière à voir ce qui va se passer. Elle suit des yeux l'officier et les soldats qui placent Cavaradossi le dos au mur qui lui fait face ; le sergent veut bander les yeux du condamné mais Cavaradossi refuse en souriant. Ces formalités énervent Tosca.) TOSCA Quelle attente ! Pourquoi ce retard ? Le soleil est déjà haut. Pourquoi cette attente ? Ce n'est qu'une mise en scène, je le sais, mais cette angoisse dure... dure... (L'officier et le sergent placent le peloton et donnent leurs dernières instructions.) Maintenant ils visent ! Comme mon Mario a fière allure ! (L'officier abaisse son sabre et les soldats tirent. Mario tombe.) Voilà ! Il est mort ! Quel artiste ! (Le sergent s'approche pour examiner le corps. Spoletta s'approche, l'empêchant de donner le coup de grâce. Il recouvre le corps d'un manteau. L'officier aligne ses hommes, le sergent appelle la sentinelle, puis tous, précédés de Spoletta, descendent l'escalier. Tosca regarde toute la scène fiévreusement, craignant que Cavaradossi ne perde patience et ne parle ou ne bouge trop tôt. Elle lui parle doucement :) |
verso Cavaradossi:) O Mario, non ti muovere... S'avviano, taci! Vanno, scendono. (Vista deserta la piattaforma, va ad ascoltare presso l'imbocco della scaletta; vi si arresta trepidante, affannosa, parendole che i soldati ritornino. Di nuovo si volge a Cavaradossi con voce bassa.) Ancora non ti muovere... (Ascolta; si sono tutti allontanati. Corre verso Cavaradossi.) Presto! Su, Mario! Mario! Su! Presto! Andiam! Su! Su! (Si inginocchia, toglie rapidamente il mantello e balza in piedi livida, atterrita.) Mario! Mario! Morto! Morto! (Singhiozzando si butta sul corpo di Cavaradossi.) O Mario, morto? Tu? Cosi? Finire cosi? Cosi! ecc. (Intanto dal cortile al disotto del parapetto e su dalla piccola scala arrivano prima confuse poi sempre più vicine le voci di Sciarrone, di Spoletta e di alcuni soldati.) VOCI CONFUSE Scarpia? Pugnalato! SCIARRONE Vi dico, pugnalato! VOCI CONFUSE La donna è Tosca! Che non sfugga! Attenti agli sbocchi delle scale! (Spoletta appare dalla scala, mentre Sciarrone, dietro a lui, gli grida, additando Tosca.) |
Ne bouge pas, Mario... Ils s'en vont. Ne bouge pas. Ils partent... (Voyant la plate-forme déserte, Tosca va écouter en haut de l'escalier. Elle craint que les soldats ne reviennent et murmure à Cavaradossi des conseils de patience.) Pas encore. Ne bouge pas... (Elle écoute ; ils sont partis. Elle court vers Cavaradossi.) Vite, lève-toi ! Mario ! Lève-toi! Vite ! Lève-toi ! (Elle s'agenouille, rejette le manteau et bondit sur ses pieds, livide et affolée.) Mario ! Mario ! Mort ! Mort ! (Elle tombe sur le corps en sanglotant :) Ô Mario ! Mort ! Comment ! Mourir ainsi ? etc. (De la cour au-dessous du parapet et du petit escalier montent des voix confuses d'où elle distingue bientôt celles de Sciarrone, Spoletta et des soldats. Ils s'approchent.) VOIX CONFUSES Scarpia poignardé ? SCIARRONE Je vous dis, poignardé! VOIX CONFUSES C'est Tosca ! Ne la laissez pas échapper ! Faites attention à l'escalier! (Spoletta paraît sur l'escalier, tandis que Sciarrone, derrière lui, montre Tosca du doigt.) |
SCIARRONE È lei! SPOLETTA (gettandosi su Tosca) Ah, Tosca, pagherai ben cara la sua vita! (Tosca balza in piedi e respinge Spoletta violentemente, rispondendogli:) TOSCA Colla mia! (All'urto inaspettato Spoletta dà addietro, e Tosca rapida gli sfugge, e, correndo al parapetto, si getta nel vuoto gridando:) O Scarpia, avanti a Dio! (Sciarrone ed alcuni soldati, saliti confusamente, corrono al parapetto e guardano giù. Spoletta rimane esterrefatto, allibito.) Fine dell'opera |
SCIARRONE La voilà ! SPOLETTA (se rapprochant de Tosca) Ah ! Tosca, vous allez payer cher sa mort. (Tosca se relève, repousse violemment Spoletta, s'écriant :) TOSCA Payer de ma vie ! (Le choc immobilise un instant Spoletta. Tosca s'échappe et court vers le parapet. Elle saute dessus et plonge dans le vide, en criant :) Ô Scarpia, devant Dieu ! (Sciarrone et les soldats en désordre se précipitent au bord du parapet et regardent en bas. Spoletta demeure pétrifié.) Fin de l'opéra |
libretto by Luigi Illica, Giuseppe Giacosa |